Pour que la justice transitionnelle puisse être effective, l’implication de la jeunesse est d’une importance capitale selon différents interlocuteurs avec lesquels nous nous sommes entretenus dans les provinces de Gitega et Ngozi. Leur contribution est incontournable dans le processus de réconciliation.
Après les tragédies qu’a traversées notre pays, les Burundais ont entamé le processus de réconciliation. Il a été démontré que ce processus ne prenait pas en compte les avis des jeunes Burundais. L’Eglise catholique est l’une des institutions burundaises qui prend en compte la dimension jeune dans le processus de réconciliation.
Selon Mgr. Simon Ntamwana, archevêque du diocèse de Gitega, l’Eglise catholique organise des fora depuis 1994 où elle explique le processus de réconciliation entre les jeunes, et leurs parents et cela dans toutes les provinces. Pour que les jeunes puissent contribuer au processus de réconciliation, Mgr Ntamwana a dit que ces moments ont été l’occasion de rencontre des jeunes de tout le pays avec leurs représentants sur la même cause.
Ces fora ont été mis en place par le pape J. Paul II où il a demandé à la jeunesse de s’incliner devant la croix et de confier leurs soucis à Jésus, ceux qui ont péché devront demander pardon, à qui on a péché, au pécheur lui-même, mais aussi à Dieu qui nous rappelle de toujours démontrer son amour. Selon toujours notre interlocuteur, depuis le début de ce forum, la jeunesse a pu constater qu’il est difficile de faire face au chômage.
Mgr Ntamwana a annoncé que les enseignements commençaient toujours par la révélation du passé. Pour les jeunes scolarisés, l’Eglise a prévu un encadreur pour chaque école, c’est dans ce qu’ils ont appelé « Paroisse-école » (Paruwasi-shule). Ces encadreurs les enseignent sur la réconciliation pour éviter que ces événements se reproduisent dans le futur.
Les jeunes mal informés
Les jeunes du site Ruhororo dans la province de Ngozi avec qui nous nous sommes entretenus nous ont informés qu’ils ont de bonnes relations entre eux et entre ceux qui sont restés sur les collines.
Léon Hitimana , un jeune de 27ans, ne sait pas exactement ce qui s’est passé pour qu’il se retrouve dans cet endroit. Mais il nous a dit que ses amis plus grands que lui en parlent vaguement quelques fois. Cela crée des frustrations dans la jeunesse car ceux qui racontent ce qui s’est passé le transmet comme ils l’ont aussi reçu.
Le fait que la jeunesse ne connaisse pas l’histoire influence le phénomène de réconciliation car, ils ne peuvent pas participer par manque d’informations suffisantes.
Patrice Manirakiza, un déplacé qui vit dans le site Ruhororo et qui a vécu les éléments traumatisants de 1993 nous a confirmé que la transmission du passé pour lui est comme tabou. Pour lui, pour ne pas infliger une blessure à leurs enfants, il préfère garder les faits tragiques pour lui.
Pour le porte-parole du Conseil national de la jeunesse, Samson Ndihokubwayo, la jeunesse doit être informée sur l’histoire du Burundi pour partir sur les bases solides de la réconciliation. Il a suggéré que les jeunes s’assoient avec les adultes pour qu’on leur raconte ce qui s’est passé dans les moindres détails. La connaissance de la vérité sur le passé aidera les jeunes à préparer le futur surtout dans la sensibilisation des autres jeunes à s’atteler aux travaux de développement.
Aline Nshimirimana