Comment parler de développement des medias sans parler de langues. Un outil qui nous aide à la communication et qui devient , par conséquent, un atout pour une bonne transmission du message. La langue, importante dans divers domaines de la vie en société, s’est avérée être un outil indispensable pour contribuer au développement des médias. L’évolution de ces derniers doit ainsi s’accompagner d’une connaissance des langues tout en tenant compte du public cible. Gélase Nimbona docteur en linguistique et professeur à l’université du Burundi, et Nathan Ntahondi, expert en Technologie de l’information et de la comminucation (TIC), nous relatent les faits.
On abordera la question du développement des medias face aux défis linguistiques en nous basant sur deux facteurs. Ce sont le public cible et la langue utilisée pour véhiculer le message à transmettre. Dr Gélase Nimbona, doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines , à l’Université du Burundi, nous fait le point.
La presse écrite et la radio sont deux entités différentes, fait observer M. Nimbona. Et poursuivre que , dans leurs productions et au niveau du public cible, ces deux médias se forgent chacun ses objectifs. Vu que certains de ces médias encouragent et suivent les actions gouvernementales, d’autres pointent du doigt ce qui ne va pas ; selon que le public cible préfère tel ou tel médium, sans oublier que beaucoup de Burundais ne lisent que très peu. Ainsi, certaines informations ne sont pas très connues quand elles passent par les journaux, le public préférant la radio.
En plus, rencherit M. Nimbona , il faut rappeler que les journaux écrivant en langue nationale sont limités. Cela ayant été appuyé par les médias en ligne, l’on constate petit a petit une tendance de communication en ligne qui insère parfois la langue nationale. Mais cela se faisant dans les cas où les discussions sont locales et limitées en espace. Le constat est que les informations les plus sensibles ou les messages clés seront livrés dans une langue étrangère, en français ou en anglais. Le message véhiculé est ainsi dirigé à l’endroit des Burundais vivant à l’étranger ou encore aux étrangers vivant au Burundi. Il est donc difficile de savoir dans quelle langue le Burundais s’identifie le plus.
Les jeunes burundais doivent être en mesure de communiquer avec les autres
Pour participer à la société du savoir, quelle est la langue que l’on pourrait dire la plus adéquate ? Quelle est donc cette langue qui nous aiderait à nous adapter à cette société du savoir ? C’est de là que naît donc les défis linguistiques dans divers domaines dont le journalisme. C’est le cas qui s’observe aussi dans les différentes réunions qui nous rassemblent avec les étrangers, membres des organisations dans lesquelles le Burundi est membre. Il faut savoir que le journalisme est universel. Les Burundais ne sont pas à l’écart de la concurrence et de la compétition. D’où la nécessité qu’ils soient bien outillés pour qu’ils puissent être au même niveau que les autres.
Certes, le kirundi est une langue parlée par tous les Burundais, mais il ne dépasse pas les frontières. Il faut signaler que certaines régions de la communauté Est africaine utilise le kirundi, mais cela ne décrit pas le kirundi comme une langue internationale. Les localités frontalières avec le Burundi parlent une langue proche du kirundi et qui facilite aux Burundais de communiquer. Mais, il n’est pas à être inséré dans les langues internationales car, ce dernier ne peut pas se tailler une place au sein de la communauté internationale. Les défis sont donc liés au fait que les Burundais ont besoin d’une autre langue pour communiquer avec les autres. A quelle langue le Burundais doit-il s’identifier ? Notre source nous indique que l’interaction avec les autres langues crée une instabilité face aux langues à utiliser dans diverses productions.
Quitter les généralités, se spécialiser dans des domaines spécifiques
Quant aux productions médiatiques, le Dr Gélase Nimbona propose que les Burundais fassent des études dans différentes langues, mais qu’ils le fassent bien. Le Burundi est connu comme étant un pays francophone. Ce qui lui ouvre des horizons quant à la communication avec les autres. En donnant des exemples des étudiants sortant de la faculté dont il assure la responsabilité, M. Nimbona indique que le problème réside dans le système éducatif. Il rappelle qu’à part le kirundi, les Burundais nés au Burundi apprennent les langues étrangères à l’école, que ce soit le français ou l’anglais. Dans les années 2000, les Burundais qui pouvaient capter le message à la RTNB en d’autres langues s’évaluaient à 4,4%. Aujourd’hui, on découvre que le monde journalistique a été affecté au niveau de la langue. Certains journalistes produisent des articles ou lisent des informations dans des langues étrangères mal structurées. Sans oublier que même la langue nationale est en train d’être affectée. Il s’est avéré que cela dépend du niveau d’éducation consacré aux cours de langues dans les écoles dès la base.
Afin de pallier ces défis linguistiques, notre interlocuteur propose des solutions. C’est d’abord reconnaître le problème que ces défis existent. Il faut, par la suite, détecter les causes. Que les enseignants arrêtent de mélanger les langues quand ils enseignent. Si le cours est dispensé en français, que viendrait faire le Kirundi dans ce cours ? Cela est un défi à relever pour les enfants burundais. Notre source indique que le système éducatif devrait être revu. Les langues enseignées à l’école fondamentale et post-fondamentale tendent à régresser au fur et à mesure que l’on monte de niveau. Si les langues d’enseignement sont le français en 5e, comment diminuer ces séances au niveau de la 9e ? Cela est de même pour la langue anglaise. Qu’en est-il des enseignants en train d’être formés et qui iront dispenser le cours d’Anglais ? Il indique qu’a cela doit s’ajouter la qualité des enseignants afin que les jeunes grandissent avec un niveau satisfaisant en langues. Que chaque universitaire sorte avec une spécialisation en tel ou tel domaine. Que les départements soient mieux structurés afin que l’étudiant sorte ayant un domaine qu’il peut défendre.
« Raffiner l’écriture dans les langues proposées sur le marché des affaires »
Dans ses propos, le directeur général des publications de presse burundaise et expert en technologies de l’information et de la communication, Nathan Ntahondi, nous indique qu’aujourd’hui le développement technique de la communication augmente exponentiellement les écrits. Avec l’avancée de la technologie, les échanges de messages à travers les réseaux sociaux et la multiplication des plateformes d’information sur la toile démontre à suffisance ce nouveau mode de vie que le monde connait depuis quelques années. Ainsi, il ne faudra pas nier que tous ces mécanismes doivent faire recours aux langues. Ce sont généralement le Français et l’Anglais. Il appartient donc aux utilisateurs de ces outils de communication de raffiner l’écriture dans les langues susmentionnées. La stratégie à utiliser pour remédier à ces défis est, entre autres, apprendre assidûment ces langues d’usage, en vue de construire les horizons et appréhender l’environnement que nous vivons aujourd’hui. Quant aux étudiants qui sortent des universités, M. Ntahondi les encourage à créer des outils de communication. Toutefois, il fait savoir que leur réussite passera nécessairement par l’amélioration de la qualité de leurs productions. Ils doivent connaître le bien-fondé d’apprendre ces langues étrangères les plus utilisées dans le monde des affaires. Pour cela, il faut qu’ils fournissent beaucoup d’efforts. Au moment où les médias en ligne se développent à grande vitesse et à grande échelle, notre source interpelle les journalistes à suivre les mutations en journalisme occasionnées par le développement technologique. « Aujourd’hui, les facteurs interdépendant, notamment la technologie, la ligne éditoriale, le format, etc. obligent les usagers du métier à en tenir compte pendant la production », dit M. Ntahondi. Selon lui, il faut développer le monde des medias en ligne, la reconfiguration des pratiques et la redéfinition des normes journalistiques. Il faut donc se conformer à ces pratiques et normes pour donner un bon rapport à l’audience.
Blandine Niyongere