L’un des constats publiés dans un atelier de restitution et de validation des résultats provisoires du projet de recherche sur l’élaboration des stratégies pour un aménagement linguistique cohérent au Burundi est que le désir de la population de voir le kirundi s’imposer reste inassouvi. C’était le mardi 20 décembre 2022 à l’Université du Burundi au campus Mutanga.
Malgré la volonté affichée par les pouvoirs publics, le paysage sociolinguistique du pays a peu bougé depuis la mise en route d’une politique linguistique explicite en 2014. Le français continue de dominer l’espace public et institutionnel, tandis que le désir de la population de voir le kirundi s’imposer reste inassouvi. Quant aux observations faites et les opinions exprimées sur l’anglais et le kiswahili, elles sont restées quelque peu marginales durant toute l’enquête. Les scores récoltés par ces deux langues quel que soit l’indicateur retenu sont restés curieusement négligeables. Ces sont quelques unes des résultats de l’enquête. Melchior Ntahonkiriye, professeur à l’Université du Burundi et coordonnateur du projet, a souligné dans son exposé que les raisons majeures de cet immobilisme sont notamment, une très lourde organisation demandant un pouvoir que l’Académie rundi n’a pas encore ainsi que le défi financier.
Créer une ligne budgétaire consistante et annuelle
Réglementer plus rigoureusement les usages linguistiques des institutions à travers une Académie rundi solidement autonomisée dans le sens d’assurer une plus grande visibilité et un plus grand rôle à jouer au Burundi, surtout dans les usages écrits. C’est l’une des solutions proposées par la recherche. Cette dernière recommande également d’implanter le trilinguisme officiel dans les pratiques communicatives des institutions en priorisant le bilinguisme kirundi-français et de créer une ligne budgétaire consistante et annuelle sur les dépenses publiques destinée à financer les actions d’aménagement linguistique.
Le secrétaire exécutif permanent de l’Académie rundi et coordonnateur adjoint du projet, Clément Bigirimana a indiqué que le projet «Elaboration des stratégies pour un aménagement linguistique cohérent au Burundi » s’inscrit dans le cadre des ODD notamment l’objectif 4 qui parle de l’accès à l’éducation équitable et de qualité pour tous, la promotion du développement par l’éducation à la citoyenneté mondiale et l’appréciation de la diversité culturelle.
Grâce-Divine Gahimbare