
Audace Ndikumana lance un appel à la population burundaise de promouvoir l'agroécologie afin de produire snas détruire la santé et l'environnement
Un pesticide est une substance ou association de substances qui est destinée à repousser, combattre ou détruire les ravageurs, les vecteurs des maladies et les espèces indésirables des plantes ou d’animaux. Les pesticides chimiques de synthèse sont dangereux aussi bien pour l’environnement que pour la santé humaine. Cela ressort d’un entretien qu’Audace Ndikumana, responsable des programmes à Inades-Formation Burundi nous a dernièremntaccordé. Il conseille la population burundaise de promouvoir l’agroécologie qui est un modèle agricole qui fait appel à l’utilisation des produits organiques locaux, qui contribue à l’augmentation de la production agricole de façon durable. Il veille aussi à la sauvegarde de l’environnement et de la santé humaine. Bref, l’agroécologie permet de produire sans détruire.
M. Ndikumana a fait savoir que les pesticides sont des substances chimiques de synthèse qui sont utilisées pour repousser, combattre ou détruire les ravageurs, les vecteurs des maladies humaines et animales, ainsi que les espèces indésirables des plantes ou d’animaux. Selon les nuisibles ciblés, on parlera d’insecticides lorsqu’ils sont utilisés contre les insectes. On parle de fongicides lorsqu’ils sont utilisés contre les champignons, des herbicides lorsqu’ils sont utilisés contre les adventices, des acaricides lorsqu’ils sont utilisés contre les acariens, des raticides contre les rats et les souris et des nématicides contre les nématodes, etc.
Notre interlocuteur a fait remarquer que les pesticides ont été introduits dans l’agriculture dans le cadre de l’intensification agricole pour augmenter la production afin de pouvoir nourrir la population sans cesse croissante.
L’utilisation des pesticides chimiques au Burundi est inquiétante
M.Ndikumana a signalé que, pour mieux connaitre l’état des lieux par rapport à l’utilisation des pesticides au Burundi, Inades-Formation Burundi a commandité une étude sur la gestion et l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse au Burundi et les grands constats ont été que les pesticides utilisés par les agriculteurs ne sont pas tous homologués. Il y a une prolifération de pesticides non homologués qui sont vendus sans étiquettes. Les vendeurs ou les utilisateurs directs des pesticides n’ont pas assez de connaissance sur la toxicité et les principes de manutention des produits chimiques. L’autre constat est qu’il y a des produits très toxiques, interdits sur le marché international, mais qui continuent à être vendus sur les marchés et des boutiques alimentaires installées côte à côte avec des pharmacies agrovétérinaires ou des produits phytosanitaires en conservation à la maison. On a constaté encore le non-renouvellement de l’homologation des produits (la loi prévoit 5 ans pour un produit) et la manutention des produits chimiques sans équipements de protection préalable. Après utilisation, les déchets de pesticides ne sont pas bien gérés. On assiste à l’utilisation des bouteilles ou des flacons à pesticides pour d’autres fins.
Malgré cette situation inquiétante avec l’utilisation des produits chimiques de synthèse, Audace Ndikumana a fait savoir que des textes de lois (cadre légal, juridique national et international) régissant la gestion de ce secteur existent, ainsi que des structures en charge du secteur. Il a parlé notamment la Direction de la protection des végétaux, (DPV), l’Autorité burundaise de régulation des produits vétérinaires, des pesticides et des aliments, (ABREVP) et les inspecteurs phytosanitaires. Seule la mise en application reste problématique.
Les produits chimiques de synthèse sont très toxiques.
M. Ndikumana a signalé que les produits chimiques de synthèse sont dangereux aussi bien pour l’environnement que pour la santé humaine. « En utilisant les produits chimiques de synthèse pour traiter des ravageurs des plantes et d’animaux, l’homme absorbe directement le pesticide par voie respiratoire, voie orale et voie cutanée. Aussi, pendant l’application, des gouttelettes des produits toxiques peuvent s’éparpiller ou se volatiliser dans l’air que nous respirons. Lorsque la pluie tombe après l’application, on assiste à un ruissellement de surface entrainant le pesticide jusqu’au niveau des sources d’eau que nous consommons. En pulvérisant, une partie de pesticide s’infiltre dans le sol et certains résidus y restent. En consommant les produits des aliments issus de la terre qui est contaminée, on consomme indirectement des aliments contaminés », a –t-il expliqué.
Utilisation des produits naturels
« Au niveau d’Inades-Formation Burundi, nous avons pensé qu’il serait utile et urgent de sensibiliser tout le monde ; c’est-à-dire les agriculteurs, les consommateurs sur le fait que les produits chimiques de synthèse peuvent être très dangereux pour leur santé. Nous avons pensé d’interpeller toute cette communauté à travers une campagne baptisée « Conscience AlimenTERRE ». Il y a trois mots clés à savoir la conscience, l’alimentation et la terre. Le mot AlimenTERRE est utilisé spécifiquement pour attirer l’attention sur le lien intrinsèque entre la terre et la nourriture, entre la qualité de la terre et la qualité de la nourriture qu’elle produit. En prenant soin à la terre, on le fait aussi pour l’eau, les ressources de la biodiversité, qui sont des aspects essentiels pour une vie saine des consommateurs, des agriculteurs et travailleurs agricoles », a dit M. Ndikumana.
Concernant les alternatifs aux produits chimiques, notre interlocuteur a fait savoir qu’ils en existent et que leur efficacité a déjà été observée par les producteurs agricoles. « Au niveau de notre organisation Inades-Formation Burundi, nous proposons des solutions alternatives aux produits chimiques en l’occurrence les produits naturels ou les produits biopesticides. Nous faisons la promotion de l’agroécologie qui est un modèle agricole durable qui encourage l’utilisation des produits naturels, organiques locaux qui contribuent à l’augmentation de la production sans compromettre l’environnement et la santé humaine. Il y a des produits bio que nous avons commencé à expérimenter avec les producteurs agricoles et dont la performance a été démontrée. C’est notamment l’utilisation des sous-produits du Neem et des sous-produits du Tithonia. Il y a d’autres méthodes naturelles utilisées par les producteurs dans la conservation des récoltes ou des semences », a précisé M. Ndikumana.
Maitrise des doses, un des défis.
Notre interlocuteur a fait savoir que, quand bien même les agriculteurs affirment que les biopesticides qu’ils utilisent sont efficaces, il y a encore des lacunes relatives à la maitrise des doses à utiliser et à la fréquence de traitement. C’est dans ce cadre qu’Inades-Formation Burundi a signé une convention de partenariat avec l’Institut agronomique du Burundi (Isabu) qui est spécialisé dans la recherche agricole pour mener une étude approfondie sur l’efficacité des biopesticides dans le traitement des maladies et ravageurs des plantes. Selon lui, les essais au niveau des stations de recherche sont terminés et les résultats partiels sont disponibles. A partir de cette saison agricole 2023 A, les chercheurs de l’Isabu vont faire des essais dans le milieu réel des producteurs et les résultats définitifs seront partagés au public.
A l’endroit de toute la population burundaise, notre interlocuteur lance un appel de promouvoir l’agroécologie afin de produire sans détruire la santé et l’environnement.
Emelyne Iradukunda