La notion de genre est venue récemment dans divers organisations et institutions. Les femmes journalistes qui ont commencé presque avec le journal Le Renouveau ont connu différents défis par rapport à celles qui ont été embauchées plus tard. Mais, ce journal a, depuis sa création encadré aussi bien les hommes que les femmes qui entrent dans le métier.
« Quand j’ai commencé à travailler au sein du journal Le Renouveau vers les années 1989, j’avais deux enfants en bas âge. Je devais les encadrer comme une mère au foyer en restant en même temps disponible au travail. Cela ne m’a pas du tout facilité la tâche. Au début, nous n’avions pas de matériel nécessaire pour les reportages. Je fais allusion aux enregistreurs et aux ordinateurs que nous voyons maintenant. Nous étions obligés d’écrire à la main pour enfin donner nos manuscrits aux opérateurs qui utilisaient à leur tour des machines électriques. Cela prenait beaucoup de temps. Pour qu’il soit prêt pour l’impression, un seul article pouvait prendre deux jours alors qu’aujourd’hui, tout un journal peut être prêt en une seule journée », précise Pascaline Biduda, une des journalistes de la presse quotidienne Le Renouveau.
Quand il s’agissait des reportages à l’intérieur du pays, précise-t-elle, les femmes journalistes avaient toujours ce problème de concilier le travail d’une mère au foyer et celui de journaliste.
« Je rappelle que cette notion de genre n’était pas très connue dans les années antérieures. La femme était après tout considérée comme la femme au foyer. Par conséquent, certains de nos conjoints ne comprenaient pas que leurs femmes pouvaient être absentes à la maison pour des raisons de service pendant trois ou quatre jours. Aussi, ils n’étaient pas conscientisés que leurs femmes pouvaient rentrer tard dans la nuit à cause du travail. Certains arrivaient même à dire qu’ils pouvaient s’imposer pour rompre le travail de leurs femmes journalistes », mentionne-t-elle.
De mon côté, témoignet-t-elle, quand il s’agissait des reportages de terrain, j’étais toujours volontaire. J’avais toujours à l’esprit que les femmes journalistes sont capables autant que les hommes.
Promotion du genre au sein du « Le Renouveau »
Mme Biduda a fait savoir que les femmes journalistes se sont montrées capables autant que les hommes depuis la création de la presse quotidienne Le Renouveau malgré certains défis auxquels elles faisaient face en tant que femmes au foyer : « Nous avions des responsables hommes. Certains nous ont encouragés comme femmes journalistes dans notre travail au quotidien. D’autres ne voulaient pas cependant comprendre que les femmes pouvaient avoir des empêchements au travail. Je me souviens d’un directeur qui, malgé les explications fournies pour justifier une absence au travail, tenait à le mentionner sur le bulletin de notation. Par conséquent, quand il s’agissait d’envoyer les journalistes sur le terrain, il avait tendance à envoyer souvent les hommes », explique-t-elle.
Heureusement qu’au fur du temps, la notion de genre a été intégrée dans toutes les institutions. Les femmes journalistes qui sont embauchées sont considérées au même pied d’égalité que les hommes. « Quand j’étais directrice de la Presse quotidienne Le Renouveau, on m’accusait de « féministe » car, dans les réunions du comité de direction, je plaidais toujours pour que les femmes aient les mêmes droits et devoirs autant que les hommes. Avant, par exemple, il n’y avait pas de femmes dans la rubrique politique. Les responsables prétextaient qu’elle est destinée aux hommes seulement, car, ils sont toujours disponibles pour de grands reportages. A mon arrivée, j’ai coupé ce stéréotype. J’ai mis des femmes journalistes dans ladite rubrique. Heureusement, elles se sont montrées capables même plus que les hommes », ajoute-t-elle.
Pour que cette notion de genre soit effective au sein du « Le Renouveau », Mme Biduda suggère aux femmes journalistes de se montrer capables autant que les hommes. Elles doivent affronter des reportages dits « sensibles » et les mener de manière professionnelle.
Un travail fatiguant mais réalisable
« Je présente toutes mes félicitations au journal Le Renouveau. Je l’ai vu évoluer. J’ai commencé à travailler au sein de ce journal depuis 1983. Je fus la première fille recrutée au sein de la rédaction du journal Le Renouveau. Ce n’était pas facile. J’étais toute jeune, je venais juste de terminer l’école de journalisme. J’étais entrée dans un groupe d’hommes, très rodés dans métier. Parfois, j’étais complexés car ils me dérangeaient et me taquinaient beaucoup. Au fur du temps, il y avait beaucoup de candidates qui m’ont rejointe dans le métier qui venaient de terminer l’Ecole de journalisme. Le directeur de l’époque ainsi que nos collègues hommes nous ont beaucoup encadrés. Nous n’avions aucun problème concernant le métier », dit Floride Ndakoraniwe, une des femmes journaliste de la Presse quotidienne Le Renouveau.
Cependant, elle a rejoint sa consœur Biduda en affirmant que dans le temps, les femmes journalistes ont rencontré différentes difficultés parce que la notion de genre était méconnue. Certains comprenaient mal comment une femme journaliste pouvait partir en mission de trois semaines voire plus en laissant ses enfants à la maison. Mais tout dépend de l’organisation des conjoints : « Personnellement, je n’avais aucun problème d’effectuer des missions à l’étranger ou à l’intérieur du pays. Car, c’est mon mari qui m’encourageait d’y aller. Il s’occupait des enfants sans problème à mon absence. C’est par contre moi qui refusais des fois d’effectuer certaines missions en ayant pitié de mes enfants. Je me souviens que j’ai eu une opportunité d’aller à Kinshasa pour continuer mes études de licence. Mon mari m’a donné l’autorisation d’y aller. Mais, j’ai refusé. », affirme-t-elle.
Le Renouveau reconnaît le genre dans son travail au quotidien
Quand, il s’agit de l’intégration genre, Mme Ndakoraniwe affirme que le journal Le Renouveau ne fait pas de ségrégation. Au niveau hiérarchique, nous avons eu des femmes qui ont occupé le poste de direction de la Presse quotidienne Le Renouveau. Dans la rédaction du même journal, il y a des femmes chefs de rubriques. D’autres femmes journalistes sont traitées au même pied d’égalité que leurs collègues hommes. Quand, il s’agit d’envoyer les journalistes dans de grands reportages, les responsables n’hésitent pas à envoyer des femmes parce qu’ils ont vu qu’elles sont capables autant que les hommes », signale-t-elle.
Mme Ndakoraniwe a indiqué qu’au sein du journal Le Renouveau, il y a une rubrique « genre ». Cela montre que ce journal reconnaît la dimension genre dans ses reportages au quotidien. Au niveau de la formation, beaucoup de journalistes sont formés sur la dimension genre. Par conséquent, ils appliquent et intègrent la notion de genre dans leurs reportages au quotidien.
Elle demande pour ce faire à tous les journalistes, de toujours considérer la dimension genre dans les reportages qu’ils effectuent au quotidien. Elle encourage également les responsables de la Presse quotidienne Le Renouveau de continuer à donner les mêmes chances à tous les journalistes.
Rose Mpekerimana