
Les personnes atteintes d'albinisme sont interpellées à porter des habits de longues manches et des chapeaux avant de sortir pour se protéger contre les rayons solaires.
Plus de 80 % des personnes atteintes d’albinisme présentent des lésions cutanées précancéreuses. A défaut des moyens pour la prise en charge précoce, ces lésions se développent en cancer. Cette catégorie de personnes doit porter des habits de longues manches et des chapeaux pour se protéger contre les rayons solaires qui sont la source du cancer de la peau chez ces dernières. Cela a été dit par Ingrid Isidore Irankunda, dermatologue au Centre hospitalo-universitaire de Kamenge ( Chuk). C’était lors de la clôture de la 2e journée de l’atelier de plaidoyer en faveur des personnes atteintes d’albinisme à Ruyigi.
Dans son exposé concernant les défis liés à la santé précaire des personnes atteintes d’albinisme, Dr Irankunda a fait savoir que le soleil est un faux ami des albinos. Au Burundi, a-t-il ajouté, plus de 80 % de ces dernières présentent des lésions cutanées précancéreuses. Selon lui, les risques de développer un cancer de la peau sont très élevés et les études estiment que la plupart de cette catégorie de personnes meurent d’un cancer avant 40 ans.
Dr Irankunda a, en outre, signalé qu’il n’y a pas de traitement contre ces lésions. Toutefois, a-t-il indiqué, des interventions peuvent être faites pour améliorer leur confort de vie et prévenir le cancer. Pour ce faire, la prise en charge est multidisciplinaire, c’est-à-dire que l’intervention est venue de la part de différents médecins (ophtalmologue, chirurgien, dermatologue, etc.) ainsi que la famille de la personne atteinte d’albinisme.
Le soleil, l’ennemi redoutable des albinos
Le dermatologue Irankunda a insisté sur le port des habits de longues manches et des chapeaux avant de sortir pour se protéger contre les rayons solaires. Au vu de la fragilité de leur peau souvent exposée à de multiples infections, le traitement précoce s’avère très nécessaire. Il a aussi laissé entendre qu’il faut multiplier les séances de sensibilisation à l’endroit des personnes atteintes d’albinisme afin qu’elles soient au courant des problèmes causées par leur ennemi redoutable «le soleil» et cela pourra contribuer efficacement à la prévention.
Arnaud Irakoze, professeur d’université et conseiller technique en charge de la gouvernance et des affaires juridiques à la vice-présidence de la république, a, quant lui, présenté son exposé sur le mécanisme juridique et institutionnel de la protection des albinos. Il a dit que pour le cas des albinos, la plupart des principes des droits de l’Homme sont souvent enfreints. Car, cette catégorie de personnes est la cible de différentes violations notamment l’agression verbale et physique, les menaces, l’enlèvement, les mutilations ou le meurtre. Il a appelé à la responsabilité de tout le monde en vue de parvenir à la prévention des violences faites aux personnes atteintes d’albinisme.
La discrimination au sein de la société, l’un des défis majeurs
Après échanges et débats autour des thèmes développés, il a été décelé certains défis majeurs auxquels les albinos sont confrontés. Il s’agit notamment de l’absence d’une loi spécifique sur la protection des albinos, la discrimination au sein de la société ( famille, entourage et école), la faiblesse au niveau de la vision qui entraîne le faible taux de scolarisation, les croyances occultes et préjugés sociaux, la fragilité de leur peau, la non-employabilité, le manque d’initiatives politiques en faveur des personnes atteintes d’albinisme, et bien d’autres. Différentes recommandations ont été émises. Aux décideurs, de mettre en place une loi spécifique sur la protection des albinos, de sensibiliser la population sur les droits des personnes atteintes d’albinisme, de déployer des médecins pour une formation spécialisée en la matière, de sensibiliser et impliquer les albinos dans les projets de développement initiés par le gouvernement. Les acteurs du secteur d’éducation doivent aussi être sensibilisés sur la problématique liée à la vision des albinos.
La CNIDH déterminée à continuer les sensibilisations
Selon la vice- présidente de la CNIDH, Consolate Habimana, le constat est que la catégorie de personnes atteintes d’albinisme est une catégorie de gens qui nécessite une protection spéciale dans le cadre socio-juridique, car il n’y a pas de cadre légal pour pouvoir régler et suivre de près leurs problèmes. « Quant à la CNIDH, elle va continuer les sensibilisations afin que ce cadre légal qui va réglementer cette situation soit établi, ainsi ça leurs droits seront protégés » a-t-elle précisé.
Claude Hakizimana