
La vasectomie est un moyen de contraception masculin irréversible (Photo Eliane Nduwimana)
Au Burundi, peu de gens savent exactement en quoi consiste la vasectomie ou la méthode de stérilisation des hommes. La vasectomie est un moyen de contraception masculin irréversible. Cette méthode consistant à couper et bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules suscite des avis divergents au sein des personnes rencontrées.
Les méthodes contraceptives qui existent aujourd’hui concernent en grande partie les femmes à savoir les injectables, les pilules, le stérilet, les implants sous-cutanés, la ligature des trompes et les préservatifs féminins. Pour les hommes, il existe les préservatifs masculins et la vasectomie. Cependant, l’irréversibilité de cette dernière méthode de contraception masculine fait objet de polémique surtout auprès des principaux concernés.
La vasectomie se fait une fois pour toutes
Dr Donavine Uwimana, directrice exécutive de l’Abubef (Association burundaise pour le bien-être familial) fait savoir que la pratique de la vasectomie requiert le consentement entre les conjoints. Car elle conduit à la stérilisation masculine. Elle appelle à réfléchir deux fois avant de faire son choix pour cette méthode: «C’est une opération définitive. On la fait une fois pour toutes.»
« Cette pratique qui consiste à couper et bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules suscite des avis divergents au sein des personnes rencontrées », informe Dr Uwimana. La vasectomie est un moyen de contraception masculin irréversible.
Des avis divergents
Mathias Nimubona est un père de six enfants qui a choisi ce moyen comme méthode contraceptif : « J’ai eu connaissance de cette méthode par une formation dispensée par l’Abubef au mois de novembre 2018. » Vu que le couple avait déjà six enfants, lui et sa femme ont décidé d’arrêter définitivement de procréer afin de mieux les élever. « J’ai donc pris la décision de me faire vasectomiser pour relayer ma femme qui prenait déjà divers contraceptifs », indique-t-il. Une semaine après l’opération, Mathias Nimubona a pu avoir des rapports sexuels tout en utilisant des préservatifs, durant les trois premiers mois, et en prenant des antidouleurs : « J’avais quelques douleurs au niveau des reins, mais elles se sont adoucies au bout de quelques semaines. Je suis revenu, trois mois plus tard, pour vérifier si ma stérilité était effective et j’ai pu alors avoir des rapports sexuels sans préservatifs. » Il précise que cette opération n’a rien altéré sur sa libido ni celle de sa femme.
Jean Nahayo, vendeur d’habits de seconde main, dans la zone Buyenzi de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura se dit être contre ceux qui limitent volontairement les naissances. «Seul Dieu peut décider de la limitation des naissances.» Car, indique-t-il, pour chaque enfant, le ciel donne des provisions. «Les enfants sont un don divin. Chaque enfant vient avec sa bénédiction », dit-il.
Les hommes doivent s’investir au même titre que les femmes
Un avis contraire pour Nestor Bizimana, enseignant rencontré au centre de santé Kigobe. Il exhorte la jeunesse à s’investir dans la limitation des naissances. «Leur avenir en dépend». M. Bizimana préconise entre autres la vasectomie : «C’est une méthode de contraception sûre.» Pour lui, il faut que les hommes s’investissent au même titre que les femmes au bien-être familial.
Sadik Niyonkuru, chef du service d’information, éducation et communication au Programme national de la santé de la reproduction (PNSR) fait savoir que l’Etat a créé des unités décentralisées dans les provinces où les agents de santé communautaire font des descentes sur terrain pour sensibiliser la population soit sur les districts sanitaires ou qui font du porte à porte. Il souligne néanmoins qu’amener les hommes prendre des décisions sur eux-mêmes n’est pas une chose facile. « Les hommes sont têtus. C’est la raison pour laquelle les campagnes de sensibilisation à la limitation des naissances se focalise plus sur la demande aux hommes de soutenir leurs femmes à aller sous méthodes contraceptives », ajoute M. Niyonkuru.
Eliane Nduwimana