La planification familiale (PF) est souvent considérée comme une affaire qui ne concerne que la femme au sein du couple. Pourtant, l’implication dans cette affaire, dans les conditions normales, devrait être partagée par le couple d’autant plus qu’il existe des méthodes contraceptives pour les hommes. Selon Godelieve Niyonizigiye, habitant de la zone Ruziba, en commune urbaine de Muha, dans la municipalité de Bujumbura, même si certains hommes commencent à s’y impliquer, c’est dommage qu’ils ne soient pas tous coopératifs dans le but de limiter les naissances.
Pour Mme Niyonizigiye, les méthodes contraceptives pratiquées aujourd’hui, intéressent majoritairement les femmes. Elles ont déjà adopté l’utilisation des contraceptifs. Il s’agit notamment de l’utilisation des pilules, des injectables, du stérilet, des implants sous-cutanés, de l’utilisation du préservatif ainsi que de la ligature des trompes. Aujourd’hui, ajoute-t-elle, lors des séances de sensibilisation, on remarque que les agents de santé communautaire locaux se focalisent beaucoup plus sur les hommes en leur faisant comprendre qu’ils devraient, eux aussi, s’impliquer pourle bien-être de leurs familles respectives. Il leur faut comprendre que « la vasectomie » est une méthode de planification familiale destinée aux hommes et qu’ils doivent l’adopter pour contribuer dans la limitation des naissances. « Mais malheureusement, selon les témoignages, elle n’est pas du tout pratiquée ou acceptée par les hommes de notre localité », mentionne Mme Niyonizigiye.
Cette dernière déplore aussi le fait que certains hommes prennent la planification familiale et l’utilisation des méthodes contraceptives comme une affaire des femmes seulement. « La majorité disent qu’ils ne sont pas concernés ». Agée de quarante ans et avec quatre enfants, Mme Niyonizigiye dit qu’avant d’aller chez le médecin pour la pratique de l’une de ces méthodes, elle a demandé d’abord l’avis de son conjoint. « Et mon mari n’a pas hésité, il a vite accepté, bien sûr pour le bien de notre famille ». Toutefois, se réjouit-elle, d’autres hommes ont quand-même commencé à s’impliquer dans l’affaire de planification familiale. « Cela s’observe au centre de santé où on voit qu’il y a des hommes qui accompagnent leurs femmes chez le médecin. Cela est un bon geste pour le couple».
Aux hommes qui refusent de faire la vasectomie et en plus empêchent leurs femmes d’aller chez le médecin pour la planification familiale, Mme Niyonizigiye lance un appel vibrant en les interpellant à toujours s’asseoir ensemble avec leurs femmes et discuter, surtout quand il s’agit d’une question d’intérêt familial. « Nous voulons que tous les hommes soient impliqués dans cette affaire, qui ne vise que la bonne survie de la famille ».
La sensibilisation de tous les hommes reste une nécessité pour bien réussir
A l’endroit des hommes qui n’ont pas encore compris l’importance de la planification familiale sur la survie de leurs familles respectives, Mme Niyonizigiye précise qu’il faut des efforts supplémentaires des agents de santé et des administratifs pour sensibiliser les hommes à prendre conscience qu’ils sont eux aussi concernés par le programme d’espacer les naissances. « Les agents de santé et les administratifs doivent doubler leurs efforts pour les séances de sensibilisation à l’endroit des hommes », souligne-t-elle. Cela parce que, ce sont eux qui n’ont pas encore compris les bienfaits et les avantages de la pratique des méthodes contraceptives. S’agissant de certains avantages de la planification familiale, elle affirme qu’une fois bien pratiquée, elle réduit les taux de mortalités infantiles et maternelles.
La gestion des effets secondaires s’avère nécessaire
Notre rédaction a également rencontré d’autres femmes bénéficiaires d’une ou l’autre de ces méthodes contraceptives. Pour ce qui est de l’utilisation des implants sous-cutanés, elles indiquent que cette méthode cause souvent des saignements d’une période indéterminée. Et cela entraine l’anémie pour pas mal de femmes. Elles ajoutent que cela peut arriver aussi qu’avec cette même méthode les bénéficiaires prennent du poids exagérément et aient d’autres effets indésirables. «Il arrive qu’une femme peut éprouver un manque du désir sexuel, ce qui cause parfois de malentendus au sein d’un un couple. Bref, ces effets peuvent impacter la santé d’une mère ainsi que sur son développement », affirment-elles. Pour ces dernières, les services de la santé devraient mettre en place des mécanismes et stratégies pour la gestion des effets secondaires.
Quant aux bienfaits de la planification familiale, les femmes interrogées indiquent que l’espacement des naissances permet à la femme de se reposer et aux enfants d’avoir une bonne santé. La planification familiale a, en plus, un impact positif sur la situation sociale et économique d’une famille. Ce qui est aussi une bonne chose sur le développement du pays. « La pratique de la planification familiale est une bonne chose pour la femme, les enfants et la famille, ainsi que pour le pays malgré ces effets secondaires. Nous demandons au ministère ayant la santé dans ses attributions d’apporter ou de mettre à la disposition des bénéficiaires, des médicaments pour le traitement des effets secondaires de ces différentes méthodes de la planification familiale », suggèrent-elles.
Le consentement du couple est d’une importance capitale
Pour Jules Ndihokubwayo, habitant du quartier Kibenga, dans la zone Kinindo de la commune Muha, « Les hommes ne devraient pas être des obstacles à leurs femmes quand il s’agit d’aller chez le médecin pour la pratique d’une des méthodes de planification familiale. Nous savons que la vasectomie n’a pas encore été comprise par la majorité des hommes dans notre pays. Mais, pour le bien-être de nos famille respectives, chaque homme devrait comprendre cette politique de planification familiale afin de pouvoir accompagner sa femme chez le médecin ».
Ndihokubwayo n’ignore pas qu’il existe certains effets secondaires causés par l’une ou l’autre méthode. Mais, dans toutes les circonstances, il trouve qu’il est impératif qu’il y ait un consentement au sein des couples pour ce qui est de la l’espacement des naissances et de l’utilisation des méthodes contraceptives. A la question de savoir comment il a été informé sur les différentes pratiques de la planification familiale, Jules Ndihokubwayo dit que c’est à travers les sensibilisations des agents de santé communautaire qu’il a appris tout ce qui est en rapport avec la planification familiale. Il salue en outre le travail de ces agents tout en appréciant le rôle qu’ils jouent dans le développement de la santé des populations.
« La majorité de la population non instruite ne connaissait presque rien de toutes ces différentes méthodes de la planification familiale. Mais, les agents de santé communautaire, via les séances de sensibilisation leur ont ouvert les yeux », affirme M. Ndihokubwayo. Revenant sur l’importance et les avantages que ces méthodes apportent dans la promotion et l’amélioration de la santé de la femme, ainsi que son impact sur la situation socioéconomique des familles. Ce dernier interpelle tous les hommes en particulier et les couples en général, à s’investir conséquemment pour garantir la santé et le bien-être de leurs familles.
Avit Ndayiragije
Département de la documentation Service de rédaction