Au Burundi, la composante jeunesse représente une grande partie de la population. Les jeunes représentent l’avenir du Burundi, c’est pourquoi ils doivent apprendre à créer eux-mêmes des emplois. Cela peut passer par une sensibilisation via une bonne communication qui pourra les stimuler aux activités de développement. Les jeunes, surtout les lauréats des universités et des écoles secondaires doivent quitter l’état des illusions pour avancer vers une réalité, réaliste et opérante ; afin de quitter la mendicité, les lamentations, la pauvreté et être au service de leurs familles et de la patrie. Dans le cas contraire, bonjour la délinquance, l’usage de la drogue et autres stupéfiants.
Selon le président directeur général de la société « Clean Project International », Adronice Niyongabo, les jeunes doivent être autonomes et mettre à profit leur force en vue de mieux faire. Etant nantie des capacités suffisantes pour bâtir son avenir et contribuer au développement socio-économique du pays, la jeunesse burundaise doit avoir confiance en elle-même et une volonté invincible d’embrasser des métiers classiques, source de développement. Elle doit savoir que les connaissances reçues de l’Université ou de l’école, complètent leur passion d’exercer un métier de son choix.
M.Niyongabo conseille à chaque jeune de chercher comment être autonome en passant par le choix des activités pouvant générer des revenus. Il prend l’exemple des agriculteurs, éleveurs ou autres paysans qui se débrouillent dans le choix de ce qu’ils peuvent faire, alors qu’ils n’ont pas bénéficié de formation académique. Leur attitude positive est la conséquence d’un engagement dépourvu d’illusions. Les jeunes peuvent revenir aux métiers de leurs parents avec une conviction qu’ils peuvent mieux faire, étant donné qu’ils ont eu la chance d’étudier.
Comment parvenir à l’autonomie ?
Grâce à une bonne communication, la jeunesse peut participer activement aux activités de développement organisées par leurs aînés. Les actions concertées et conjuguées de plusieurs partenaires dont les parents, les pouvoirs publics, les jeunes eux-mêmes, les bailleurs de fonds, les confessions religieuses et les ONG sont nécessaires pour pouvoir surmonter progressivement les défis posés dans le secteur de la jeunesse. Cette dernière a certes des problèmes, mais elle a également de nombreux atouts pour contribuer efficacement à la résolution du problème de chômage qui la hante.
La représentante légale de l’Observatoire de l’intégration de la dimension genre et emploi (l’OIDGE), Perrine Ntomera, trouve que les jeunes ont droit à un emploi décent et mérite un encadrement conséquent leur permettant de voler de leurs propres ailes. L’Etat ne peut, certes pas, pourvoir aux besoins en emploi de tous les jeunes, mais il peut leur aménager un espace de réflexion. Il peut les sensibiliser, et les organiser pour une prise de conscience. Il revient toutefois aux jeunes eux-mêmes de développer un esprit créatif et concevoir de petits projets générateurs de revenus et les présenter aux partenaires au développement qui appuient les actions des jeunes.
Pour Mme Ntomera, les jeunes doivent aussi travailler dur tant qu’ils ont encore la force. L’autorité doit les sensibiliser à exploiter leurs talents. Les jeunes, quant à eux, doivent s’imprégner des documents qui parlent de la créativité, visiter les lieux d’expositions, les galeries et les musées pour s’en inspirer. Ils peuvent profiter du climat des affaires comme la Banque des jeunes, les coopératives afin d’initier des projets de développement et éviter l’oisiveté.
Faute d’occupation utile, les jeunes s’adonnent à la drogue
En réfléchissant sur la meilleure façon d’appuyer les jeunes tout en les mettant à profit, quelques facteurs doivent être pris en compte. Mme Ntomera dit qu’il faut accompagner les jeunes par une succession d’interventions visant leur occupation car, une fois désœuvrée, ils vont commencer à consommer les boissons alcoolisées, la drogue et les autres stupéfiants. Cette idée est partagée par Bernard Nijimbere, responsable du centre « Bright Future Generation », situé au quartier Nyabugete, qui prend en charge les usagers de la drogue. Il a fait savoir que le centre enregistre un grand nombre de jeunes consommateurs de drogue et autres stupéfiants. « Le centre accueille des usagers de drogue et autres stupéfiants et les encadre dans le sens de les transformer », dit-il.
Encadrement spirituel
Le consommateur de drogue accueilli et hébergé est invité à prendre en compte la dimension spirituelle de l’homme. Cela permet à chacun de redécouvrir toutes les dimensions de son être. Les temps de prière invitent à redécouvrir l’intériorité de son être. Souvent, les nouveaux venus sont interpelés par la façon dont ils sont accueillis, par l’amour qui se manifeste entre les personnes habitant le centre. Le questionnement nait, la dimension spirituelle prend sens. Cette découverte ou ce retour vers la spiritualité est une des clés majeures pour que les changements qui se sont opérés s’inscrivent dans la durée. M. Nijimbere dit que le centre privilégie la guérison du corps et de l’âme en même temps.
En plus de ses interventions en prévention de la consommation de la drogue et ses méfaits transversaux, le centre « Bright Future Generation » offre un paquet d’accompagnement psychosocial et de réinsertion sociale des personnes victimes d’addiction aux différents types de drogue.
Comment en est-on arrivé là ?
Au Burundi, la guerre civile a duré plus d’une décennie et toute une génération de jeunes a grandi au milieu d’une guerre brutale, sans possibilité d’éducation et de communication pour son propre développement. Ce qui a créé chez une partie de la jeunesse un esprit de révolte et de délinquance. Le gouvernement et les organisations de la société civile ont initié des activités visant la dissuasion de cette attitude. De là, les jeunes ont pu comprendre que la guerre n’apporte rien mais que seul la cohésion et le travail font avancer le pays. En initiant ces jeunes aux travaux de développement, ils ont été sauvés des fléaux tels que la délinquance, l’alcoolisme, la débauche, la prostitution et plus particulièrement le VIH/Sida.
Les jeunes résidents au centre « Bright Future Generation » participent aux activités agricoles notamment la culture du maïs, des arachides, du haricot, du manioc, des bananiers ainsi qu’un jardin potager. Cela contribue à l’apprentissage à l’auto-prise en charge et à une alimentation bien équilibrée. Comme compléments à leur alimentation, les lapins élevés au centre, sont entretenus par les résidents eux-mêmes et se multiplient en si peu de temps.
Le centre aide l’usager de la drogue à reprendre la maîtrise de sa vie et à retrouver sa capacité à l’autonomie. Tout n’a pas été accompli au cours des années écoulées parce qu’il s’agit d’un processus qui se déroule dans la durée. Bernard Nijimbere termine en disant que l’emploi des jeunes est une équation à plusieurs inconnues. Ceux qui manquent à faire s’adonnent à la drogue. Les plus chanceux parmi eux, sont récupérés grâce au travail.
Yolande Nintunze
Département de la Documentation
Service de rédaction