Comme vous le verrez tout au long de sa lecture, le présent éditorial porte sur un événement qui, le vendredi 13 octobre 2023, s’est déroulé sur toute l’étendue du territoire national. Comme vous le savez déjà, il s’agit naturellement, de la commémoration du 62e anniversaire de l’assassinat du prince Louis Rwagasore qui, le 13 octobre 1961, tomba sous les balles assassines de ceux qui ne voulaient pas que le Burundi accède à son indépendance et à sa souveraineté. Il est à rappeler qu’à cette époque, le vent des indépendances soufflait sur tout le continent africain. Menant un combat sans merci mais sans armes pour la liberté du peuple burundais, le prince Louis Rwagasore était considéré comme un homme à abattre. Ce qui, malheureusement fut fait le 13 octobre 1961 à la grande satisfaction du colonisateur et de certains de ses complices Burundais. Comme il est d’usage, la commémoration du 62e anniversaire de l’assassinat du prince Louis Rwagasore a débuté à Bujumbura, capitale économique du Burundi, par la célébration d’une messe en sa mémoire en la cathédrale Regina Mundi, suivie d’un dépôt de gerbes de fleurs au mausolée où repose le prince Louis Rwagasore.
A ces cérémonies commémoratives, la présence du président de la République, Evariste Ndayishimiye et de son épouse Angeline Ndayishimiye a été remarquée. Le journal Le Renouveau du Burundi du lundi 16 octobre 2023 vous en a dit long. Mais il est à noter qu’avant son assassinat, le prince Louis Rwagasore venait de présider son premier Conseil des ministres en qualité de Premier ministre victorieux des élections du 18 septembre 1961.
Certains de nos ainés ont dit qu’il a commencé à s’intéresser à la politique alors qu’il était encore étudiant en Belgique. On l’a vu s’entretenir souvent avec Patrice Lumumba avec lequel il parlait de la situation politique prévalant au Burundi et au Congo, deux pays voisins ayant connu un même passé colonial. Il est malheureusement à rappeler que le Congolais Patrice Lumumba connut le même sort que son ami le prince Louis Rwagasore en 1960. Il était également Premier ministre.
Du prince Louis Rwagasore, nous garderons toujours à l’esprit cette belle phrase riche de sens : « Vous nous jugerez à nos actes et votre satisfaction sera notre fierté ».
C’est ainsi qu’il s’adressa à ses compatriotes au lendemain de sa victoire, ignorant tout du complot d’assassinat qui se tramait contre lui. Ce disant, il s’engageait fermement à se mettre activement et fidèlement au service d’un peuple burundais uni, les divisions ethniques ayant trouvé leur origine dans l’administration coloniale. Le prince Louis Rwagasore s’inscrivait en faux contre ces divisions et c’est la raison pour la quelle il a été assassiné. N’avait-il pas épousé une femme d’ethnie Hutu alors qu’il était prince d’ethnie Tutsi ? N’appelait-il pas ses compatriotes à demeurer unis autour de l’action à mener pour le progrès national ? Malheureusement, le venin de la haine inoculée dans le corps du peuple burundais ne disparut pas, car quatre ans seulement après son assassinat, les premiers conflits inter ethniques firent leur apparition en 1965, avant celles de 1972, de 1987 et de 1993.
Tous ces conflits de la haine et de la honte n’ont fait que causer un retard dommageable pour notre développement tel que voulu par le prince Louis Rwagasore.
Soixante deux ans après l’assassinat du prince Louis Rwagasore, où en sommes-nous ? Si le fils du roi Mwambutsa Bangiricenge était encore de ce monde, il jugerait bien les actes des dirigeants actuels et sa satisfaction serait toute la fierté du peuple burundais et de ses dirigeants, le président Evariste Ndayishimiye en tête. C’est dans la paix et l’unité que les Burundais vaquent, de jour comme de nuit, à leurs activités habituelles. S’il était encore de ce monde, il dirait toute sa satisfaction à propos de la vision nationale : « Burundi, pays émergent en 2040, pays développé en 2060 ». Les temps ont changé, le peuple burundais aussi.
Louis Kamwenubusa