Dans un entretien récemment accordé au Le Renouveau du Burundi, l’expert local dans l’accompagnement psychosocial au sein d’une organisation Trauma healing and reconciliation services (Thars), Alexis Nibigira, a indiqué qu’il est difficile de parler de la démocratie aux personnes traumatisées car leur état psychologique vit toujours la douleur du passé. Il faut un accompagnement pour ramener l’espoir de servir l’intérêt de la nation.
«Les personnes traumatisées sont soumises à la terreur de ce qu’elles ont vécu, vu ou entendu. Cependant, ce groupe de gens est capable de changer au niveau des émotions et de l’esprit quand ils sont bien assistés et accompagnés.», a-t-il expliqué. Il a fait savoir que dans un pays touché par la crise, les rescapés ne peuvent pas manquer d’antécédents du passé. Cela se manifeste par le manque de confiance de soi et envers les voisins et l’intention de se considérer comme un enfant abandonné par sa famille. Ces personnes ne s’intéressent plus à la chose publique et n’ont plus conscience en rapport avec le développement du pays, la cohabitation, le respect des droits humains et de la loi.
M. Nibigira a dit qu’il est possible d’aider les personnes en situation du traumatisme à jouir de leur vie par des actes bénéfiques au niveau social et au niveau du pays. Une fois ces gens accompagnés, ils récupéreront l’espoir de vivre en famille, dans le voisinage, prendront la responsabilité face à leur vie quotidienne et s’associeront aux autres dans le développement du pays. « Quand une personne retrouve sa confiance, elle maîtrise ses émotions face à l’histoire tragique et choisit la voie de suivre la loi et de lutter pour le progrès de sa patrie», a-t-il ajouté.
La démocratie a un pas déjà franchi, mais…
Selon M. Nibigira, la démocratie au Burundi a un pas déjà franchi. La Constitution du Burundi et les lois qui en découlent établissent un schéma démocratique clair. Cependant, la mise en application de ces lois ne peut pas être facile aussi longtemps qu’il y a une partie de la population qui vit encore les traces du passé tragique. La démocratie se renforce par la participation de tout un chacun dans la vie quotidienne du pays.
Une naissance à mainte fois avortée
Selon le président d’une organisation de la société civile, Folucon-F (Force de lutte contre le Népotisme et le favoritisme au Burundi), Gérard Hakizimana, la démocratie au Burundi a été exprimée depuis la période de l’indépendance avec à la tête le prince Louis Rwagasore et a été confirmée en 1993 par l’élection du président Ndadaye, héro de la démocratie. Cependant, les ennemis de la démocratie n’ont pas caché leur soif de plonger le pays dans l’obscurité sociopolitique qui a entrainé des crises répétitives. Il a indiqué que depuis les élections pluralistes de 2005, le Burundi a entamé un nouveau pas de renforcement de la démocratie caractérisé non seulement par la participation des différentes représentativités mais aussi des travaux de développement inclusif.
Mettre fin aux défis encore observés
Malgré cette avancée, M. Hakizimana a dit que les périodes électorales ont dévoilé que certains Burundais gardaient toujours en eux une attitude antidémocratique mais que la population burundaise a exprimé la maturité de préserver la démocratie. Le retour massif et volontaire des réfugies burundais est un autre signe positif du pas franchi en matière démocratique. Parlant du traitement du passé douloureux dans le renforcement de la démocratie, Gérard Hakizimana a indiqué que le travail de la Commission vérité et réconciliation est très important pour mettre fin à tous les défis encore observés.
Fiacre Nimbona