La demande publique de pardon est dans la loi de la CVR de novembre 2018. « Elle est libératrice du présumé auteur, tueur mais aussi, des familles qui ont perdu les leurs dans la mesure où demander pardon pour la personne qu’on a tuée auprès de la famille de la victime, c’est réhabiliter la victime, qui hier, était considérée comme un petit animal» ». Tels sont les propos de Pierre-Claver Ndayicariye, président de la CVR.
« C’est cela que nous appelons la réhabilitation des innocents à travers le pardon qu’on accorde. Il s’agit d’une musique qui se joue à deux, côté présumé auteur et famille. En tant que commission, nous allons encourager les présumés auteurs à demander publiquement le pardon, comme nous allons le demander aux familles qui ont perdu les leurs , celles qui le peuvent, d’accorder le pardon. Mais, il est parfois difficile de l’accorder si on ne connaît pas la personne qui a tué un membre de sa famille », a-t-il ajouté.
M.Ndayicariye a aussi indiqué que, pour les grands présumés auteurs, ceux de notoriété publique sont connus, « nous avons commencé une démarche comme CVR auprès de certains acteurs de 1972, en les encourageant à dire de laisser le chemin paisible à leur progéniture, l’autoroute ouverte à leurs enfants, pour que demain après leur mort, ils ne soient pas confondus à leurs enfants. C’est cela que nous appelons, libérer le Burundi, la communauté nationale, les familles du présumé auteur et des victimes
Etre le messager de la paix et de la réconciliation
Pour la paroisse Rusengo située dans le diocèse catholique de Ruyigi, les personnes qui ont tué, ont osé demander pardon à l’intérieur de l’église. Ces personnes l’ont fait essentiellement en rapport avec les tueries de 1993.
« Des hommes ont demandé pardon pour les crimes commis. En même temps, ils ont décrit les circonstances qui les ont conduits à tuer. Les familles des victimes étaient aussi présentes, et ont publiquement accordé le pardon», a dit Pierre Claver Ndayicariye. Pendant des années, on soupçonne quelqu’un, et le processus conduit par la Commission justice et paix de Ruyigi a découvert que les personnes soupçonnées n’étaient pas les vrais tueurs. Le processus a dépisté le vrai tueur qui a fini par avoué son crime, a-t-il poursuivi.
Les familles des victimes ont accordé ce pardon et lui ont demandé d’être le messager de la paix et de la réconciliation dans son voisinage, sur sa colline. “Nous avons apprécié ce travail de la commission justice et paix de Ruyigi, lequel travail est bon et utile pour le processus de réconciliation,” a souligné le président de la CVR.
Yvette Irambona