Certaines gens de la commune urubaine de Muha interviewés le 10 novembre 2023 sur l’évaluation du système des quotas ethniques dans l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire selon l’article 289 de la Constitution du Burundi donnent des avis divergeant.
Le 31 juillet 2023, le Sénat du Burundi a organisé les cérémonies de lancement officiel de l’évaluation des quotas ethniques dans l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire burundais comme cela est stipulé dans l’article 289 de la Constitution du Burundi. Après, les membres du Bureau exécutif du Sénat ont effectué des descentes dans différentes provinces du pays pour mener des échanges avec toutes les couches socioprofessionnelles en vue de recueillir leurs avis. A ce sujet les personnes y consacrées étaient des cadres des différents ministères, des représentants des confessions religieuses, du personnel du secteur judiciaire, des représentants des partis politiques des organisations et de la société civile ainsi que des représentants de la population des différentes communes des provinces de Gitega, Kayanza, Bururi, Karusi, Mwaro, etc.
Nous avons parlé avec certaines gens de la commune urbaine de Muha dans le but de recueillir leurs avis à propos de la suppression ou du maintien des quotas ethniques dans la Constitution. Une partie des interlocuteurs laisse la responsabilité aux autorités de prendre des décisions adéquates en s’appuyant sur les résultats des enquêtes ainsi que des consultations des cadres de différentes institutions y relatives. D’autres soutiennent la suppression de l’article 289. D’autres encore préfèrent ne rien dire à ce sujet.
Ne pas blesser les victimes
Il y en a qui pensent que se prononcer ouvertement sur l’article 289 pourrait être mal considéré par leurs voisins victimes, d’une manière ou d’une autre, du passé douloureux qu’a traversé le Burundi. « Là où je travaille et dans mon entourage, la cohabitation entre les Hutus et Tutsis se porte bien. Du reste, je me réserve à répondre à ta question », a souligné l’un des interviewés rencontré en zone urbaine de Musaga, dans sa boutique.
A quelques mètres, nous avons rencontré deux autres hommes en train d’exercer une activité commerciale. Après avoir entendu la question, il y a eu un moment de silence. Ils se regardent et donnent une brève réponse avec un air souriant. « Monsieur, nous sommes occupés par notre travail, nous ne pouvons pas nous exprimer sur ta question. Va demander aux autres », ont-ils réagi.
Consentir les efforts pour s’attaquer à la pauvreté
Certains parmi ceux qui se sont exprimés, disent qu’à leur niveau de compréhension, ils ne trouvent pas de problème en ce qui est de la suppression des quotas ethniques dans la Constitution. Jerôme Ndayegamiye, un maçon rencontré en zone urbaine de Kanyosha le dit par exemple en ces termes. « Je suis personnellement d’accord avec la suppression des quotas ethniques dans la Constitution. Actuellement, il n’y a plus de problème de vivre ou de se promener dans n’importe quel quartier. Ce qui n’était pas le cas pendant la période de crise » Il estime qu’il faudrait plutôt consentir les efforts pour s’attaquer à la pauvreté, ennemi commun des Burundais.
Prendre des décisions adéquates sur base des résultats de l’enquête
D’autres laissent aux autorités habilitées et concernées de prendre en main la question. « Sur cette question, je pense que les autorités du pays, sur base des résultats de l’enquête ainsi que des consultations des cadres des différentes institutions ont la latitude de prendre des décisions adéquates. Car, le plus souvent, ce sont elles qui se disputent des postes. Mais, il ne faut pas oublier le passé douloureux de notre pays où il ya eu ceux qui ont été victimes de leur ethnie. Nous entendons dans les médias que même les cadres ou les leaders divergent quant à la suppression ou le maintien des quotas ethniques dans la Constitution. Cela explique que la question est délicate et qu’il faut la prendre avec des pincettes », a dit B. H qui a requis l’anonymat. Cet interlocuteur trouve qu’il faut plutôt privilégier tout ce qui peut renforcer la paix et la cohésion sociale afin que la population vaque tranquillement à ses activités de développement.
Dans une séance du 31 octobre 2023, la commission du Sénat en charge d’évaluer si le système des quotas ethniques est à supprimer ou à garder dans les trois pouvoirs précités a présenté son rapport de la réalisation. L’analyse de ce rapport a été reportée pour la session parlementaire de décembre prochain.
Claude Hakizimana