Avec l’abandon progressif des objets argileux, les femmes batwa rurales se réveillent, dans ces derniers jours, au métier de l’agriculture. Toutefois, des difficultés s’imposent dans leur processus d’adaptation à ce métier. Joselyne Gatore, une femme mutwa habitant sur la colline Gitaramuka en commune Shombo, province de Karusi indique à la rédaction du quotidien Le Renouveau les défis auxquels elle fait face en essayant le métier d’agriculture.
La petitesse de sa parcelle, un premier défi qui empêche Mme Gatore de progresser dans l’agriculture. Elle indique qu’elle a abandonné le métier de la poterie, il y a une année et demie. La décision a été motivée par le rendement jugé nul que lui apportait jusque là ce métier. «Les utilisateurs des pots avaient sensiblement diminué si bien que même le troc en denrées alimentaires que nous faisions n’était plus possible. Je passais toute une journée en circulant dans les ménages à la recherche des clients de pots mais je rentrais le soir sans même la ration d’au moins une nuitée », explique Mme Gatore.
Constant que le métier de la poterie n’est plus rentable, elle a recouru à l’agriculture. Mais des difficultés se sont imposées pour son deuxième métier. Au début, elle a commencé par exploiter la petite parcelle autour de sa cabane. « A ce stade, je cultivais seulement la patate douce et les légumes du fait qu’ils sont récoltés après une courte durée et n’exigent pas de fumure. Mais, la récolte reçue restait insuffisante à cause de la petitesse de la parcelle exploitée», signale-t-elle. Ainsi, Mme Gatore a pris la stratégie de louer des parcelles cultivables pour compléter la sienne. Mais ici, le manque des moyens s’est imposé. « Pour trouver l’argent de louer une parcelle cultivable et acheter les semences et fumure, je dois travailler dans les champs des voisins qui me paient quotidiennement », fait-elle savoir.
Malgré toutes ces difficultés que rencontre Mme Gatore, elle témoigne que le travail à houe lui paraît plus rentable que la poterie. « Même quand mes champs ne sont pas encore prêts pour la récolte, mes voisins m’invitent à travailler chez eux et je rentre, le soir, avec des denrées alimentaires ou avec de l’argent pour m’approvisionner», se réjouit-elle.
Eric Sabumukama