Les hépatites constituent un problème de santé publique. Les causes de ces hépatites sont multiples, comme le fait savoir Dr Rénovat Ntagirabiri. Si on ne se fait pas soigner à temps, des complications peuvent s’en suivre. L’association de lutte contre les hépatites virales s’impliquent dans la sensibilisation de la population pour qu’elle prenne des précautions afin de lutter contre cette maladie.
Dr Rénovat Ntagirabiri hépato-gastroentérologue fait savoir, dans un entretien, que l’hépatite est une inflammation du foie. Les causes de cette inflammation sont multiples. Il y a des causes virales, c’est-à-dire les virus A, B, C, D, E et d’autres qu’on découvrira probablement. Il y a les toxines issus de l’alcool et des médicaments, il y a les causes métaboliques surcharges en fer, en cuivre, etc. Mais, l’organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère de la Santé publique et de la lutte contre le Sida axent sur les hépatites B et C qui peuvent passer à la chronicité et qui ont des médicaments et des vaccins.
Les hépatites peuvent être guéries
Dr Ntagirabiri fait savoir que l’hépatite C a un traitement qui peut durer trois mois jusqu’au maximum 6 mois et le virus disparaît. L’hépatite B a un traitement qui peut durer plusieurs années, mais l’avantage de l’hépatite B, c’est qu’il a un vaccin. Quand on se fait vacciner, on ne peut plus attraper le virus de l’hépatite B. Cela montre qu’il y a moyen de vaincre ces hépatites.
Dr Ntagirabiri indique qu’on attrape le virus par la transmission. On peut attraper le virus par les objets qui sont souillés et qui coupent la peau, comme le partage des aiguilles, des lames de rasoir, des seringues pour ceux qui en font un usage multiple. Il y a aussi la voie sexuelle, la transmission mère-enfant et la transfusion sanguine. Cette dernière ne constitue plus une source de contamination importante, car on y met des mesures pour dépister d’abord le donneur de sang
Des symptômes semblables à ceux de la grippe
Dr Ntagirabiri fait savoir qu’en premier lieu, les symptômes des hépatites sont comme ceux de la grippe à savoir, les douleurs des articulations, les douleurs des muscles, rarement la fièvre, les yeux qui changent de couleur, ce qu’on appelle la jaunisse, mais cela se manifeste au début. Après, il passe une très longue période de plusieurs années sans signes. Mais, entre temps, la maladie se développe et la plupart des gens découvrent la maladie au stade de cirrhose. Les pieds, et le ventre gonflent et il y a un liquide dans le ventre. Quand il y a une tumeur du foie c’est-à-dire, le cancer, c’est à ce stade que la personne vomit du sang. A ce moment, il faut aller chez le médecin pour la prescription des examens à faire, évaluer le stade et proposer des médicaments. Mais, la meilleure façon est de toujours se faire dépister quand on se croit normale même si on n’a pas de symptômes.
Le cancer du foie et la cirrhose
Dr Ntagirabiri fait savoir que la prévention est la vaccination pour l’hépatite B. Dépister et vacciner les femmes enceintes si la femme est positive, il faut vacciner l’enfant à la naissance. Il faut aussi dépister le conjoint, dépister les frères et les sœurs, ceux qui sont positifs devraient être traités et ceux qui sont négatifs les faire vacciner.
Pour l’hépatite C, il y a des médicaments.
Les affiliés à la Mutuelle de la fonction publique, sont pris en charge à 80%. Dr Ntagirabiri indique que si on ne se fait pas soigner, la principale complication redoutable c’est la cirrhose et le cancer du foie. Pour lutter contre les hépatites, le gouvernement devrait éclairer la population, informer, faciliter l’accès aux médicaments et à la vaccination. C’est le rôle du gouvernement et de tout un chacun.
Selon Dieudonné Hakizimana, président de l’Association pour la lutte contre les hépatites virales, (ALHV) les hépatites tuent beaucoup de gens. Mais, il reconnait que les autorités burundaises commencent à s’impliquer dans la lutte contre les hépatites virales. ALHV est née en 2013 et a comme objectifs entre autres, de sensibiliser les autorités pour qu’elles prennent conscience du danger des hépatites. Le gouvernement a mis en place, en 2018, un plan stratégique d’interrompre les hépatites virales, mais on attend toujours l’exécution des projets de ce plan.
Les malades d’hépatites font face à plusieurs difficultés
Dieudonné Hakizimana indique que beaucoup de gens se font dépister grâce à la sensibilisation. Il y a de cas de personnes qui sont dépistées positives mais qui ne trouvent pas de moyens pour faire examiner la charge virale. L’examen est cher, à voir le pouvoir d’achat de beaucoup de Burundais. La Mutuelle de la fonction publique ne couvre pas cet examen même pour ses affiliés. La Mutuelle couvre le traitement de l’hépatite C.
M. Hakizimana fait savoir que, concernant l’hépatite B, il n’ y a pas de traitement curatif. Il existe seulement un traitement qui diminue le virus dans le sang, mais ce traitement n’est pas régulièrement disponible dans les pharmacies. Pour le moment, le traitement de l’hépatite B est mis sur la liste des médicaments essentiels, mais on attend sa disponibilité sur le marché.
M. Hakizimana lance un appel à toutes les autorités habilitées de s’impliquer davantage en ce qui concerne la disponibilité des traitements contre les hépatites virales. Il devrait y avoir un suivi régulier ou un système de régulation des pharmacies, car il y a ceux qui vendent les médicaments à des prix élevés. Le gouvernement devrait également prendre en charge les indigents qui n’ont pas de moyens d’acheter les médicaments. Il faut aussi rendre disponible les réactifs dans tous les hôpitaux pour permettre de faire facilement des examens de la charge virale.
Notre interlocuteur indique que l’association ALHV s’implique activement aussi dans la lutte contre les hépatites virales. Les membres de l’association essaient de faire des lobbyings auprès des pharmacies dans d’autres pays, afin de livrer des médicaments à des prix abordables. A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre les hépatites, l’association ALHV envisage de faire des campagnes de sensibilisation de la population ainsi que le dépistage. Les séances de sensibilisation sont essentiellement axées sur les connaissances des hépatites. Les gens devraient connaitre les symptômes des hépatites, comment elles sont transmises et comment on peut s’en prévenir. La population devrait aussi savoir comment se comporter lorsqu’une personne a attrapé telle ou telle hépatite.
Lucie Ngoyagoye