Dans un contexte marqué par les enjeux de la sécurité alimentaire et de la diversification des revenus, la ville de Gitega, capitale politique du Burundi, est en train de vivre une transformation notable. En effet, de plus en plus de fonctionnaires se tournent vers l’agriculture comme un moyen de compléter leurs revenus et contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays. Ce mouvement, révèle une prise de conscience collective et une volonté d’agir face aux défis économiques et sociaux.
Dans les champs verdoyants de Gitega, un vent de changement souffle. Loin des bureaux, des hommes et femmes en uniforme retroussent les manches et s’adonnent à une activité inattendue : l’agriculture. Motivés par un désir d’autonomie alimentaire et de complémentation de leurs revenus, ces fonctionnaires citadins ouvrent une nouvelle voie, transformant ainsi le paysage agricole de la capitale politique du Burundi. Certains témoignages parlent d’eux-mêmes. «Je n’imaginais pas cultiver autant», confie le prénommé Jean-Claude, un enseignant de 45 ans. «Mais avec la hausse des prix, j’ai réalisé que cultiver mon propre jardin, c’était aussi une façon de protéger ma famille». Son petit lopin de terre lui fournit désormais une partie des légumes et quelques fruits. La prénommée Marie-Thérèse, infirmière, aborde dans le même sens, «au début, c’était difficile de concilier mon travail et le jardinage, mais j’ai trouvé un équilibre. C’est une activité qui me détend et qui me permet de me reconnecter à la nature».
Ces témoignages révèlent une prise de conscience collective face aux défis économiques et environnementaux. Les fonctionnaires de Gitega, en se tournant vers l’agriculture, montrent l’exemple et inspirent leurs communautés. «Nous voulons montrer que l’on peut être fonctionnaire et agriculteur en même temps», souligne Pierre, un jeune ingénieur. «C’est un moyen de valoriser notre travail et contribuer au développement de notre pays».
Les motivations de ces nouveaux agriculteurs sont multiples. En effet, la sécurité alimentaire. Face à la volatilité des prix, cultiver ses propres aliments est un moyen de garantir une alimentation saine et équilibrée pour sa famille. Il faut souligner le complément de revenus. Les revenus issus de la vente des produits agricoles permettent d’améliorer le niveau de vie et de financer des projets personnels. Cultiver sa terre revient à entretenir un lien avec la terre. Pour beaucoup, cultiver la terre est un retour aux sources, un moyen de se reconnecter à leurs racines et traditions. Pour certains, c’est aussi un engagement citoyen. En produisant localement, ces fonctionnaires contribuent à renforcer l’économie locale et réduire l’empreinte écologique.
Si cette initiative est louable, elle n’est pas sans défis pour ces nouveaux exploitants agricoles. Le manque de temps, de terres, l’accès limité aux intrants agricoles et le manque de connaissances techniques sont autant d’obstacles à surmonter. «Il faut trouver des solutions pour faciliter l’accès à la terre, notamment pour les jeunes fonctionnaires», laissent entendre nos interlocuteurs.
Amédée Habimana