Depuis un certain temps, le processus électoral de 2025 est en cours au Burundi. Le code électoral et toutes les lois qui l’accompagnent, la structure nationale en charge des élections et ses démembrements sont déjà mis en place, l’enrôlement des électeurs est déjà terminé, etc. Tout cela montre que le train vers les élections de 2025 est en marche. Tous nos interlocuteurs apprécient l’état d’avancement des activités de la Commission électorale nationale indépendante et interpellent les hommes politiques, candidats dans ces élections, à préparer des bons projets de société à présenter à la population, lesquels projets permettront le pays à enregistrer un autre pas vers son développement.
D’après Aimé Pascal Nduwimana, représentant légal de Ministères africains de compassion (MAC-Burundi),l’état d’avancement des activités conduisant vers les élections de 2025 est satisfaisant. Il salue le fait que la Ceni et ses démembrements aient été mis en place, l’établissement du calendrier électoral, l’enrôlement des électeurs, etc. « Tout cela montre que nous sommes déjà dans le processus électoral et que le train est en marche », souligne-t-il. M. Nduwimana apprécie aussi le fait que différents partenaires électoraux, dont la société civile sont impliqués et suivent de près le processus de 2025 et qu’elles y participent en tant qu’observateur depuis longtemps, c’est-à-dire depuis 2010.
Même observation Chez le président du parti Uprona, Olivier Nkurunziza, qui fait remarquer lui aussi que le processus électoral de 2025 a déjà commencé parce que la Ceni et ses démembrements sont déjà en place ; le calendrier électoral est déjà là ; l’activité d’enrôlement des électeurs est déjà terminé, etc. Selon lui, tous les organes sont en place c’est-à-dire que les élections sont déjà en cours de préparation. Il se réjouit en outre que même certaines lacunes du calendrier électoral qui n’étaient pas du tout conforme au code électoral ont été corrigés au cours des réunions de la Ceni avec les leaders des partis politiques. M. Nkurunziza souligne que son parti politique est aussi satisfait du fait que la Ceni n’a pas exigé beaucoup de documents comme avant. Pour le moment, informe-t-il, les leaders des partis politiques, sont en train de confectionner les listes et tous les documents exigés pour acheminer ces listes des candidats à la Ceni.
Au niveau du parti Rassemblement des démocrates pour le développement au Burundi (Radebu), ils sont eux aussi satisfaits de l’état d’avancement des activités de la Ceni, comme le souligne Jean de Dieu Mutabazi, président de ce parti. Il affirme que le processus des élections locales de 2025 est bel et bien déjà lancé compte tenu de l’état d’avancement des activités déjà réalisées par la Ceni. « Après la promulgation du code électoral, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et ses démembrements provinciaux et communaux sont à l’œuvre. Les insignes ou emblèmes des partis politiques, coalitions ou indépendants viennent d’être déposés au siège de la Ceni, les partis politiques qui désirent de participer aux élections s’activent pour rassembler les éléments nécessaires de leurs dossiers aux législatives et aux communales. Donc, à l’étape actuelle, le Radebu est satisfait des activités de la Ceni », souligne-t-il.
Le président du parti Radebu dit être satisfait aussi par le fait que la Ceni est en train de conduire le processus électoral d’une manière participative en organisant des séances de dialogue et de consultation avec les partis politiques et autres acteurs politiques. Il est aussi satisfait car la Ceni a tout fait pour réduire la liste des éléments des dossiers des candidats aux législatives et aux communales.
A la question de savoir si au niveau de la société civile, on trouve que le calendrier électoral est lacunaire, comme le disent certains hommes politiques, le représentant légal de MAC-Burundi. Aimé pascal Nduwimana dit qu’il faut analyser ce genre de commentaires deux manières. D’abord les hommes politiques ou les candidats aux élections ne diront jamais qu’ils sont totalement satisfaits ou qu’ils ont terminé à se préparer. « Il préfèrent toujours avoir du temps pour se préparer davantage. D’où ils ont toujours des commentaires et des demandes à formuler. Or, quand quelqu’un a un objectif de se faire élire, il doit s’y préparer depuis longtemps car normalement les élections se préparent à la fin des élections précédentes. C’est ça le grand problème pour certains hommes politiques burundais. Ils se réveillent à la dernière minute quand les élections arrivent ou approchent ». Selon M. Nduwimana, une autre analyse à faire là-dessus est que ces gens ne sont pas normalement prêts pour la compétition électorale.
Penser d’abord aux bons projets de société
D’après le président du parti Uprona, son parti a toujours contesté la hausse des cautions pour les candidats au poste du président de la République, des parlementaires et des conseillers communaux. Demander les frais de cautions de cent millions, par exemple, pour le candidat à l’élection présidentielle, c’est beaucoup en cette période. Il fallait exiger moins parce que tenant compte de la situation économique actuelle, ça décourage beaucoup de gens, surtout les jeunes, qui souhaiteraient se faire élire ».
De son côté, le représentant légal de MAC-Burundi trouve que ceux qui se lamentent que les cautions pour les candidats à l’élection présidentielle, législative et collinaire sont trop élevées sont ceux dont leurs partis n’ont pas des membres. Il trouve que pour les partis politiques qui n’ont pas suffisamment de membres, qui ne se sont bien organisés ou qui n’existent que dans les papiers, ne seront pas capables d’avoir ces cautions. Selon Nduwimana pour se faire élire au poste du chef de l’Etat, ce n’est une décision que quelqu’un prend à la veille des élections. C’est une décision à laquelle on se prépare psychologiquement et financièrement depuis longtemps. On prépare aussi des projets de société. Donc, ajoute-t-il, tout cela ne peut pas se faire dans un laps de temps.
Même son de cloche de la part de Jean de Dieu Mutabazi il trouve qu’il n’y a pas du tout des lacunes dans le Code électoral.
Pour les hommes politiques qui disent que la caution de 100 millions de francs Burundais pour les candidats à l’élection présidentielle est très élevée, il trouve qu’un candidat aux élections présidentielles capable de mobiliser plus de 40% de d’électorat burundais ne peut pas manquer cette somme. « C’est-à-dire qu’avec trois millions des électeurs, par exemple, si chacun donne ne fusse que 100 fbu, cette question de caution peut être facilement règlée ».
Toujours à propos de la hausse des cautions, Aimé Pascal Nduwimana, trouve que cette caution va limiter et diminuer l’anarchie parce que depuis 1993, on a vu des gens qui créaient des partis politiques pour avoir des postes ou autres avantages sans avoir été élus. Elle va aussi amener les partis politiques à se coaliser pour aller aux élections étant en force. Pour notre interlocuteur, ça sera une bonne chose car le Burundi est trop petit pour que plus de vingt partis politiques ou plus de vingt candidats puissent se rivaliser. Mais, avec deux ou trois candidats représentants les partis politiques qui se sont coalisés, les campagnes vont se dérouler dans le calme sans anarchie.
Toutefois, M. Nduwimana invitent les partis politiques à se concentrer d’abord sur les projets de société qu’ils vont présenter aux électeurs, au lieu d’être stressés par les cautions. « Ce qui compte en premier, ce sont les projets de société. Sinon, pour ce qui est des cautions, celui qui s’est bien préparé depuis 2020, qui a de bons projets de société et qui a des membres pour l’élire, il n’aura pas de problème de les payer », renchérit-il.
Les querelles n’ont plus de place
A la question de savoir pourquoi aujourd’hui, il s’observe un calme par rapport aux périodes électorales des années antérieures où on avait l’habitude de voir les gens se chamailler, surtout les membres des partis politiques, Aimé Pascal Nduwimana trouve que cela s’explique par le fait que depuis 2020, les dirigeants du pays ainsi que ceux du parti politique au pouvoir n’ont ménagé aucun effort pour renforcer la paix et la sécurité au sein de la population burundaise quelque soit leur appartenance politique. Les gens ont été informés que les élections ne sont pas l’occasion de se quereller ou se lancer des messages de haine mais plutôt qu’il faut entrer en compétition dans le respect mutuel et dans la tranquillité.
Selon M. Nduwimana, les jeunes qui étaient autrefois utilisés dans la perturbation de sécurité sont aujourd’hui occupés par les activités de développement. « On trouve même des jeunes affiliés aux différentes formations politiques réunis dans une même coopérative avec un seul objectif de se développer et de développer le pays. Ils travaillent ensemble et s’entraident mutuellement. Donc, ils n’ont plus le temps de répondre aux appels des gens qui leur invitent à induire le pays dans le chao.
Pour le président du parti Uprona, ce qui fait qu’à l’approche des élections il n’y ait pas de tensions entre les membres des partis politiques c’est parce qu’au niveau du forum des partis politiques, il y a toujours eu, à chaque mois, des réunions avec le ministère de l’Intérieur du développement communautaire et la sécurité publique pour échanger sur le bon déroulement du processus électoral. Il se réjouit en outre que contrairement aux années antérieures où il y avait beaucoup de rumeurs qui poussaient les gens à fuir le pays, les Burundais sont aujourd’hui sont calmes. « La maturité est là. Pour dire que les gens savent que les élections constituent une partie de la vie. Ils ont compris qu’il n’y a pas de raisons de perturber la sécurité ou de fuir le pays pendant la période électorale car on va toujours organiser des élections même dans les années à venir ».
De son côté, M. Mutabazi se réjouit lui aussi que la paix règne sur toute l’étendue du territoire du pays, que la situation sociopolitique du Burundi est caractérisée aujourd’hui par le calme et la quiétude et que la population burundaise vaque à ses activités quotidiennes sans se douter de quoi que ce soit. « Cela n’a pas toujours été le cas dans le passé. Si le peuple burundais, surtout les jeunes, dans ses multiples diversités, ethniques, politiques, religieuses, régionales, etc, ne veut plus répondre aux sollicitations des hommes politiques pécheurs en eau trouble, détracteurs de la paix sociale et civile, c’est parce qu’il est en train de prendre conscience de ses priorités et qu’il sait aujourd’hui très bien distinguer le blé de l’ivraie. Le peuple burundais d’aujourd’hui sait très bien ce qui passe avant tout et cela c’est la paix, la stabilité du pays et des institutions», a-t-il souligné Pour lui, cette prise de conscience du peuple burundais est donc une forme de sauvegarder les acquis de l’indépendance, de la restauration de la démocratie, de la paix et la stabilité.
La population s’en réjouit aussi
Pour Philbert Ndayisenga, habitant de la zone Ruziba, en commune Muha, le calme qui règne dans le pays prouve que la démocratie continue à s’enraciner du jour au jour dans les esprits des Burundais. Il trouve aussi que compte tenu des moments difficiles que le pays a traversés, surtout en 2015, les Burundais ont pu ouvrir les yeux. Pour dire que les gens ont été touchés d’une manière ou d’une autre et que cela a été une leçon pour eux. Ils ont déjà compris que la période électorale n’est pas pour se chamailler ou se lancer des injures, mais plutôt que c’est une compétition où c’est le peuple burundais qui doit trancher et donner le pouvoir à celui qu’il veut. Donc, cette maturité politique, ajoute-t-il, s’est déjà enracinée dans les esprits des Burundais et aujourd’hui ils savent que cette compétition doit se passer pacifiquement et en toute tranquillité sans considérer les adversaires comme des ennemis. Il invite ainsi les responsables des partis politiques à continuer de bien encadrer leurs membres afin de garder le calme durant toute la période électorale, le jour des élections et après les élections.
Même son de cloche de la part d’Evelyne Misigaro, de la zone Kanyosha dans la même commune. Elle dit que depuis 2005, il s’est déjà remarqué qu’après les élections, les gens continuent à cohabiter pacifiquement et à s’entraider mutuellement malgré leur appartenance aux différentes idéologies politiques. « Donc, il n’y a pas de raison que les gens s’entretuent ou se chamaillent pour de simples élections qui ne durent qu’une seule journée. Ils ont bien fait de garder le calme et sauvegarder la paix et la sécurité » a-t-elle explique. Pour Madame Misigaro, avec les difficultés que le pays a connues dans le passé, au cours des périodes électorales antérieures, les gens ont tiré des leçons. Elle trouve qu’il serait regrettable que le pays sombre encore dans les mêmes situations.
En définitive, tous nos interlocuteurs apprécient l’état d’avancement des activités de la Ceni et souhaitent que les élections de 2025 et voire même celles de 2027 soient caractérisées par le calme le plus absolu. Pour M. Ndayisenga, il faut que chaque acteur politique et partenaire électoral mette tout son paquet pour qu’il n’y ait pas des chicaneries entre les membres de différentes formations politiques.
Astère Nduwamungu
Département de la
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