Le diabète est une maladie chronique qui apparaît lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline ou que l’organisme n’utilise pas correctement l’insuline qu’il produit. L’insuline étant une hormone qui régule la concentration de sucre dans le corps, la concentration sanguine élevée de sucre dans le corps est un effet fréquent du diabète non contrôlé qui conduit à des complications et faisant le diabète une des maladies les plus mortelles. Le Docteur Anthony Nsabiyumva invite les gens à faire un dépistage du diabète tous les trois ans surtout chez les personnes de 40 ans et plus pour s’en prévenir. Il donne aussi des conseils aux diabétiques de bien se comporter et de suivre les conseils des médecins afin de vivre longtemps avec cette maladie.
Le diabète est une maladie chronique non transmissible qui est liée à l’augmentation du taux de glucose dans le sang (hyperglycémie) survenant du fait de la carence relative ou absolue d’une hormone appelée « insuline ». Il existe plusieurs types de diabète mais les plus connus sont le type 1 et le type 2. Les deux types de diabète peuvent entraîner des complications au niveau de plusieurs parties du corps et peuvent augmenter le risque général de décès prématuré. Parmi les complications éventuelles figurent l’accident vasculaire cérébral, l’insuffisance rénale, l’amputation des jambes, la perte de la vision, des lésions nerveuses, etc. Pendant la grossesse, une mauvaise maîtrise du diabète augmente le risque de mortalité fœtale et d’autres complications, comme le souligne le rapport mondial produit en 2016.
D’après la Fédération internationale du diabète (FID), en 2021, 10,5% de la population adulte (20 ans et plus) était diabétique, soit 537 millions de personnes au niveau mondial avec une augmentation estimées à 783 millions de diabétiques d’ici 2045. La même année, environ 6,7 million de décès imputables au diabète ou à ses complications ont été enregistrés faisant de la maladie l’une des plus grandes urgences sanitaires du 21ème siècle.
Le diabète, une maladie chronique d’ampleur redoutable
Selon toujours le rapport mondial, le diabète constitue un problème de santé publique majeur pour les adultes et les jeunes. Au cours des dernières décennies, il y a eu une augmentation constante du nombre de cas de diabète et de la prévalence de la maladie : 537 millions d’adultes vivaient avec le diabète en 2021, et à 108 millions en 1980. Une statistique encore plus alarmante est que 3 adultes sur 4 atteints de diabète vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire contredisant ainsi le fameux mythe de « diabète, une maladie des riches ».
La moitié des personnes vivant avec le diabète sont des malades qui s’ignorent, une statistique encore plus vérifiée en Afrique où 53,6% de diabétiques sont atteints sans toutefois le savoir.
Comme pour bon nombre de maladies chroniques et du fait de ses complications graves, le diabète est une maladie coûteuse pour les malades et leurs familles, pour les systèmes de santé et pour les sociétés dans leur ensemble.
Diabète, pourvoyeur de complications s’il est insuffisamment traité
D’après Docteur Anthony Nsabiyumva, médecin diabétologue et consultant au Centre de lutte contre le diabète au Burundi (Clucodia), le diabète est une maladie chronique caractérisée par un taux de glucose excessif dans le sang (hyperglycémie) survenant du manque absolu d’insuline (diabète de type 1) ou du manque relatif, voire une inefficacité, de l’insuline présente (diabète de type 2). « Le diabète est avéré lorsque la glycémie à jeun mesurée en laboratoire est supérieure ou égale à 7 mmol/L à deux reprises ou supérieure ou égale à 11,1 mmol/l à tout moment de la journée », ajoute-t-il.
Dr Nsabiyumva souligne qu’il existe plusieurs types de diabète (60 types recensés par l’Organisation mondiale de la santé) mais que les plus communs sont le diabète de type 1 (DT1) et le diabète de type 2 (DT2). Les symptômes étant relativement les mêmes pour les différents type de diabète et comprennent entre autres une soif excessive, une envie fréquente d’uriner (surtout la nuit), le manque d’énergie, la perte de poids. « La grande différence est que dans le DT1, ces derniers sont plus manifestes et surviennent d’une manière brutale (en quelques jours ou semaines) tandis que pour le DT2, les symptômes passent généralement inaperçus et peuvent se développer sur plusieurs années (un individu peut passer 5 à 10 ans avec la maladie sans toutefois le savoir) ».
Selon lui, il n’y a pas de « petits diabètes » ou de diabètes plus graves que d’autres. Tout type de diabète insuffisamment traité est pourvoyeur de complications invalidantes voire même mortelles dont la cécité, l’insuffisance rénale, les atteintes neurologiques et autres maladies cardiovasculaires.
Les causes, pas entièrement connues
Parlant des causes du diabète, Dr Nsabiyumva informe qu’elles ne sont pas entièrement connues, mais qu’il existe un ensemble de facteurs favorisants ou facteurs de risque. C’est entre autres une prédisposition génétique (familiale) et certains facteurs environnementaux qui peuvent être à l’origine de la destruction des cellules pancréatiques responsables de la production de l’insuline résultant en une carence totale en insuline et l’apparition du DT1. Il existe d’autres facteurs comme l’âge (à partir de 40 ans et plus), le facteur familial, l’hypertension artérielle, l’excès de poids, le manque d’activité physique, le tabac, la consommation abusive d’alcool, une alimentation trop riche en sucres et graisses mais aussi, chez les femmes, le fait d’accoucher d’un bébé de 4 kg ou plus.
Cependant, Dr Nsabiyumva souligne que c’est recommandé de faire un dépistage du DT2 tous les trois ans chez les personnes de 40 ans et plus ; et même plus tôt ou plus fréquemment chez les personnes qui présentent plusieurs facteurs de risque dont les antécédents familiaux, surpoids ou obésité, tabac, sédentarité, etc.
Une forte augmentation du nombre de diabétiques
Parlant des patients qui fréquentent le Centre de Lutte Contre le Diabète (Celucodia), Dr Nsabiyumva informe d’abord que selon les statistiques de la Fédération internationale du diabète (FID), en 2021, le nombre de personnes vivant avec le diabète au Burundi était estimé à 223.100, par extrapolation. « Au Celucodia, structure pionnière dans la prise en charge intégrée du diabète au Burundi, nous constatons une forte augmentation du nombre de diabétiques en comparaison avec années antérieures. Sur les deux dernières années, une centaine de patients nouvellement diagnostiqués sont enregistrés chaque mois, soit 1200 nouveaux cas par an en moyenne ». Il ajoute aussi qu’un effectif de 394 diabétiques de type 1 est suivi au Celucodia depuis 2017 à ce jour.
Il informe aussi que le DT2 est plus fréquent (plus de 90% des malades) et survient principalement dans la population adulte (≥ 35 ans) au moment où le DT1 ne représente qu’environ 8% des cas et est le plus souvent détecté au cours de l’enfance ou au début de l’âge adulte. « Les hommes étant statistiquement plus à risque de développer la maladie par rapport aux femmes».
A la question de savoir s’il est possible de se prévenir contre le diabète, notre interlocuteur souligne que le dépistage précoce de la maladie est l’un des moyens majeur de se prévenir et cela même si on n’a aucun des symptômes déjà mentionnés. « Cela permet de faire le point sur l’état de santé de tout un chacun en sachant qu’il existe un stade défini comme le pré-diabète caractérisé par une glycémie à jeun constamment comprise entre 6,1 et 6,9 mmol/l. Ce stade est également un facteur de risque augmentant la probabilité d’une survenue ultérieure du diabète. A ce niveau, une prise en charge précoce comprenant une alimentation saine et équilibrée, la réduction de consommation de sucre, l’arrêt du tabac et une activité physique régulière peut retarder voire même prévenir l’apparition du diabète ».
Prendre des mesures pour réduire l’impact du diabète
Concernant les mesures prises ou à prendre pour réduire l’impact du diabète au Burundi, Dr Nsabiyumva salue d’abord les différentes initiatives déjà entreprises par l’Etat du Burundi pour la prévention et la prise en charge optimale du diabète au Burundi. Il mentionne entre autres la mise en place d’un Programme de lutte contre les maladies chroniques au niveau du Ministère de la Santé Publique ; l’équipement des structures de soins primaires d’appareils de dépistage à travers tout le pays ; la gratuité des insulines pour les jeunes enfants vivant avec le diabète, etc ».
Pour freiner la progression de plus en plus alarmante de la maladie au Burundi, il propose de faire d’abord face à certains défis majeurs liés à la méconnaissance de la maladie par la population. « Cela passe notamment par la vulgarisation des connaissances relatives au diabète à travers des campagnes de sensibilisation et de dépistage à grande échelle ». Il ajoute qu’il est aussi nécessaire de faire un accompagnement et un suivi des patients par un personnel soignant bien outillé et formé. « L’accessibilité à des prix réduits des médicaments et autres examens de suivi pour une meilleure gestion de la maladie et la prévention de ses complications peuvent aussi aider à freiner la progression du diabète ».
Dans la même optique de freiner la progression du diabète, Dr Nsabiyumva invite les gens à observer une hygiène de vie saine (c’est-à-dire une alimentation équilibrée, activité physique régulière, ne pas fumer, la consommation modérée d’alcool, etc). Cela, ajoute-t-il, est à adopter pour toute personne vivant avec le diabète ou pas. « Le dépistage précoce est également de mise et plus particulièrement chez les personnes disposant des facteurs de risque déjà évoqués ». Selon lui, vivre avec le diabète n’est pas une fatalité car en étant bien traité, on a une espérance de vie équivalente à tout autre individu normal. Il faut, toutefois, l’auto-surveillance continue de la maladie, l’accompagnement par un médecin traitant et la prise régulière du traitement.
Témoignages
Témoignant sur son état de santé, Dieudonné Ndikuriyo, diabétique du type 2 depuis 10 ans, dit qu’il avait des courbatures et une faiblesse dans tout le corps. Il avait aussi souvent une grande soif, une faim injustifiable et une fatigue interminable. Il tombait souvent malade et un jour, un médecin lui a proposé d’aller faire un dépistage du diabète et les résultats ont montré qu’il avait le diabète type 2. « J’ai réalisé que cette maladie m’avait attaqué depuis, mais je n’avais aucune idée sur les symptômes du diabète. Je voyais souvent ces symptômes, mais je ne pouvais pas penser qu’il s’agissait de cette maladie».
Selon lui, depuis lors, il a été désespéré croyant qu’il allait mourir car il avait entendu les gens dire qu’une personne atteinte de cette maladie ne peut pas vivre longtemps . « Je sentais chaque jour que la mort approche. A un certain moment je sentais que je ne suis pas comme les autres et je me tenais souvent à l’écart. Chaque fois, j’étais angoissé parce que je pensais que je pouvais mourir à tout moment».
Parlant de la gestion de cette maladie, notre interlocuteur dit que c’est un peu complexe et compliqué car ça demande d’être concentré, organisé et prudent. « Il faut suivre les conseils de médecins, surveiller aussi le régime alimentaire, éviter la colère et le stress. Quand je sens de la fatigue, je me repose suffisamment». Selon lui, la gestion du diabète est également compliquée car on ne mange pas du n’importe quoi. « Même la nourriture que vous êtes autorisés à consommer on ne le trouve pas facilement et n’importe où ».
Même son de cloche de la part de Gérard Miburo, diabétique depuis 5 ans. Il dit que la gestion du diabète n’est pas à prendre à la légère. « C’est un peu compliqué car ça demande non seulement une grande concertation sur l’alimentation mais aussi sur le nouveau comportement à adopter, compte tenu lesconseils du médecin ». Il affirme lui aussi que le diabète est très contraignant et qu’il n’est pas facile de vivre avec au quotidien, vu ses exigences.
Ainsi, tous nos deux interlocuteurs convergent sur le fait qu’un diabétique peut exercer différentes activités génératrices de revenus comme les autres. Selon eux, l’un des grands défis pour un diabétique est le budget alimentaire qui devient largement supérieur par rapport à celui des autres qui sont normaux. « Donc, il faut avoir de l’argent parce que les aliments que les diabétiques consomment sont très chers », souligne M. Ndikuriyo. Un autre grand défi qu’ils soulèvent est la non disponibilité des médicaments parce qu’il arrive des fois où le malade commande des médicaments à l’étranger et qu’ils arrivent tardivement. «Cela peut causer des complications à la santé du malade », d’après M. Miburo.
Nos deux interlocuteurs conseillent d’autres diabétiques d’être sûrs d’eux mêmes, de garder l’espoir, de ne pas se décourager afin d’éviter les maladies opportunistes, etc. « Il faut qu’ils soient souvent en contact avec les médecins et les consulter à chaque fois de besoin ». Ils font un clin d’œil aux adultes de faire un dépistage précoce pour voir s’il leur santé est saine et non pas attendre de le faire après avoir tombé malade.
Astère Nduwamungu
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