
Mme Nibaruta : « Adhérer aux méthodes contraceptives nous permettra de participer acrivement au développement du pays » (Photo Rose Mpekerimana)
Les peuples autochtones commencent à prendre conscience du bien fondé de la planification familiale dans leur localité. Mais, beaucoup parmi eux sont bloqués par leurs mentalités prétextant qu’ils sont moins nombreux par rapport aux autres ethnies, qu’il faut donc continuer à se reproduire. Les agents de santé communautaires plaident pour la sensibilisation exclusive pour les autochtones en se basant sur leurs besoins spécifiques pour changement de mentalités.
Le directeur du Programme national de santé de la reproduction (PNRS), Ananis Ndacayisaba, a fait savoir que pour atteindre la vision du Burundi emergent en 2040 et développé en 2060, le ministère de la Santé publique et de lutte contre le sida multiplie des séances de sensibilisation pour que toute la population burundaise ait accès à l’information sur les méthodes contraceptives modernes disponibles au Burundi. «C’est aussi pour briser les rumeurs autour de la planification familiale en interpellant tout un chacun de fréquenter les structures de soins ou les agents de santé communautaire afin d’avoir les informations fiables sur ladite politique », précise-t-il.
Dr Ndacayisaba ajoute qu’en organisant de telles séances de sensibilisation, le ministère en charge de la santé en collaboration avec l’administration à la base tient compte des catégories vulnérables. Il cite notamment le peuple autochtone, les personnes vivants avec handicap, les populations clées ainsi que les hommes en particulier pour briser leur réticence.etc.
Il interpelle toute la population en général, à répondre à ces séances de sensibilisation afin de faire face à la forte démographie pour atteindre le développement durable du Burundi.
Briser la réticence des hommes batwa en particulier
Nous sommes dans la zone Buterere. «Le journal Renouveau du Burundi» s’est entretenu avec deux personnes en provenance du peuple autochtone de ladite zone. Egide Maniratunga accepte qu’il s’est déjà entretenu avec un agent de santé communautaire sur les méthodes modernes et naturelles de contraception: « un agent de santé communautaire est passé souvent chez moi. Elle nous a parlé des méthodes contraceptives pour réussir la planification familiale. Mais, je ne suis pas d’accord que nous puissions adhérer à ces méthodes au même degré que les gens d’autres ethnies. Nous sommes moins nombreux par rapport à eux. Pour ce faire, nous pourrons au moins mettre au monde 5 enfants. Les autochtones sont ménacés par différentes maladies puisque nous n’avons pas de moyens pour nous faire soigner. Si nous avons trois enfants seulement et qu’il arrive qu’un ou deux succombent à cause de ces maladies, nous pouvons dans ce cas disparaître petit à petit», précise M. Maniratunga avant de citer les effets néfastes qu’il a déja entendu sur les méthodes modernes de contraception. Il demande les séances de sensibilisation pour avoir de vraies informations sur les pratiques de la planification familiale.
Denise Nibaruta, une femme autochtone de la zone Buterere, reconnu qu’elle est déjà sensibilisée sur la planification familiale atteste ceci» Je suis consciente que j’ai besoin de mettre au monde les enfants dont je suis capable de prendre en charge. Cela puisque ce sont les femmes qui souffrent quand il n’y a pas un espacement de naissance. Ce sont également elles qui rencontrent des difficultés quand elles ne trouvent pas de quoi nourrir leurs enfants, quand ces enfants tombent malades, quand ils ne fréquentent pas l’école, etc», indique-t-elle. Celle-ci affirme qu’elle a toute la volonté d’adhérer aux méthodes modernes de contraception. Mais, elle fait face à la résistance de son mari qui n’accepte pas que sa femme pratique la politique de la planification familiale.
Mme Nibaruta révèle aussi que le peuple autochtone n’est pas bien sensibilisé sur la planification familiale:» Lorsqu’il est organisé des séances de sensibilisation sur la planification familiale, les Batwa ne sont pas suffisamment représentés. Même ceux qui sont invités n’osent pas révéler leurs barrières spécifiques pour adhérer à ladite politique», signale-t-elle
Elle suggère que les intervenants en matière de planification familiale prennent en compte les besoins spécifiques des Batwa et organisent par conséquent des séances de sensibilisation ciblées destinés à eux seulement. Elle affirme que les différentes informations reçues peuvent les permettre de changer leurs mentalités et adhérent massivement aux méthodes contraceptives dans le but de contribuer activement au développement du pays.
Prendre en compte les besoins spécifiques du peuple autochtone
Marie Nibigira, présidente de l’association des Batwa mairie de Bujumbura et agent de santé communautaire dans la zone de Buterere, précise que, les Batwas ne sont pas suffisamment sensibilisés sur la planification familiale. Cela parce que, malgré les séances de sensibilisation organisées par les agents de santé communautaire en collaboration avec l’administration à la base, certains d’entre eux restent réticents. Ils privilégient les rumeurs qu’ils ont entendues sur la planification familiale et ne veulent pas fréquenter les structures de soins pour avoir de vraies informations. D’autres ignorent carrément les méthodes contraceptives.
Mme Nibigira indique pour ce faire que les intervenants en matière de la promotion de la planification familiale devraient prendre en compte les spécificités des Batwa et organiser des séances destinées à eux seulement. Cela pourrait avoir de bons résultats puisque les Batwa trouveraient un cadre d’échange. Elle suggère en outre qu’il faut multiplier des séances de sensibilisation pour essayer de toucher le maximum possible des hommes batwa qui semblent être réticents à ladite politique.
Elle saisit l’occasion pour interpeller tout le peuple autochtone en général et celui de Buterere en particulier de répondre à la politique de la planification familiale afin d’être productifs et participer au développement du pays.
Rose Mpekerimana