L’expression « Technologies de l’information et de la communication (TIC) » est principalement utilisée dans les milieux académiques pour désigner le domaine de la télématique, c’est-à-dire les techniques de l’informatique, de l’audiovisuel, des multimédias, d’Internet et des télécommunications qui permettent aux utilisateurs de communiquer, d’accéder aux sources d’information, de stocker, de manipuler, de produire et de transmettre l’information sous différentes formes. En d’en savoir davantage sur l’état des lieux du développement des technologies de l’information et de la communication au Burundi, nous nous sommes entretenus avec des experts en matière des TIC et en communication et médias. Ils nous ont parlé du niveau de développement de ces secteurs, des défis ainsi que des opportunités dont dispose le Burundi pour se hisser au niveau des autres pays de la sous région et du monde entier en ce qui concerne les TIC et la communication.
A la question de savoir si le Burundi suit le rythme mondial en ce qui concerne le développement des TIC, le Directeur général des Publications de presse burundaise et expert-consultant en matière des TIC, Nathan Ntahondi, nous a répondu que les TIC sont des outils électromagnétiques qui permettent la transmission, l’émission, la réception des images, des sons, des textes de toute nature à une longue distance. Ce sont des outils de travail dans le contexte de l’économie numérique a-t-il précisé.
Le Burundi connaît certains défis
Parlant des défis au développement des TIC au Burundi, M. Ntahondi a indiqué qu’ils ne sont pas moindres et qu’il faut trouver des solutions. « Ce sont notamment les défis liés à l’adaptation du cadre réglementaire ; la non disponibilité de l’énergie et le manque de capacités en ressources humaines ; le manque d’équipements qui suivent la technologie actuelle, etc ». Selon lui, bien que le Burundi ait déjà marqué un pas dans le développement des télécommunications, beaucoup de choses restent à faire pour rattraper le retard, si on essaie de faire une comparaison avec d’autres pays. « Le cadre réglementaire devrait permettre la matérialisation de plusieurs services TIC. La protection des consommateurs et des fournisseurs des services TIC devrait être aussi une autre préoccupation à lever ».
D’après M. Ntahondi, il faudrait aussi chaque fois adapter le cadre réglementaire au contexte de l’évolution technologique, renforcer les capacités en ressources énergétiques et humaines, aussi et surtout chercher à combler le déficit numérique mental. « Des discours d’encouragement à l’utilisation des outils TIC devraient occuper beaucoup d’espace ».
De son côté, l’expert-consultant en communication et médias, Evode Ndayizigiye, trouve qu’à travers le développement des TIC, des médias et de la communication au Burundi, ont voit que les TIC ont bousculé et continuent de bousculer les manières de travailler des médias. « La preuve en est que, si l’on n’y prend pas garde, les réseaux sociaux risquent de prendre le devant sur les médias et la communication classique ». Cela du fait que le secteur des médias et de la communication connaît un bon nombre de faiblesses. « C’est entre autres le cadre légal qui a besoin de modification pour prendre en compte les préoccupations liées principalement à la radiodiffusion communautaire ; l’insuffisance des moyens techniques et financiers ; l’insuffisance du fonds d’appui aux médias; l’absence d’un plan de formation ; le manque d’équipement de production ; la faible puissance des équipements de transmission ; l’archivage non adapté aux techniques modernes ; etc ».
Cependant, d’après l’expert-consultant en TIC, le Burundi a la chance de lever tous ces défis parce que la volonté politique du Gouvernement laborieux et responsable de développer les TIC est manifeste. « La preuve en est que cette volonté politique est concrétisée par la mise en place des organes de gestion et des cadres réglementaires ainsi que la mise en place des équipements des Télécommunications comme la Fibre optique ».
Des menaces hantent le secteur de la communication et médias
L’expert-consultant en communication et médias, Evode Ndayizigiye, n’a pas manqué de parler de certaines menaces auxquelles se heurte le secteur de la communication et des médias. « Les plus saillantes sont le brouillage dans certaines zones du pays par les stations de radios étrangères ; l’évolution technologique qui dépasse le potentiel sectoriel ; la rétention de l’information ; l’instabilité du personnel ; les barrières linguistiques ; le déficit énergétique ; le coût élevé des consommations électriques ; l’embouteillage sur la bande FM ; l’exonération plafonnée par rapport aux importations des équipements audio-visuels ; l’impasse au niveau de l’opérationnalisation de la STNB, etc.
La fibre optique, un outil indispensable pour le développement des TIC
Nous avons également cherché à savoir s’il est normal qu’on parle toujours des lacunes en matière des TIC au Burundi alors qu’il y a la fibre optique qui pourrait aider la société burundaise à se placer au niveau des autres sociétés. D’après l’expert en TIC, Nathan Ntahondi, avec la dotation du Burundi de la fibre optique dans tout le pays, jusqu’aux chefs lieux des provinces, le Burundi a cherché à rattraper le train déjà en marche car plusieurs pays du monde ont déjà emprunté ce chemin vers une connectivité sans faille. Il ajoute en outre que l’optimisation des bénéfices de la fibre optique exige beaucoup de choses à faire avec des moyens financiers qui doivent suivre. D’où la conjugaison des efforts entre le secteur public et privé s’avère indispensable.
Notre interlocuteur souligne que pour qu’il y ait cette conjugaison des efforts pour le développement des TIC et une bonne exploitation de la fibre optique, il faut d’abord comprendre que le monde vit aujourd’hui une économie numérique. « Pour vivre totalement cette économie digitale, il faudrait organiser des conversations sectorielles avec un objectif ultime de générer des recommandations en vue d’un plan d’action conjoint public-privé. Ces dernières jetteront les bases d’un partenariat entre les secteurs public et privé qui facilitera l’émergence d’une économie numérique et équitable, qui allégera la fracture numérique; une économie numérique qui bénéficie à toutes les composantes de la population burundaise ».
Apprendre à vivre l’économie numérique
A la question de savoir ce que les Burundais peuvent faire pour bien exploiter les technologies de l’information et de la communication afin de se développer et développer leur pays, M. Ntahondi souligne qu’il faut d’abord qu’ils changent de mentalité et vivent le présent. « Il faut apprendre à vivre l’économie numérique par l’utilisation rationnelle des TIC. Ces dernières changent le mode de vie. J’encourage les Burundais à s’approprier l’usage des TIC pour leur développement inclusif ».
Il trouve aussi que le Régulateur et les opérateurs devraient aussi chercher à promouvoir l’accès communautaire, afin de permettre aux populations vivant dans les zones rurales de bénéficier des TIC. « L’usage des kiosques Internet à l’intérieur du pays pourrait constituer les points d’accès communautaires. Les partenaires au développement des TIC au Burundi (gouvernement, opérateurs et bailleurs) devraient se mettre ensemble pour rendre plus opérationnel le Fond de Service Universel. Le Gouvernement devrait encourager la fourniture de services TIC à des prix abordables par les populations sans pouvoir d’achat. Enfin les textes qui régissent le secteur des TIC devraient tous être adaptés au rythme actuel de l’évolution technologique ».
De son côté, M. Ndayizigiye trouve qu’il faut matérialiser la volonté du chef de l’Etat clairement exprimée le 28 janvier 2021 en terme de rasséréner le climat dans le secteur des médias et de la communication après la crise de 2015 qui a beaucoup pesé sur ces secteurs. En plus, les pouvoirs publics devraient à nos jours reconnaitre véritablement l’importance et l’utilité de la communication, des médias et des TIC et par voie de conséquence, doter ces secteurs de ressources suffisantes à la hauteur de leur action. « Je recommande entre autres que l’enveloppe prévue pour la communication et les médias au niveau du Plan national de développement (PND) soit disponible, ce qui donnerait un bout de souffle au secteur ».
Tous nos interlocuteurs convergent sur la nécessité de renforcer les capacités tant techniques qu’institutionnelles des médias afin de permettre au secteur de la communication et médias et des TIC d’être compétitif au niveau mondial.
Astère NDUWAMUNGU
Département de la documentation