Aujourd’hui étudiant à l’Université du Burundi dans la faculté de Psychologie et science de l’éducation, 1er Bac, Régis Bigirindavyi est un aveugle qui a évolué dans le système de l’éducation inclusive depuis la septième année jusqu’à l’année terminale au Lycée Notre dame de la sagesse de Gitega. Il a fait face à différents défis durant son cursus scolaire.
« Je suis né comme les autres. A deux ans de naissance, j’ai attrapé la méningite. Je suis devenu malvoyant. Jusqu’à 7 ans, je voyais avec un seul œil. A l’âge scolaire, mes parents m’ont amené dans une école ordinaire. Mais, je n’ai pas pu continuer à cause de ce problème de vision. Ils m’ont ensuite amené dans une école spécialisée à différentes sortes d’handicap. J’ai bien évolué et j’ai été orienté au Lycée pilote de l’éducation inclusive qui est le Lycée Notre Dame de la Sagesse de Gitega, ex- CND où j’ai fait mes études depuis la 7e jusqu’à l’année terminale », a dit M. Bigirindavyi.
Arrivé à l’internat au premier jour, tous les élèves se précipitaient pour voir ce miracle qui vient perdre ce temps en voulant étudier en tant qu’aveugle avec les autres élèves valides. « J’ai eu peur parce que, depuis mon enfance, tout le monde disait que je n’ai pas de valeur. J’ai imaginé comment je vais évoluer dans le système d’internat en tant qu’aveugle avec les autres élèves normaux. Mais, comme j’avais une vision de faire mes études jusqu’à l’université, j’ai résisté à toutes les humiliations de différents élèves », a-t-il signalé.
Au cours de ses études secondaires, M. Bigirindavyi a fait face à différents problèmes. « Normalement, après les cours, d’autres élèves observent une petite pause et un temps pour réviser les cours. Cela n’était pas le cas pour moi. Car, je prenais ce temps pour relire en braille ce que les autres ont écrit pendant les heures des cours. Je dormais très souvent à 23 h après avoir copié les notes. Dieu merci, malgré toutes les humiliations que j’ai encaissées, j’ai obtenu une meilleure note en 7e année. J’ai fourni beaucoup d’efforts au cours de mes études secondaires. Dieu a été toujours à mes côtés, je les ai terminées sans avoir repris aucune classe. J’ai même réussi l’examen d’Etat », a-t-il ajouté.
Certains professeurs étaient étonnés
Arrivé à l’Université du Burundi, a-t-il témoigné, ce n’était pas seulement les étudiants qui étaient étonnés de voir un aveugle franchir les portes de cet établissement, même beaucoup de professeurs m’ont demandé ce que je venais faire à l’Université du Burundi. Certains étudiants m’ont demandé comment je peux me permettre de commencer mes études à l’Université car, ils pensaient que je n’étais pas capable de faire les études secondaires. Je prenais le temps d’expliquer mon vécu à ceux qui m’ont approché pour le savoir. M. Bigirindavyi a affirmé que depuis l’école secondaire, il a eu des ami(e)s qui l’aidaient à se déplacer dans n’importe quel endroit.
La réussite de l’éducation inclusive nécessite l’implication de tout un chacun
M. Bigirindavyi a indiqué que pour qu’une éducation inclusive soit une réussite, les parents devraient être sensibilisés pour amener leurs enfants handicapés dans les écoles inclusives. Les administratifs à la base doivent s’impliquer dans l’identification des enfants handicapés pour sensibiliser leurs parents de les amener à l’école à l’âge scolaire. Ils doivent conscientiser les parents que tous les enfants qu’ils mettent au monde, y compris ceux vivant avec handicap ont les mêmes droits et les mêmes chances dans la vie.
Notre source demande au gouvernement de multiplier les écoles à système d’éducation inclusive pour donner la chance à tous les enfants d’accéder à la scolarisation.
Rose Mpekerimana