Malgré la hausse du prix du sucre, ce produit n’est pas disponible en suffisance sur le marché. Le problème résiderait-il au niveau de la production ou dans la chaine de distribution de sucre ?
La Sosumo apprécie la nouvelle structure des prix car, l’usine encaissait depuis quelques temps des pertes notamment dans la revente du sucre importé. Ce sont les propos du directeur général de la Sosumo Aloys Ndayikengurukiye lors de la réunion d’échange, le lundi 7 août 2023 sur la commercialisation de certains produits dont le sucre. Il a précisé que pendant une durée de 3 mois, la Sosumo perdait plus 700 000 FBu tiré de sa trésorerie pour chaque tonne importée de sucre vendue. Selon lui, en général, à partir du mois de septembre jusqu’en février, le sucre ne manque pas tandis que sa carence est surtout constaté quelques mois avant la récolte ainsi que les premiers mois de la récolte de la canne à sucre. L’explication fournie est qu’avant la récolte, les stocks diminuent alors que les premiers mois de la récolte, la production n’est pas automatique.
Punir les commerçants qui font des spéculations
Le DG de la Sosumo a tranquillisé l’opinion qu’au cours de ce mois d’août, la production est bonne; elle varie entre 130 et 140 tonnes par jour alors que les mois précédents la production journalière était entre 50t et 80t de sucre. M. Ndayikengurukiye a mentionné que la liste des commerçants grossistes est délivrée à la Sosumo par les gouverneurs dans les provinces de l’intérieur du pays et les administrateurs communaux en mairie de Bujumbura. Ainsi, ils doivent analyser minutieusement si ce sont des gens qui vont honorer leur engagement. Il a suggéré à l’autorité compétente de punir d’une façon exemplaire les commerçants qui font des spéculations sur le prix du sucre.
La Sosumo apprécie les nouveaux prix du sucre et la bonne production. Toutefois, le produit n’est pas disponible dans les boutiques de certains coins à en croire les consommateurs de la mairie de Bujumbura. Selon la directrice commerciale de la Sosumo Fidès Bigirimana, cette entreprise fait la commercialisation de deux variétés de sucre à savoir le sucre fabriqué par la Sosumo et le sucre importé. Les deux sont vendues au même prix. La Sosumo a quatre dépôts dont celui de Gihofi, celui de la mairie de Bujumbura sise à Ruvumera, celui de Ngozi et celui de Gitega. La Sosumo assure le transport vers les dépôts et chaque province s’approvisionne auprès du dépôt de son choix. Le prix fixé pour les grossistes est de 3 190 FBu/kg, le prix pour les demi-grossistes est de 3 240 FBu/Kg et le prix chez le détaillant est de 3 300 FBu/Kg. Mme Bigirimana a mentionné que tout le monde, même les grossistes veulent être des détaillants pour revendre le kilo à 3 300 FBu alors qu’ils l’ont acheté 3 190 FBu.
La directrice commerciale de la Sosumo a souligné que les quotas des provinces sont déterminés en fonctions de la quantité du sucre disponible dans les stocks. Ces quotas sont envoyés à l’administration qui doit départager la quantité lui accordée aux grossistes. Ces derniers se présentent aux dépôts de la Sosumo avec les bordereaux certifiant l’achat. Ainsi la Sosumo octroie à chaque grossiste la quantité lui accordée par l’administration en espérant qu’il va vendre aux semi-grossistes de sa localité. En plus des grossistes, les hautes institutions, les ministères et les banques ainsi que les associations caritatives s’approvisionnent directement à la Sosumo à 3190 FBu/kg.
Des quantités de sucre disparaissent dans la nature
Mme Bigirimana a souligné qu’il y a des individus qui se présentent avec des registres de commerce prétendant qu’ils vont vendre alors que l’emplacement qu’ils ont présenté n’existe pas. Ainsi, la quantité leur accordé disparait dans la nature. Pour contourner ce défi, la Sosumo fait l’invcentaire des commerçants manifestant l’intérêt et remplissant les conditions de collaborer avec elle dans la commercialisation du sucre. Cette procédure a été utilisée en Mairie de Bujumbura où des grandes irrégularités ont été observées dans la distribution du sucre.
En effet, le chef de cabinet du Maire de la ville de Bujumbura Charles Bahizi a indiqué que les administrateurs ont signalé que depuis le mois de mars, les listes des grossistes constituées par les administrateurs communaux n’ont pas été respectées. Il y a aussi la question de 15 t de sucre destinées à la population de la commune Mukaza qui ont disparu. Celle-ci est une affaire pendante devant les juridictions. Il est demandé que cette affaire soit vite résolue pour que la population ait sont dû et que les fautifs soient punis. Le chef de cabinet du Maire de la ville a suggéré que les listes des grossistes soient réalisées toujours dès la base mais que cette activité soit coordonnée par le Maire qui va désormais présenter ladite liste à la Sosumo si la proposition est reçue favorablement.
Les commerçants du sucre prétendent vendre à perte
Dans les provinces de Kayanza, Kirundo et Muyinga les grossistes ont refusé de prendre leurs lots au dépôt car, avec les nouveau prix du sucre, les commerçants de cette province vendraient à perte de 800 FBu/kg. Etant donné qu’ils s’approvisionnent au dépôt de Ngozi, les frais de transport et de chargement/déchargement dépassent la marge de bénéfice de 2 500 FBu/sac laissée par la Sosumo à ces commerçants. Le gouverneur de Kayanza Rémy Cishahayo a mentionné que le commerçant paye 60 FBu/kg soit 3000 FBu/sac plus 300 FBu/sac dont 150 FBu de chargement et 150 FBu de déchargement. C’est le même scénario pour les commerçants de la province de Muyinga. Il y a aussi des provinces qui se lamentent du quota qu’elles reçoivent. « Imaginez-vous par exemple la province de Muyinga avec sa densité, elle ne reçoit que 20 t de sucre alors qu’il y a des provinces qui reçoivent 60 t», s’est étonné le gouverneur de Muyinga. Il a demandé que quelle que soit la quantité produite par la Sosumo qu’elle soit équitablement partagée entre les provinces en tenant compte des zones urbaines de chaque province.
Dans la province de Makamba, la marge bénéficiaire ne couvre pas les dépenses. Aussi, il y a des usines de transformation qui reçoivent une grande quantité de sucre dans le cadre d’appui à la politique de l’entrepreneuriat des jeunes mais que leur production n’est pas conséquente. A ce défi, le ministre de l’Intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique Martin Niteretse a demandé aux usines de transformation d’importer le sucre au lieu d’utiliser le sucre destiné aux ménages.
La marge bénéficiaire est restée inchangée
Aux lamentations des commerçants qui ont refusé de réceptionner leurs lots prétextant qu’ils vendent à perte, le DG de la Sosumo a répondu que dans l’ancienne structure de prix il y avait une marge de bénéfice de 2500 FBu aux commerçants grossistes et 30 000 FBu aux commerçants détaillant. Dans cette ancienne structure, le sac de sucre coûtait 111 500 FBu à la Sosumo et 114 000 FBu chez le grossiste. Ainsi, la marge bénéficiaire est restée inchangée et si quelques commerçants vendaient le sac de sucre à 115 000 FBu, ils commettaient de tricherie, a dénoncé M.Ndayikengurukiye. La recommandation pour contourner ce défi est de prioriser le bien-être de la population et de dresser une nouvelle liste de commerçants grossistes.
Grâce Divine Gahimbare