En séance plénière des questions orales, les sénateurs ont posé différentes questions à deux ministres, le mardi 26 septembre 2023 à Gitega. Il s’agit du ministre de l’Environnement, de l’agriculture et de l’élevage, Sanctus Niragira et le ministre de l’Hydraulique, de l’énergie et des mines, Ibrahim Uwizeye .
Le président du Sénat, Emmanuel Sinzohagera qui a dirigé cette séance, a fait remarquer que de telles séances rentrent dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale. C’est aussi une meilleure façon de représenter la population, notamment en cherchant des éclaircissements au près des membres du gouvernement. D’où les ministres viennent à chaque fois que de besoin au Sénat pour donner la lumière nécessaire aux soucis de la population.
Les préparatifs de la saison culturale A, une réussite?
Le Sénat avait envoyé à l’avance une question en rapport avec la saison culturale A au ministre en charge de l’agriculture. D’après le ministre ayant l’agriculture dans ses attributions, Sanctus Niragira, la préparation de cette saison a été une réussite. L’approvisionnement en semences sélectionnées du maïs hybride est à plus de 90%. L’engrais Fomi est disponible à 77%, jusque dans les zones, pour être distribué auprès des bénéficiaires. Les semences de la pomme de terre, du riz, du soja,etc. sont disponibles malgré quelques défis, notamment l’insuffisance de la pomme de terre. Pour M. Niragira, à côté des défis, entre autres liés à l’augmentation de la demande par rapport à la saison culturale A de l’année passée, les pannes se sont observées à l’usine Fomi notamment pour la production du fertilisant Dolomi (chaux vive).
Les sénateurs ont voulu savoir s’il n’est pas tard au Burundi pour arriver à l’autosuffisance alimentaire comme le sont certains pays. Le ministre Niragira a répondu que c’est l’une des priorités du gouvernement, en témoigne la vision du chef de l’Etat qui est en train d’être réalisée. Toutefois, il a laissé entendre que compte tenu des besoins en matière d’investissement pour arriver à l’autosuffisance alimentaire, l’objectif sera atteint d’ici 4 à 7 ans. Il a tout de même signalé que les défis notamment liés aux phénomènes du changement climatique, la démographie galopante et l’inflation mondiale, pèsent lourdement sur cette légitime ambition. Les sénateurs ont posé la question de savoir si le projet d’élevage des lapins et d’autres animaux domestiques ne rencontrera pas de sérieux problèmes liés au manque de vétérinaires pour les soins de ce bétail. Sanctus Niragira a répondu que le ministère a d’abord procédé à la confection d’un module pour indiquer par exemple tous les besoins et tout le nécessaire pour l’élevage des lapins. Ainsi, les agents collinaires de santé animale (Acsa) qui opèrent déjà sur toutes les collines, devront être intégrés dans les structures du ministère ayant l’élevage dans ses attributions, puisque pour le moment, ils sont sous la responsabilité des partenaires prestant dans le secteur. Une autre question des sénateurs consistait à savoir ce que le ministère envisage pour qu’au Burundi, l’agriculture ne soit plus d’autosubsistance, mais une agriculture industrielle. Le ministre Niragira a répondu que les contacts avec des investisseurs étrangers et burundais sont avancés et que d’ici quelques années, des résultats vont se faire remarquer.
Les sénateurs ont voulu savoir aussi si le ministère n’a pas encore constaté que l’usage du charbon et l’utilisation d’arbres par les industriels, pour chauffage des machines, ne va pas amplifier le phénomène de changements climatiques par la déforestation, et si le ministère n’aurait pas de solutions de rechange. Le ministre ayant l’environnement dans ses attributions a laissé entendre que le gouvernement a déjà initié un projet de multiplication de la tourbe pour éviter la déforestation. En outre, les intervenants doivent aussi accompagner ce projet par la sensibilisation des habitants des grandes villes à l’utilisation du gaz.
Une réponse adaptée au manque d’électricité et d’eau, libéralisation du secteur
La plupart de questions adressées au ministre de l’Hydraulique, de l’énergie et des mines tournaient autour de l’insuffisance du courant électrique et d’eau au Burundi. Le ministre Ibrahim Uwizeye a répondu que le défi est réel et il n’est plus un secret à personne. La Regideso n’est plus à mesure de satisfaire la demande en eau et en électricité dans les grandes villes. D’où un projet de loi est en cours d’élaboration, pour libéraliser le secteur, en permettant aux investisseurs privés d’apporter leur contribution tout en veillant à ce que les prix restent accessibles à la population. S’agissant de l’électrification rurale, le ministre Uwizeye, a fait savoir que pour les 36 localités qui n’étaient pas électrifiées, notamment les communes et d’autres centres, le projet d’électrification est suffisamment avancé au point que les équipes se trouvent actuellement dans ces 21 communes et 15 localités.
A la question de savoir à quand l’adduction d’eau potable dans toutes les collines du pays, le ministre en charge de l’hydraulique a fait remarquer que progressivement, le gouvernement, à travers l’Agence de l’hydraulique et de l’assainissement en milieu rural (AHMR), compte se déconcentrer jusque dans toutes les communes pour participer pleinement à la sauvegarde des infrastructures déjà en place et y installer d’autres sur des localités qui n’en avaient pas. Car, pour lui, depuis longtemps, ces infrastructures étaient gérées par les Régies communales de l’eau qui l’ont fait comme des privés à part entière.
Les sénateurs ont également voulu savoir pourquoi dans la municipalité de Bujumbura, il y a régulièrement des coupures d’eau alors que la ville longe le lac Tanganyika, avec une eau douce ne nécessitant pas beaucoup de moyens de traitement. M. Uwizeye a répondu que le secteur d’eau et d’électricité opère jusqu’à maintenant en tant que service social. Il a donné l’exemple du traitement d’eau du lac Tanganyika où 1m (cube) est traité à 650 FBu, mais est vendu par la Regideso à 300 FBu. Donc, le coût de production est supérieur au coût de la consommation. Ce qui va sans encourager les investisseurs privés.
Amédée Habimana