
M.Suguru : « Si on parle du climat des affaires, c’est qu’il y a toujours un dialogue public-privé » (Photo Yvette Irambona)
Le secteur privé (les entreprises) est l’Etat major du développement dans la mesure où c’est le centre de production, d’innovation et de croissance. Mais, ceci requiert que l’opérateur privé soit un réel innovateur, producteur, et créateur de valeur et d’emploi (et non un négociant de contrats de l’Etat dans les marchés publics.). Ce secteur se heurte à beaucoup de contraintes qui l’empêchent de contribuer efficacement à l’investissement dans le pays.
« Ce qui empêche le secteur privé d’être entrepreneur, c’est de limiter au maximum l’intervention de l’Etat, du gouvernement dans les affaires. Le gouvernement ne doit pas s’immiscer dans les affaires ». Propos tenus par Olivier Suguru, président de la CFCIB (Chambre fédérale de commerce et d’investissement au Burundi) lors de la 2e édition du Forum national sur le secteur privé qui s’est déroulé à la fin du mois de novembre.
Dans le passé, a-t-il poursuivi, il y a eu prolifération des entreprises de l’Etat notamment dans le secteur bancaire comme la Camofi, le Cadebu, qui ont fermé. Aussi, les entreprises comme le Cotebu, la Verrundi ont également fermé. Pour cela, il faut limiter au maximum possible l’intervention de l’Etat dans les affaires pour promouvoir l’entrepreneuriat.
La gouvernance, le manque d’accès au financement et de compétences, principaux défis
L’entrepreneuriat peut fonctionner dans un système d’économie libéral car, s’il y a trop d’intervention de l’Etat, l’entrepreneuriat ne peut pas survivre. Pour lui, la gouvernance est l’origine de tous les maux. Aussi, le secteur privé ne peut pas se développer sans infrastructures de base notamment l’accès à l’eau, à l’électricité et à l’internet.
L’autre problème concerne le manque d’accès au financement. Mais, le président de la CFCIB a salué l’initiative de la Banque centrale de créer récemment une fenêtre de financement dans le cadre de projet porteur de croissance. Mais, a-t-il déploré, cette fenêtre a été suspendu de façon unilatérale. « Si on parle du climat des affaires, c’est qu’il y a toujours un dialogue public-privé. Nous connaissons des projets qui sont en arrêt aujourd’hui parce que la Banque centrale s’est désengagée de la convention sans toutefois discuter avec les bénéficiaires, les promoteurs et les banques. Heureusement qu’aujourd’hui, elle a compris qu’il faut opérer un changement ».Egalement, un problème lié au manque de compétences s’observe dans la mesure où sur le marché, le secteur privé a du mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée. Cela va de pair avec l’innovation car, on ne peut pas avoir une compétitivité s’il n’y a pas d’innovation. Nous devons penser à être plus innovants, à faire mieux, et à répondre aux besoins de la communauté car, c’est cela la créativité.
Mise en place d’une commission de la concurrence
M.Suguru a insisté sur la lutte contre la corruption, la fraude et surtout qu’il y ait une justice commerciale. Il a souhaité qu’il y ait la mise en place d’une commission de la concurrence étant donné que le président de la République a promulgué la loi sur la concurrence. « Sans la concurrence, on n’aura pas l’esprit de l’accroissement des investissements dans le pays. Les premiers ambassadeurs pour l’investissement dans le pays, ce sont les opérateurs économiques ».
«Si nous voulons attirer les investissements étrangers dans le pays, il faut que nos investisseurs basés dans le pays puissent être bien traités, et qu’il y ait la justice commerciale », a-t-il conclu.
Yvette Irambona