
« Pour prévenir des fistules obstétricales pour les jeunes filles, il faut éviter les mariages et les grossesses précoces» a indiqué Dr Josiane Nijimbere (Photo Eliane Nduwimana)
La fistule obstétricale est une maladie qui survient suite à un accouchement difficile et prolongé. Elle se caractérise par une incontinence urinaire et/ou fécale. Tels sont les propos du Dr Josiane Nijimbere dans sa présentation le lundi 6 novembre 2023, lors du lancement du concours médias organisé par le ministère en charge de la santé publique avec l’UNFPA.
Dr Josiane Nijimbere du PNSR a précisé que la fistule est une perforation de la paroi du vagin qui le met en communication avec la vessie et / ou le rectum suite à un accouchement prolongé ou difficile. Elle informe qu’il existe différents types de fistules obstétricales. « Il s’agit de la fistule uro-génitale qui est la communication entre les voies urinaires et les voies génitales. Il existe aussi la fistule recto vaginale qui est la communication entre le rectum et le vagin entraînant les pertes permanentes des selles passantes par le vagin. L’autre type c’est la fistule mixte qui est la perte à la fois des selles et des urines», a expliqué Mme Nijimbere.
Un accouchement sans assistance qualifiée, parmi les causes
Dr Nijimbere a fait remarquer que les fistules obstétricales se manifestent par un écoulement continu d’urines et / ou de selles avec des odeurs désagréables. Dr Nijimbere indique que ce problème survient à la suite d’un accouchement qui se déroule sans assistance qualifiée et le plus souvent à domicile ou en dehors d’une structure sanitaire. Les fistules obstétricales proviennent aussi d’un accouchement prolongé.
D’après elle, les femmes qui ont une fistule obstétricale se cachent et s’isolent car cette maladie est considérée comme une maladie honteuse. Et pourtant les fistules obstétricales peuvent être évitées et traitées. Elle a indiqué que faire quatre consultations prénatales lors d’une grossesse, accoucher dans une structure sanitaire sous assistance médicale en moins de 24 heures peuvent éviter les fistules. En cas de perte d’urines après l’accouchement, il faut consulter la structure de santé la plus proche. Pour les jeunes filles, Dr Nijimbere a souligné qu’il faut éviter les mariages et les grossesses précoces.
Comme conséquences, la femme souffrant de cette maladie a honte d’être avec les autres, elle fait objet de discrimination et de stigmatisation, contrainte à l’isolement, à la perte d’espoir, au rejet. Elle peut même avoir des infections et se désole.
Une prise en charge chirurgicale et un traitement efficace
En cas de présence de l’un ou de l’autre signe de fistule, Dr Nijimbere a informé que le « Centre Urumuri » de Gitega est spécialisé pour les opérations chirurgicales et un traitement efficace et gratuit.
L’hôpital régional de Gitega est le seul qui intègre le traitement des fistules obstétricales (après le départ de MSF Belgique en août 2015) par une équipe de deux médecins nationaux formés (une femme et un homme). Il est financé par le Royaume de Belgique à travers l’UNFPA et mis en œuvre par des partenaires qui se complètent pour répondre aux besoins des femmes en pré et post opératoire et réinsertion socio-économique. Près de 50% des femmes opérées de fistules obstétricales proviennent de cinq provinces (Muyinga, Cibitoke, Kirundo, Ngozi et Makamba). Plus de 44% des femmes porteuses de fistules ont eu un seul accouchement.
Signalons que, 2010 à nos jours, 3000 patientes ont été traités dont 25% avaient mois de 25 ans. Dr Nijimbere a ajouté qu’en 2021, 97% de celles qui ont été traitées par le Centre Urumuri ont été guéries. Elle a aussi précisé que les cas de celles qui attrapent cette maladie diminuent au fil des années. Un des facteurs étant que les chiffres des femmes qui accouchent à l’hôpital augmentent. Elle a fait savoir qu’ils sont passés de 65% en 2010 à 85% actuellement. Travaillons ensemble pour que d’ici 2030, la fistule obstétricale soit éliminée au Burundi.
Eliane Nduwimana