Le « Made in Burundi », au centre des échanges
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Un atelier de sensibilisation des acteurs des secteurs l’agroalimentaire, de l’hôtellerie et de la restauration collective sur le respect des normes et le contrôle de qualité des produits alimentaires au Burundi organisé par l’EANSI (East african nutritional sciences institute) s’est clôturé, le vendredi 21 février 2025. Les pouvoirs publics ont été recommandés de renforcer les comités de normalisation et d’introduire les notions de respect des normes dans les établissements d’enseignement secondaire. Les défis de l’exportation des produits fabriqués au Burundi, « Made in Burundi » ont également été au centre des échanges.
La formation continue sur le renforcement d’une cultureles « qualité pérenne », voivi l’une des recommandations phares au terme de l’atelier de sensibilisation des acteurs des secteurs de l’agroalimentaire, l’hôtellerie et de la restauration collective sur le respect des normes et le contrôle de qualité des produits alimentaires au Burundi. Le coordinateur de l’EANSI, Mélance Ntunzwenimana, se dit satisfait car pendant les trois jours, tout le monde veut quitter les vielles méthodes pour réellement entrer dans la modernité . Et d’ajouter : « nous voulons travailler de commun accord, ce qui fait que s’il y a la volonté, nous allons arriver à nos attentes».
Pour réussir le pari, le coordinateur de l’AEANSI a demandé aux participants de concrétiser ce qu’ils ont bénéficié durant les échanges et présentations de différents thématiques. « Nous voulons que tout le monde soit conscient de ce qui se passe et qu’il aille capitaliser les acquis de cette rencontre », a-t-il souligné.
Quant à Eloge Niyomwungere, directeur général et fondateur de « Best food solutions plus », il se dit satisfait des connaissances acquises qui lui permettront d’atteindre le développement de son entreprise. « Actuellement, on se concentre beaucoup sur la transformation alors qu’en tant qu’opérateur dans la transformation agroalimentaire, on doit considérer toute la chaîne depuis la production des matières premières jusqu’aux produits finis », a-t-il souligné. M. Niyomwungere a témoigné que mettre en pratiques ce qu’ils ont bénéficié permettra de vendre les produits « Made in Burundi » aux marchés internationaux. Il s’est engagé à produire des produits qui respectent les normes et qui prennent en considération tous les aspects environnementaux, sanitaires, etc.
De son côté, le coordinateur de l’EANSI a rappelé que le Burundi est sur le chemin de militer pour son développement qui va de la base au sommet. Pour lui, le développement industriel n’est possible que s’il y a le respect des normes et de qualité ce qui permettra de bâtir des entreprises prospères et durables.
Le non respect des normes peut entrainerdes risques pour la santé publique
Dans son exposé sur le contrôle et gestion de la qualité dans la production alimentaire, Paterne Nahimana, enseignant chercheur a insisté sur les outils utilisés pour avoir la qualité des produits sains depuis « la fourche à la fourchette ». Comme indiqué, au niveau de la production surtout animale, l’alimentation joue un grand rôle surtout si les animaux d’élevage se nourrissent d’aliments constitués d’éléments antibiotiques. Ces éléments, a-t-il affirmé, se retrouvent au niveau des produits finis.
Cet enseignant-chercheur n’a pas oublié de souligner que le personnel des entreprises joue un grand rôle surtout au niveau de la préparation des repas. « Le non-respect des normes présente des dangers sanitaires qui peuvent occasionner une intoxication alimentaires. Au niveau d’enjeu économique, l’entreprise peut tomber en faillite et du côté législatif, le non respect des normes entraine le retrait de l’agrément sanitaire », a expliqué M. Nahimana.
M. Nahimana a également affirmé que la gestion des stocks cause un grand problème. « Au niveau de la conservation des graines, il y a toujours les exigences et normes. Si vous conservez des graines et qu’il y a reprise d’humidité, il y a prolifération des microorganismes. L’humidité causé par le retour de l’eau favorise le développement des moisissures qui peuvent produire des toxines qui sont à la base de plusieurs maladies dont le cancer »a-t-il expliqué. Pour remédier ce défi, M.Paterne Nahimana a été précis : « Pour avoir une bonne gestion des stocks, il faut avoir une un personnel qualifié ».
Les produits « Made in Burundi »se heurtent à des défis
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Parlant des produits « Made in Burundi » sur le marché local, régional et international, Onésime Niyukuri a indiqué qu’il faut d’abord la construction de l’image. « Le made in Burundi est une marque. Cette dernière a permis à certains pays comme la Chine, le Japon, l’Italie, l’Allemagne, les Etats-unis de se développer. La construction de l’image demande beaucoup de moyens, des connaissances et des exigences en matière de qualité et matière des normes au niveau international », a-t-il souligné.
Selon M. Niyukuri : « les produits fabriqués localement se heurtent aux grands défis dont celui lié au transport et à la logistique internationale. Est-ce que nous avons des infrastructures suffisantes, en bonne qualité pour assurer le transport routier, lacustre ou aérien ?, s’interroge-t-il.
L’autre défi est lié à la production des quantités suffisantes et régulières. « Ce qui arrive souvent est qu’un opérateur économique burundais peut mettre sur le marché international ses produits mais, par surprise, à la deuxième demande, il rencontre les difficultés d’honorer ses engagements, soit parce qu’il n’y a pas de production ou parce que ses produits ne remplissent pas les exigences des normes à l’international ».
Comme solution, M. Niyukuri a appelé à fournir beaucoup d’efforts dans la sensibilisation et à la formation à l’endroit des opérateurs économiques pour qu’ils sachent les exigences en matière du commerce international. « Il faut également que les institutions financières appuient les petites et moyennes entreprises pour qu’elles produisent en quantité suffisante », a-t-il ajouté.
Les institutions chargées de promouvoir l’image du pays notamment l’Agence de développement du Burundi (ADB) sont appelées à redoubler d’efforts et faire le marketing des produits burundais. « Il faut aussi que les institutions négocient des accords en faveur des opérateurs économiques burundais pour avoir accès aux marchés internationaux », a conclu M. Niyukuri.
Moïse Nkurunziza