
Mme Nizigiyimana : « La quantité de nourriture que nous recevions ne permettait pas de joindre les deux bouts du mois » (Photo Moïse Nkurunziza)
Les Burundais vivant dans les camps des réfugiés éprouvent d’énormes difficultés. D’une vie de misère et de solitude, des conséquences psychologiques et la prise des décisions mal pensée en résultent. Cela ressort d’un entretien que nous a accordé, Evelyne Nizigiyimana, une jeune femme habitant la commune Ntega dans la province de Kirundo.
Dans son témoignage, Mme Nizigiyimana affirme qu’elle a quitté le Burundi en 2015 et qu’elle s’est installée au camp de Mahama au Rwanda. Notre interlocutrice témoigne d’une vie misérable qu’elle y a vécue allant jusqu’à être engrossée. « Je n’arrivais même pas à avoir du savon ou des produits cosmétiques », se rappelle-t-elle. Evelyne Nizigiyimana dit que, pour la plupart des fois, les réfugiés se heurtent au manque ou à l’insuffisance de nourriture, d’habits ainsi que des serviettes hygiéniques pour les filles. « Séparée de mes parents, sans aucun secours, j’ai été contrainte de suivre le régime alimentaire identique tous les jours. La quantité de nourriture que nous recevions ne permettait pas de joindre les deux bouts du mois ». Pour prouver ces affirmations par un exemple, «le Programme alimentaire mondial (Pam) nous donnait 10 kg de farine pour tout un mois », indique-t-elle.
Dans ce camp de Mahama, cette jeune femme se rappelle également d’une vie de misère et de solitude qu’elle a vécue et qui l’a impactée négativement. « Cette vie a eu des répercussions psychologiques sur ma santé et m’a poussée à chercher des solutions personnelles. Par après, j’ai constaté que les décisions que j’ai prises ont hypothéqué mon avenir ». Se battant seule pour sa survie, sans parents ni voisins, Mme Nizigiyimana se dit blessée d’avoir eu une grossesse non désirée.
Interrogé à ce propos, le conseiller social et culturel du gouverneur de Kirundo, Jean Baptiste Kwizera dit qu’en plus des défis rencontrés par ces Burundais dans les camps, il y a d’autres défis qui se remarquent à leur retour au pays. « Il y a des enfants qui reviennent des camps de réfugiés qui sont dans des difficultés énormes. Certains sont des chefs de ménages ». En plus de ces défis, ce conseiller du gouverneur évoque le cas d’enfants nés de l’union entre des filles burundaises avec les étrangers, notamment les Rwandais ou les Tanzaniens. Il y a également des jeunes filles qui rentrent alors qu’elles portent une grossesses dont les auteurs sont des étrangers. L’autre défi est lié aux familles dont le père et la mère sont séparés et que l’un d’entre eux a mis au monde des enfants. M. Kwizera demande aux âmes charitables d’aider des enfants dans de telles situations à avoir des familles qui peuvent les accueillir pour leur protection.
Moïse Nkurunziza