Les violences basées sur le genre est une réalité dans la province de Kayanza. Pour s’enquérir de la situation, l’Association burundaise des femmes journalistes (AFJO) en collaboration avec le Pnud a organisé du 5 au 8 septembre 2022, une descente des journalistes dans différentes provinces du pays afin que les médias puissent contribuer dans la lutte contre les violences basées sur le genre par la régularisation des mariages.
Nous sommes au chef lieu de la province de Kayanza. Les bénéficiaires de la régularisation des mariages ainsi que le contrôleur provincial d’état-civil nous relatent les bénéfices tirés de cet enregistrement.
«Quand j’étais encore une fille, j’ai eu deux enfants hors mariages. Leurs pères ont refusé de les reconnaître devant la loi. J’ai vécu le calvaire dans mon entourage. J’étais pointé du doigt et les gens me taxaient d’adultère. Ces enfants ont des droits limités. Ils sont stigmatisés par leurs oncles en les traumatisant qu’ils doivent aller chercher leurs pères, affirme Olive Kebera, originaire de la colline Murago de la commune Kayanza.
Mme Kebera a ensuite eu un mari. Ils ont cohabité illégalement pendant cinq ans. Elle a précisé qu’après les sensibilisations faites par les administratifs à la base, elle s’est décidée avec son conjoint d’aller régulariser leur mariage.
Elle affirme que maintenant, elle a un cœur tranquille. Elle ne craint pas qu’un jour ou l’autre, son mari puisse décider de la renvoyer au profit d’une autre femme
«La régularisation de mariages est venue au moment opportun car, elle prévient la dislocation des couples et protège surtout les femmes contre différentes formes de violences »ajoute-t-elle.
Les couples en union libre se comportent comme ils l’entendent
La régularisation des mariages permet au couple d’avoir une responsabilité l’un envers l’autre. Pour Lazar Ntahomvukiye «les couples en union libre n’ont aucune crainte à se comporter comme ils veulent. Les femmes autant que les hommes peuvent quitter leurs foyers quand ils/ elles sont intéressés par un autre partenaire. C’était fréquent ici dans la province de Kayanza. Une femme, quand elle est flattée par un autre homme peut se décider de laisser ses enfants chez le premier mari et va cohabiter avec le deuxième. Les hommes faisaient aussi cela»
Mais, quand les couples sont mariés légalement, ils se respectent mutuellement de peur que la loi tourne contre eux.
M. Ntahomvukiye saisit l’occasion pour interpeller tous les couples en union libre d’aller régulariser leurs mariages pour le bien de leurs familles.
Quatre cent soixante dix- sept couples ont régularisé leurs mariages au cours des six derniers mois
Le contrôleur provincial d’état-civil, Mathias Manirumva fait savoir que la population de la province de Kayanza a répondu positivement à l’appel lancé par le ministère en charge de l’intérieur. Il précise qu’au cours des six derniers mois de 2022, 477 couples en union libre ont régularisé leurs mariages dans les neuf communes de ladite province. Parmi eux, 129 couples sont venus de la commune Gatara qui se classe première.
M. Manirumva déplore que 70% des couples en union libre sont des démunies, composés des Batwa, de personnes handicapées et d’autres qui n’ont aucun revenu. C’est pour cette raison qu’il a saisi l’occasion pour remercier le programme des Nations unies pour le développement (Pnud) pour son appui financier dans la réalisation de cette campagne de régularisation des mariages.
Il invite tous les couples en union libre de se mettre d’accord et aller aux bureaux d’état-civil pour régulariser leurs mariages afin de lutter contre différentes formes de violences observées dans les familles.
Rose Mpekerimana