Au Burundi, les aires protégées sont handicapées par le fait d’être établies sur de petites superficies ne leur permettant pas d’en assurer une réelle pérennité, reconnait l’OBPE. En plus, elles sont menacées par la pression démographique. Sous le financement de l’Union européenne, des organisations non gouvernementales tentent de trouver des solutions à ces défis.
Samuel Nibitanga, directeur des forêts à l’OBPE(office burundais pour la protection de l’environnement) fait savoir que le Burundi compte 14 aires protégées constituées entre autres par trois parcs nationaux, six réserves naturelles, deux monuments naturels et trois paysages protégés. Elles ont une superficie d’environ 166 668,5 ha soit 5,9% du territoire national. La végétation naturelle dans les aires protégées comprend 55% des aires disponibles dans tout le pays. Concernant les écosystèmes aquatiques, sur un total de 263 400 ha, seulement 10% sont dans les aires protégées. M. Nibitanga regrette que les aires protégées du Burundi souffrent d’un handicap d’être établies sur de petites superficies, ne leur permettant pas de protéger de grandes surfaces et leurs éco-tourismes pour en assurer une réelle pérennité.
Manque de développement dans le secteur du tourisme, parmi les défis
« En plus, la pression démographique observée sur tout le territoire national engendre la croissance exponentielle des besoins en ressources naturelles et en terres agricoles et les aires protégées en pâtissent », précise Samuel Nibitanga. Les populations riveraines ne participent que rarement dans le processus de gestion des aires protégées. Ces dernières attirent peu de touristes suite au manque de développement de ce secteur. Les populations riveraines ne perçoivent pas de retombées économiques significatives des aires protégées sauf quelques emplois générés. Situé au Nord-ouest du pays sur une superficie d’environ quarante mille hectares (40 000 ha), le parc national de la Kibira est composé de trois zones forestières d’écosystèmes très diversifiés. Inscrit dans la publication de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) depuis 1996, il répond aux critères de classement des parcs nationaux comme toutes les aires protégées du pays. Sa biodiversité est très riche et variée. Il est un site naturel dans lequel on trouve des milliers d’espèces de faune et de flore et beaucoup d’entre elles sont endémiques. On y rencontre aussi des insectes, des primates, des oiseaux, des reptiles, de grands mammifères et des plantes comestibles comme des fraises sauvages (mûres) et médicinales. Aux abords de la forêt, il existe des eaux thermales dénommées amashuha. C’est un lieu très fréquenté grâce à ses bienfaits thérapeutiques.
Des espaces bénéfiques pour le pays
La réserve naturelle de la Rusizi est, quant à elle, un site naturel touristique à préserver. Situé dans la plaine de l’Imbo, il est un écosystème le plus important du Burundi avec une faune très variée, une flore très diversifiée et endémique. Ayant une étendue de plus de dix mille hectares (10 000 ha), ce parc est l’un des trois parcs nationaux que compte le Burundi. Le parc national de la Kibira et la réserve naturelle de la Rusizi sont très bénéfiques pour le Burundi. Mais, ils sont confrontés à des défis de taille. La Kibira contribue énormément à la régulation du climat régional. Elle participe à la régulation des précipitations et des températures. Ses bassins versants alimentent plusieurs rivières importantes pour les populations locales. En plus, sa végétation dense limite l’érosion des sols et les glissements de terrain. Parmi les défis environnementaux qui menacent le parc national de la Kibira figurent la déforestation et l’expansion agricole qui mettent en péril l’intégrité de la forêt, le braconnage, la recherche des fruits et des légumes, etc.
Quant à la réserve naturelle de la Rusizi, l’embouchure de cette rivière constitue un lieu de reproduction pour plusieurs espèces de poissons du lac Tanganyika. Celle-ci est menacée surtout par les inondations récurrentes imputables aux crues de la rivière Rusizi ainsi que par la pêche illégale. Cependant, les animaux (hippopotames) se dispersent pour trouver un refuge, car ils manquent de pâturages. Dans ce cas, le nombre de touristes diminue sensiblement».
Financement pour un changement positif
Le directeur des forêts se dit que les projets du programme Biopama(programme pour la biodiversité et la gestion des aires protégées) financés par l’Union européenne arrivent au moment opportun. « Le monde entier vient d’adopter un nouveau cadre mondial sur la biodiversité ». Ils participeront à l’atteinte de ses objectifs globaux axés sur la santé des écosystèmes et des espèces, notamment pour mettre fin à l’extinction d’origine anthropique des espèces, l’utilisation durable de la biodiversité et le partage équitable des avantages découlant des ressources des aires protégées.
M. Nibitanga salue l’appui apporté par l’Union européenne dans le secteur de la protection de l’environnement », précise-t-il.
Eliane Nduwimana