Agée de 62 ans, veuve et mère de six enfants, Marie Goreth Bwoyero est originaire de la commune Giheta de la province de Gitega. Elle s’active beaucoup dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Elle le fait volontairement et bénévolement.
A première vue, elle ne ressemble pas à une sexagénaire. Elle est encore dynamique bien qu’elle soit retraitée. Elle est spontanée dans ce qu’elle dit. Elle vit les paroles qu’elle prononce. Nous lisons la sincérité sur son visage.
Elle a relaté la vie qu’elle a vécue, pourquoi sa première préoccupation est la lutte contre les violences basées sur le genre.
« Je détiens un diplôme de D4 en Enseignement. J’ai terminé mes études en 1984. Je me suis mariée en 1987 légalement et j’ai 6 enfants maintenant». Après le mariage, elle s’est mise d’accord avec son mari pour mettre en commun leurs salaires. C’est son mari qui gérait cet argent : « J’ai constaté petit à petit que mon mari gaspillait l’argent de la famille. Je me suis décidée de gérer mon propre salaire. J’ai même découvert qu’il avait une concubine non loin de chez nous. Il ne contribuait en rien pour la bonne marche de notre famille. Au lieu de faire recours au divorce, je me suis décidée de tout faire pour nos enfants, c’est-à-dire le minerval, le salaire des travailleurs domestiques, payer la ration alimentaire, etc».
Mme Bwoyero précise qu’elle a vécu cette situation pendant beaucoup d’années. C’est de là qu’elle a eu cette idée d’aider d’autres couples qui vivent le calvaire dans leurs unions. « Dans un premier temps, les femmes ne voulaient pas dévoiler leur situation de vie de couples. Elles avaient peur de leurs maris et de leur entourage. Pour les mettre à l’aise, je donnais d’abord mon témoignage en leur racontant comment je suis pourvenue à surmonter les défis rencontrés dans ma vie de couple. Petit à petit, les femmes qui subissaient les violences basées sur le genre ont commencé à être ouvertes envers moi. De ma part, je prends le temps de leur donner des conseils. Je cherche aussi l’occasion d’échanger avec leurs maris et beaucoup ont changé au fur et à mesure que le temps passe ».
Je prône pour le volontariat
Mme Bwoyero: « Je peux passer dans 20 ménages par jour pour essayer de réconcilier les couples en conflits sans aucune motivation. Dans un premier temps, les hommes se sont révoltés contre moi en prétextant que je suis en train de révolter leurs femmes. Ils ont même porté plaintes chez les administratifs. Après leurs enquêtes, ce sont ces derniers qui réfèrent les couples en conflits chez moi pour que je puisse leur donner des conseils.
Malgré les mots grossiers lancés envers moi par certains hommes et administratifs, je n’ai pas de côté penchant. La preuve en est que certains hommes viennent souvent me voir en me confiant le calvaire qu’ils vivent dans leur vie de couple. J’essaie par après de rencontrer leurs femmes et leur donner des conseils. Ces hommes apprécient mes internventions car ils parviennent à redresser leurs femmes et vivent par après en harmonie. Je suis très ravie quand je réalise que ma vocation est en train de porter de bons fruits.
Une écoute sans distinction de genre
Espérance Nahimana est une voisine de Mme Bwoyero: « Je vivais le calvaire dans ma vie de couple. Je me disputais souvent avec mon mari. Une amie m’a référée chez Mme Bwoyero pour demander des conseils. Elle m’a aidée et m’a proposée de nous rencontrer moi et mon mari. Avec sa façon sage d’entamer le sujet, mon mari est parvenu à l’écouter. Maintenant, nous sommes en paix dans ma famille. Et si nous ne parvenons pas à nous entendre sur certaines choses, mon mari dit qu’il faut trouver une solution avant que Mme Bwoyero n’en soit au courant ».
Beaucoup de femmes reconnaissent les efforts fournis par Mme Bwoyero pour lutter contre les violences basées sur le genre. Pour des cas qu’elles ne parviennent pas à résoudre, elle cherche le temps d’accompagner la victime du conflit chez les institutions habilitées. Nous la souhaitons d’aller de l’avant et d’avoir des gens qui luttent contre les violences basées sur le genre pour le soutenir.
Les hommes apprécient les initiatives de Bwoyero
Noël Manirakiza, quant à lui, affirme que Mme Bwoyero est une ambassadrice des hommes à Giheta: « Au moment où certains hommes qui ne veulent pas voir l’harmonie dans les familles prétextant que cette dame révolte souvent nos femmes, j’affirme par contre qu’elle fait de son mieux pour faire revenir certaines femmes à la raison. Je fais allusion aux femmes qui affichent de mauvais comportements dans leurs familles. Quand elle entend cette situation, Mme Bwoyero prends l’initiative de passer dans ces ménages pour essayer de réconcilier les couples en conflits. Beaucoup de ces derniers ont accepté les conseils de ladite femme et vivent en paix »
M. Manirakiza affirme que dans sa localité, beaucoup d’hommes ont peur de maltraiter leurs femmes. Ils disent: « Je serais malheureux quand Bwoyero en serait au courant”. D’autres ajoutent: « Voici Bwoyero, certains hommes prennent fuite s’ils sont en train de commettre des bétises ». Il réclame beaucoup de femmes comme Mme Bwoyero pour lutter contre les violences basées sur le genre.
Rose Mpekerimana