Il s’appelle Jadot Nkurunziza, communément appelé Giti sous son surnom par ses amis d’enfance. Né le 12 juillet en 1994 à Nyakabiga, deuxième enfant dans une famille de 5 enfants, il se démarque par son amour pour l’environnement en plantant des arbres partout où c’est possible depuis son enfance. A 27 ans, toujours avec ses pépinières, son rêve est que, dans 30 ans, le Burundi devienne vert dans les espaces non occupés. Jusque – là depuis l’an 2000, 89 millions d’arbres ont été plantés par son association « Ca nous concerne tous ». Trouvé dans ses champs à Nyakabiga, il nous parle de son parcours combien long malgré son jeune âge.
Jadot Nkurunziza a fréquenté ses études primaires à l’école primaire du jardin public (EPJP), ses études secondaires se partagent entre le lycée municipal Nyakabiga et l’ITELETIC. Il a bénéficié d’une bourse d’études pour aller étudier en Chine. Mais, constatant qu’il n’aura pas l’occasion d’appliquer son rêve quand il veut et où il veut, il demande qu’on lui change d’école. C’est ainsi qu’il continue la même branche que celle qu’il étudiait en Chine. Il termine ses études en Ouganda dans la branche de la protection de l’environnement.
« Depuis mon enfance, je me préoccupais d’arroser les fleurs de mes parents. Cela me plaisait de voir les plantes évoluer et briller chez nous. Pendant les vacances, je montais chez le grand- père. En arrosant les plantes du grand – père, je me réjouissais de voir comment ils évoluaient petit à petit », dit-il avec enthousiasme. En observant son grand- père en train de planter les arbres, il a commencé à lui poser plusieurs questions. « Pourquoi t’occupe- tu plus d’arbres grand- père ? Les autres s’occupent des vaches, pourquoi toi tu te bornes aux arbres ? » Le grand père lui a expliqué à l’âge de 7 ans les bienfaits de l’arbre. «A part qu’ils aèrent l’atmosphère, ils participent à la protection du sol et occasionnent la pluie. A l’école, les bancs- pupitres que tu utilises proviennent des arbres, les toits, le charbon etc. sans oublier que certains arbres nous donnent des fruits que l’on consomme», lui disait son grand – père. L’enfant se rend compte que l’arbre c’est la vie.
Un rêve réalisé malgré des embûches
De retour au quartier, il commence par rassembler les jeunes. « Notre association s’appelle. « Ca nous concerne tous». Il essaie de sensibiliser les jeunes qu’il trouve sur les terrains. « Mon père n’aimait pas que je participe aux travaux de plantations des arbres. Or c’était cela ma passion et mon rêve. Parfois, j’étais même battu, privé de certains avantages pour que je me décourage. Mais je ne voulais pas abandonner ». Ainsi la famille et les voisins lui ont dit qu’il devait me laisser libre car on ne sait pas ce que l’avenir réserve à l’enfant. La seule préoccupation de mon père était que je poursuive mes études et que j’apporte de bonnes notes. Heureusement pour moi, j’apportais les bonnes notes et en même temps je poursuivais mes projets de plantation des arbres. Il a fallu des réunions de familles pour que les voisins et amis le convainque. Au moment où le petit Jadot commence à évoluer et à avoir du soutien de beaucoup de jeunes, son père meurt. « Cela ne m’a pas découragé. Au contraire j’ai augmenté mon élan et j’ai commencé à recevoir des prix », dit-il posément.
Des prix reçus, le fruit de son travail assidu
En 2008 le jour de la fête des travailleurs, feu président Pierre Nkurunziza lui décerne un Prix pour ses œuvres réalisées dans le domaine de l’environnement, premier jeune en mairie de Bujumbura à recevoir ce prix. En 2010, il en reçoit un autre. Après une année, il reçoit un prix du premier jeune dans le domaine de l’environnement dans les pays francophones en Afrique. Dans divers journaux, M. Nkurunziza a été classé parmi les dix jeunes qui impactait le pays. Dans les pays partageant la forêt du bassin du Congo, il a été le premier jeune dans son temps à recevoir un prix au Cameroun comme un jeune qui œuvre dans la protection de l’environnement ; un prix aux Nations unies comme étant un jeune volontaire au niveau du monde. Au niveau national, l’association Dieudonné Foundation lui a aussi décerné un prix dénommé Imboneza. Avec les jeunes de son association, ils font la tournée dans toutes les provinces du pays en plantant des arbres. « Depuis l’an 2000, jusqu’à nos jours on a planté 89 millions d’arbres ».L’association ne plante pas seulement, mais aussi ces jeunes multiplient des plants d’arbres, lesquels plants sont distribués à ceux qui veulent les planter chez eux. « Mais à condition qu’ils nous montrent où ils vont les planter pour les suivre et contribuer dans le choix du sol selon les arbres plantés ». Ces jeunes ont soutenu le projet Ewe Burundi Urambaye en initiant un autre projet du nom de Dusharize Igisagara. « On est allé à Kayanza, Ngozi, Kirundo, Bururi, Gitega, Bururi, ….
Encouragé par feu président Pierre Nkurunziza
Au moment où les autres jeunes pensent plus à la musique et l’art et non à la terre, M. Nkurunziza nous parle de son don. Il clarifie que chacun à ses préférences, ses choix. Pour lui, il faut plutôt se concentrer sur le don que l’on a pour le renforcer. Pour ce qui est de la réussite de ses projets, il indique que des voyages dans différents pays lui apportent des connaissances. Il a voyagé dans plus de 39 pays. Là, il recevait des formations au cours des séminaires organisés en rapport avec l’environnement. Dans plus de 12 villes en Chine, c’est là qu’il s’inspire du projet «Dusharize igisagara (embellissons la ville). « Le Burundi a un bon climat. Nous avons de la pluie en abondance, nous avons des lacs et rivières, il nous est facile de pratiquer l’agriculture quand on veut », dit-il. Ce qui n’est pas le cas ailleurs dans d’autres pays qui parviennent à embellir leurs villes grâce à l’arrosage. « Ce projet concerne pour un premier temps la capitale Bujumbura ». Pour le moment, il est en train de faire multiplier les plants de fleurs. Dans la vie, il faut toujours avoir quelqu’un de modèle à suivre. « J’ai eu la chance et la bénédiction de toujours accompagner feu président Nkurunziza dans les travaux de développement communautaire ». Il conseille aux jeunes de s’inspirer des gens qui ont réussi. En s’inspirant des grandes personnalités, l’on se bat pour arriver à un niveau élevé. Les comportements de feu président Nkurunziza, ses programmes organisés, sa préoccupation pour l’amour de la patrie font du jeune Nkurunziza, un véritable environnementaliste.
« J’ai été béni d’avoir la chance d’être encouragé par un bon enseignant en la personne de feu Pierre Nkurunziza », reconnaît-il.
Projeter pousse quelq’un à aller plus loin
En ce qui concerne sa stratégie de mobilisation des jeunes, jadot Nkurunziza dit que lui-même est jeune. A 27 ans aujourd’hui, il a constaté que les jeunes aiment leur patrie. Il est facile de leur expliquer en prêchant par l’exemple. « Je participe aux activités des autres. Je partage mes expériences avec les autres jeunes de l’intérieur du pays. J’essais d’être humble et je leur parle de la vie ». En prêchant par l’exemple, en initiant des projets compétitifs, cela nous aide à nous classer. Que les gens n’entrent plus en conflits sous prétexte que quelqu’un copie les plans d’autrui. Il faut le laisser copier, s’il ne réussit pas, il faut le ramener dans le droit chemin en lui montrant comment s’y prendre », dit M. Nkurunziza.
Toujours avoir une vision
Dans 30 ans, on veut que le Burundi soit vert. Partout ou il n’y a pas de rivières, pas de maisons ou de routes, que les espaces soient peuplés de différents types d’arbres. Pour ce qui est de la mentalité des jeunes, il a espoir que malgré les milieux dans lesquels on est né, on peut toujours se faire aider par les autres pour avancer si on a une vision. « Qu’est ce que je suis en train de faire pour que les gens me suive ? Qu’est ce que je gagne pour que je puisse aider les autres. Tout en sachant que la plus grande richesse, ce sont les gens. Penser à un lendemain meilleur nous donne un élan pour aller loin ». Il rappelle que tout cela doit se faire par amour de la patrie.
Si un jour je devais avoir des enfants, je leur dirais que leur avenir est entre leurs mains. Nos parents nous mettent au monde et nous éduquent mais c’est à nous de choisir quel chemin prendre. « En 3è année primaire, je demandais déjà des audiences chez le maire de la ville. A un âge un peu avancé, j’ai dû foncer et aller jusqu’à chercher le ministre en change de l’intérieur. Tout cela pour présenter mon projet de plantation des arbres », dit-il. Cela est arrivé à la concrétisation jusqu’à ce que l’ancien ministre de l’intérieur, aujourd’hui devenu président de la République, Evariste Ndayishimiye, se joigne à ces jeunes. Pour dire qu’il ne faut jamais se décourager et qu’il faut toujours faire des tentatives et rester attaché à sa vision. Malgré les défis, le Burundi est un beau pays, un pays « vierge ». S’il faut partir à l’étranger, il faudrait partir pour une formation et revenir pour appliquer. Les défis sont le manque de matériel suffisant pour multiplier ces plantes et le manque de transport pour que nos activités se fassent par régions et regroupant les provinces.
« Cela nous aiderait à entrer jusque dans les communes pour enfin aller dans les zones et les collines ». En voyageant dans différents pays du monde, Jadot Nkurunziza constate que les jeunes ont besoin d’être soutenus et appuyés. En plus, il compte sensibiliser les jeunes à rester dans leurs pays et à utiliser leur force. Pour cela, il faut des moyens tant matériels que financier. « L’impact que je veux faire est de veiller à la paix et la sécurité dans le monde. J’initierais un slogan. « Meet the Secretary General » qui peut se traduire par « rencontre le Secrétaire Général ». Ce serait une occasion de rencontrer les jeunes et de leur expliquer leur potentialité en faisant une plaidoirie pour leur doter des moyens nécessaires pour qu’ils puissent réaliser leurs projets. «Petit à petit l’oiseau fait son nid».
Blandine Niyongere