
M.Bizindavyi conseille aux jeunes basketteurs burundais de trouver leur passion et d'avoir toujours la soif d'etre les meilleurs
« Le basketball est ma passion. Je mange le basketball, je rêve le basketball, je lis le basketball, je dors le basketball et cela depuis que j’ai 13 ans. Pour moi, le basketball c’est plus qu’une religion mais un virus. Quand on attrape un virus, cela devient une maladie incurable », cela ressort d’une interview menée avec Patrick Bizindavyi, un Burundais qui vit au Canada depuis 20 ans, lors de sa visite avec un expert dans le développement du sport en général et du basketball en particulier. Il a déjà aidé beaucoup de clubs de basketball du Burundi et veut le faire atteindre à l’échelle internationale en collaboration avec la Fédération de basketball du Burundi (Febabu).
Né en 1972 dans la province de Ngozi, Patrick Bizindavyi s’est rendu à Bujumbura étant encore très jeune. Il a fait ses études primaires à l’ENE Ngagara (Ecole normale de l’Etat). Sa famille a, par après, déménagé à Mutanga Sud où ses parents vivent jusqu’à présent. Il a fait ses études secondaires au Lycée du Saint Esprit de la 7e à la 1ère année avant d’embrasser la Faculté des lettres et sciences humaines, au Département des langues et littératures anglaises à l’Université du Burundi. Il a été professeur d’Anglais au Lycée du Saint Esprit pendant 4 ans en même temps journaliste sportif animateur à la Radio Bonesha FM.
Son parcours sportif
« Comme tout enfant, je suis grandi en jouant au football mais, c’est à l’école secondaire où j’ai commencé à pratiquer le basketball avec mes amis à Ngagara et puis au Lycée du Saint Esprit. Un jour, un ami nous a dit qu’à l’endroit communément appelé terrain du Parquet, il y avait une équipe qui voulait nous inviter pour pouvoir y rejoindre et former une seule équipe des jeunes qui venaient de Ngagara et de Kabondo. C’est de cette façon qu’on a organisé des entrainements ensemble. C’est là où est née l’équipe Olympique. Donc, je suis parmi les membres fondateurs de cette équipe.
A l’époque, et on s’entrainait avec nos aînés qui avaient une autre équipe appelée Belex dans les années 88-89, on a alors fusionné pour former une seule équipe appelé Olympique », a raconté M. Bizindavyi.
Il a indiqué que quand il a terminé l’école secondaire, il a joué pour l’équipe Rumuri de l’Université du Burundi pendant 4 ans. « C’est durant ma deuxième année avec Rumuri que l’équipe Les Gazelles est née juste pour l’encadrement des jeunes filles du quartier Mutanga Sud et on ne savait pas qu’elle deviendra un jour, une équipe championne. Après ma 4e année, j’ai été demandé d’être parmi le staff du coaching du Club Rumuri. J’ai donc entrainé l’équipe pendant presque une année et j’ai pu suivre des formations dans le coaching. J’ai eu la chance d’être membre des comités exécutifs de l’Acbab (Associations des clubs de basketball amateurs de Bujumbura) et de la Febabu. J’ai pu aider dans l’encadrement surtout des jeunes et des entraineurs. J’ai pu ainsi apporter un coup de main non seulement à l’équipe Rumuri mais aussi au club Les Gazelles parce que nous avons formé près de 1 000 jeunes dans deux ans», a-t-il précisé.
Appréciation du niveau du club Les Gazelles
Patrick Bizindavyi est très content de voir jouer encore le club Les Gazelles, 20 ans après son départ pour le Canada. « Le fait qu’une équipe peut se maintenir à la première place ou parmi les premières, c’est vraiment important. Nous, à l’époque, avant même que cela soit une équipe compétitive, le club Les Gazelles était une équipe d’encadrement d’abord. Gagner des compétitions pour nous, c’était secondaire. La structure que j’ai laissée est toujours là mais, la seule chose qui a changé, c’est le niveau des compétitions parce qu’au paravent, il y avait 7 à 8 équipes féminines en première division de même qu’en deuxième division. Donc, le niveau était très élevé. Mais aujourd’hui, il n’y a que deux à trois équipes et le championnat ne dure que deux à trois semaines. Il n’y a pas de niveau très élevé de compétitions pour hausser le niveau des joueurs. C’est un grand problème, non seulement pour les équipes, mais aussi un problème global d’ambassadeur d’encadrement, de politique de sport », a-t-il expliqué.
Les compétitions internationales jouent un rôle très important
M. Bizindavyi a signalé que le manque de compétitions internationales de nos équipes entraine une baisse du niveau du basketball burundais. Il a indiqué qu’à l’époque, les équipes Urunani et Les Gazelles effectuaient au moins une sortie chaque année. « Je me souviens, la première sortie que nous avons effectuée avec Les Gazelles au Rwanda nous a fait grandir parce que nous avons tout raflé. Avant cette sortie, le club Les Gazelles n’avait jamais été champion. Mais, après cette sortie, nous avons remporté 15 coupes en trois ans : 1ère et 2è division, le tournoi d’ouverture, le championnat, le play off. Cette sortie nous a permis de nous épanouir sportivement et mentalement. C’est cela qui manque maintenant», a-t-il précisé.
Evaluation du niveau du basketball burundais
Parlant du niveau du basketball burundais, Patrick Bizindavyi a d’abord apprécié l’engouement qui s’observe. « Les gens aiment le sport. Une autre chose qui montre que le niveau est en train de monter, est qu’il y a des académies un peu partout. Les enfants vont au terrain de basket à partir de 4 ans et par centaines et pour les matchs qui sont livrés, les terrains sont toujours pleins. Deuxièmement, il y a du talent énorme pour les jeunes basketteurs burundais », a-t-il constaté. Par rapport aux défis, il a interpellé les personnes habilitées à améliorer l’état des lieux des infrastructures parce que jusqu’à l’heure où nous sommes, le Burundi ne peut pas organiser des compétitions internationales suite au manque de terrains. En ce qui est des performances individuelles, il y a, dit-il, très peu de joueurs qui prennent leurs propres initiatives pour travailler leur jeu individuel. Et là, c’est un problème de moyens financiers parce que travailler un jeu individuel exige un ballon personnel mais malheureusement, le ballon coûte cher. Il a invité donc les joueurs burundais à améliorer leur jeu individuel pour être meilleurs.
Son apport dans le développement du basketball burundais
« Arrivé au Canada, je devais d’abord m’installer. Ce qui n’a pas été facile pour moi mais, je pensais toujours à mon pays. Quand je me suis senti de plus en plus confortable, j’ai eu la chance de me vendre à la NBA (National basketball association). Je suis allé faire des entrevues avec les joueurs et les encadreurs dans les stades parce que j’animais une émission sportive sur la radio Canada et cela m’a ouvert un réseau au niveau des médias. Un des encadreurs sportifs qui vit à Washington a accepté de venir avec moi au Burundi pour donner une formation aux jeunes et aux entraineurs et depuis 2019, on essaie de venir chaque année ». M. Bizindavyi et son équipe viennent de passer deux semaines au Burundi avec une compagnie appelée P.H.A.S.E One où ils avaient été invités par le club Urunani. C’est une équipe des experts qui sont dans le développement du sport en général et du basketball en particulier depuis une trentaine d’années.
Le basketball comme une école de la vie
Dans sa vie, notre interlocuteur aime d’abord le basketball. « Je mange le basketball, je rêve le basketball, je lis le basketball, je dors le basketball et ça depuis que j’ai 13 ans. Pour moi, le basketball c’est plus qu’une religion mais un virus. Quand on l’attrape cela devient une maladie incurable», a déclaré M. Bizindavyi en souriant. Dans le basketball, Patrick Bizindavyi fait savoir que ce qui le passionne ce n’est pas juste l’aspect compétitif. Il a indiqué que le basketball est une école de la vie car, explique-t-il, si tu excelles dans le basketball en général, tu peux aussi exceller dans n’importe quel aspect de la vie. « Comme dans d’autres sports, on peut exceller dans la vie parce que c’est la même discipline, ce sont les mêmes sacrifices, c’est pouvoir se dépasser, pouvoir travailler en équipe, mais surtout apprendre à perdre parce qu’on peut perdre un match mais, on ne perd jamais la leçon. Le sport peut aussi aider à créer des amis. J’ai énormément d’amis parce qu’on a la même passion du basketball. On ne peut pas s’imaginer comment cela ouvre les portes. Je n’avais jamais pensé être devant James Lebon. Ce n’était même pas dans mes prières. Mais, c’est cela que le basket m’a offert et cela peut arriver à n’importe qui.», a-t-il conclu en disant que le basketball lui a appris à donner sans espoir de retour car, a-t-il-dit, le retour vient de soi même. Il conseille aux jeunes basketteurs de trouver d’abord leur passion et de tout faire pour être les meilleurs.
Olivier Nishirimbere