Dans le cadre du financement des jeunes entrepreneurs burundais, le (Paeej) Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes joue un rôle crucial. Nous, Le Renouveau (L.R) avons rencontré, Aimable Ndayisaba (A.N), chef d’Antenne provincial du Paeej à Rutana, pour en savoir plus sur des défis liés à ce programme et des solutions envisagées.

L.R. : Monsieur Ndayisaba, quel bilan pouvez-vous dresser du financement des jeunes à travers le Paeej dans la province de Rutana ?
A.N. : Le bilan est globalement positif. Nous avons pu financer plusieurs projets portés par des jeunes, favorisant ainsi l’auto-emploi et la création de richesse locale. Jusqu’à ce jour, en province de Rutana, plus de 250 coopératives et sociétés des jeunes ont déjà bénéficié d’un financement à crédit et elles sont à l’œuvre. Malgré l’encadrement musclé et la sensibilisation, des défis persistent, notamment en ce qui concerne la stabilité des jeunes, le changement de mentalité pour un travail collectif, la redevabilité par rapport au Paeej ainsi que l’instabilité des prix sur le marché.
L.R. : Justement, on observe que certains jeunes qui ont bénéficié du financement du Paeej abandonnent leurs projets pour chercher une «nouvelle vie» ailleurs. Comment expliquez-vous cela ?
A.N.: Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. D’abord, certains jeunes considèrent encore l’entrepreneuriat comme une solution temporaire et non comme un engagement à long terme. Ensuite, l’attrait de l’exode vers les villes ou même à l’étranger reste présent. Il y a aussi le manque de patience face aux premières difficultés rencontrées dans la gestion des projets.
L.R. : Le concept des coopératives semble ne pas être pleinement ancré dans la conscience des Burundais. Pourquoi, selon vous ?
A.N. : Historiquement, l’esprit coopératif a été faiblement valorisé. Beaucoup de Burundais restent attachés à l’initiative individuelle et ont des réticences à mutualiser les efforts et les ressources. Nous renforcons cette culture de la coopération à travers des formations et des campagnes de sensibilisation.
L.R. : Le changement de mentalité est un enjeu crucial pour la réussite de ces initiatives. Comment le Paeej intervient-il sur ce point ?
A.N. : Nous organisons régulièrement des sessions de formation et d’accompagnement pour inculquer aux jeunes la culture entrepreneuriale et la persévérance. Nous mettons également en avant des modèles de réussite pour inspirer les jeunes et leur montrer que l’entrepreneuriat est une voie viable.
L.R. : Un autre défi majeur reste l’instabilité des prix des matières premières. Comment cela affecte-t-il les projets financés et quelles sont les solutions envisageables ?
A.N. : L’instabilité des prix est un problème qui impacte la rentabilité des activités entrepreneuriales. Certains jeunes voient leurs coûts de production augmenter brusquement, ce qui complique la gestion de leurs entreprises compte tenu du crédit demandé et obtenu au moment du dépôt de dossier. Cela complique le démarrage de certains projets. Pour y faire face, nous encourageons ceux qui sont déjà à l’œuvre, la diversification des activités et la contractualisation avec des fournisseurs fiables afin de minimiser les fluctuations.
L.R. : En conclusion, quel message adressez-vous aux jeunes de Rutana qui souhaitent bénéficier de l’appui du Paeej ?
A.N. : Je leur dirais de croire en leur potentiel et d’adopter une approche engagée et persévérante. Le Paeej est là pour les accompagner, mais la réussite dépend avant tout de leur implication et de leur capacité à surmonter les défis. L’entrepreneuriat est un parcours exigeant, mais il offre des opportunités immenses pour ceux qui s’y investissent pleinement.
Propos recueillis par Amédée Habimana