Le mois d’octobre de chaque année est dédié à la prévention et à la lutte contre le cancer du sein. Le cancer du col de l’utérus ménace également un nombre non négligeable de femmes et filles. Malheureusement au Burundi, beaucoup de femmes ne se font pas dépister à temps. Elles consultent au moment où ces cancers atteignent le stade maladie. Les personnes atteintes de ces maladies interpellent le gouvernement à mettre en place un centre public de prise en charge afin d’alléger le lourd fardeau des frais de soins de santé. Les intervenants en matière de lutte contre les cancers du col de l’utérus et du sein interpellent toutes les femmes et toutes les filles en âge de procréer, de se faire dépister à temps afin de connaître leur état de santé.
Bigirimana souffre du cancer du sein. Elle fait savoir qu’il y a une année, elle entendait souvent de petite douleurs dans son sein mais qui disparaissaient après un certain temps. « Ces douleurs survenaient souvent quand j’étais fatiguée. Je pensais alors que je devais me reposer pour faire passer ces douleurs. J’avais également une fatigue inéxpliquée. A un certain moment, j’ai senti des douleurs intenses dans mon sein et je me suis finalement décidée d’aller consulter un médecin généraliste. Au moment des palpations, ce dernier a senti de petites boules à l’intérieur. Il m’a inscrit des médicaments anti douleurs. Mais, ceux-ci n’ont rien changé », précise Mme Bigirimana. Elle est alors allée consulter un spécialiste qui lui a recommandé de faire une mammographie. Celle-ci a prouvé qu’elle a un cancer du sein à un stade encore traitable. Maintenant, elle a subi une opération et est hospitalisée à CHUK (Centre hospitalo-universitaire de Kamenge).
Des saignements inhabituels
Léocadie Minani, quant à elle, fait savoir qu’elle a vu des saignements inhabituels dans sa partie intime. « Alors que je n’étais pas dans ma période menstruelle, j’ai vu des saignements. J’en ai parlé avec ma voisine. Celle-ci m’a accompagnée dans un centre Kenyera pour le dépistage. L’examen a prouvé que j’avais des lésions cancereuses. Cette annonce m’a arraché le cœur puisque j’ai pensé que j’allais directement mourir. Comme cette maladie était au premier stade, je suis en train de suivre la thérapie au CMCK. Les saignements se sont arrêtés et j’espère une guérison », souhaite Mme Minani.
Peu de moyens
La représentante légale de l’Association des femmes pour la lutte contre les cancers féminins « Kenyera », Josélyne Ndayishimiye, a fait savoir que l’idée de créer cette association est motivée par plusieurs cas de femmes qui souffrent des cancers qu’elle a constatés dans les structures de soins où elle prestait pendant 20 ans. « Je suis une infirmière de formation depuis 20 ans. Pendant cette période, j’ai déjà constaté que certaines femmes se présentent dans les structures de soins avec différents signes de cancers. J’ai alors été touchée par le fait qu’il n’y a pas de centre public de prise en charge au Burundi des personnes atteintes des cancers. Dans beaucoup de cas, ces femmes n’ont pas de moyens pour aller se faire soigner à l’étranger puisqu’elles consultent au moment où elles présentent déjà des signes cancereux », a-t-elle précisé.
Mme Ndayishimiye a informé que l’association a débuté ses activités en 2016 avec une vision de mobiliser les femmes et les filles en général dans la prévention et le traitement des cancers du col de l’utérus et du sein. « Chose souhaitée, chose accomplie. Notre association a déjà réalisé pas mal d’actions dans le cadre de la prévention contre lesdits cancers. Nous avons organisé des rencontres d’information, de sensibilisation et de dépistage contre les cancers. Au cours de ces rencontres, nous informons les femmes et les filles que la lutte contre les cancers se fait en trois stades : La prévention primaire par un vaccin chez les filles de 9 à 13 ans. Au Burundi, ce vaccin n’est pas encore disponible. La prévention secondaire par le dépistage. A ce stade, nous avons dépisté beaucoup de femmes au cours desdites rencontres. Certaines sont testées négatives. Elles peuvent toutefois refaire cet examen après un ou deux ans. D’autres présentent malheureusement des lésions précancéreuses. Il intervient alors le troisième stade appelé tertiaire. Nous les référons en effet dans des centres spécialisés pour le traitement. Puisqu’elles sont dépistées précocement, certaines d’entre elles peuvent être traitées et guérir complétement », ajoute Mme Ndayishimiye.
Vaut mieux prévenir que guérir
La représentante légale de Kenyera interpelle toutes les filles en général et toutes les femmes en particulier, de prévenir à temps les cancers féminins en faisant les dépistages précoces. Elle rappelle qu’une fois constatés à temps, les lésions cancéreuses peuvent être traitées et guérir complétement. Elle demande aux femmes tout particulièrement de répondre massivement à l’appel lancé par les préstataires de soin pour se faire dépister aux cancers féminins pendant ce mois appelé « Octobre rose », dédié à la lutte contre le cancer du sein.
Rose Mpekerimana