Dans un entretien récemment accordé par le président de la Commission vérité et réconciliation (CVR), Pierre Claver Ndayicariye, il nous a dit que la mission de cette Commission pour ramener les antagonistes à la réconciliation est de connaître et de lister les personnes assassinées ou disparues ainsi que les personnes qui ont protégé les autres pendant les différentes crises, celles qui ont demandé le pardon et celles qui l’ont déjà accordé.
Le président de la CVR a fait savoir que parmi les missions de la CVR figurent aussi l’identification, l’excavation et la cartographie des fosses communes. Il a précisé que l’investigation sur ces violations graves conduit à la découverte de la vérité. Cette dernière va servir à libérer tous les Burundais, les familles des victimes et les familles des bourreaux. «C’est une vérité libératrice qui permet à chacun de sortir du ghetto de la globalisation car, disait-il, tout le monde n’a pas tué et les enfants des bourreaux n’ont pas été consultés. C’est aussi cette vérité qui doit libérer, non seulement celles des victimes mais aussi les familles des bourreaux et les bourreaux eux-mêmes.», a-t-il indiqué.
Parlant de la justice, M. Ndayicariye a fait savoir que quiconque vient à la CVR ne vient pas parler à la justice car, cette commission n’est pas un appareil judiciaire. Néanmoins, quiconque trouve bon de se plaindre devant la justice en a le droit. Parlant de la réparation, le président de la CVR a fait savoir qu’il s’agit d’un grand débat selon qu’on est encore loin à l’étape de l’identification et excavation des fosses communes pour savoir ce qui s’est passé. Cependant, il a dit que la réparation est une étape prévue dans la loi et sous forme diversifiée.
Comment passer au travers vers une réconciliation effective
Selon l’expert local en accompagnement psychosocial, Alexis Nibigira, connaître la vérité de ce qui s’est passé est l’un des piliers de la justice transitionnelle qui contribue évidemment à la réconciliation. Cependant, cette vérité a besoin d’être complétée par d’autres piliers, comme la réparation par laquelle les victimes bénéficient d’une réhabilitation, de compensation sans oublier l’aspect psychosocial pour être stables au niveau des émotions afin de prendre en main leur avenir. En outre, les victimes ont droit à la justice, ils ont aussi besoin d’être garanties de la non répétition du passé douloureux pour asseoir la tranquillité et la cohabitation pacifique.
Rôle de l’accompagnement psychologique
Comme l’a fait savoir M. Nibigira, les personnes affectées par le passé ont des émotions négatives de persistance qui sont liées aux événements subis. Elles vivent la peur des autres, la terreur en elles, la colère voire le sentiment d’indifférence par rapport aux différentes initiatives. Pour ce, l’accompagnement psychosocial doit être transversale sur tous les piliers de la justice transitionnelle. M. Nibigira a indiqué que la gestion du traumatisme est l’une des voies nécessaires pour aider les gens ayant des émotions réduites, négatives ou violentes à s’ouvrir la voie vers la réconciliation. «Quand on est stabilisé sur le plan émotionnel, il est facile de s’ouvrir et de transformer les mémoires négatives ou violentes en mémoires positives et avoir cette capacité de s’ouvrir à la réconciliation et d’avoir confiance aux autres et de construire ensemble la nation.», a-t-il conclu.
Fiacre Nimbona