
Le conseiller du gouverneur se réjouit du pas déjà franchi dans la mise en exécution du PND en province de Bujumbura
Depuis le mois de juin 2018, le peuple et le gouvernement burundais se sont dotés d’un Plan national de développement (PND) Burundi 2018-2027. Il doit être mis en exécution et doit guider tous les intervenants, qu’ils soient Burundais ou étrangers, dans différents secteurs du développement du Burundi. Ainsi, tout le monde a été interpellé à s’imprégner de son contenu afin qu’il puisse agir en connaissance de cause. C’est dans cette optique que nous avons voulu savoir l’état des lieux de sa mise en exécution dans la province de Bujumbura quatre ans après son adoption. Il s’agit également de se rendre compte de la contribution de la société civile en vue de garantir la réussite effective des objectifs de ce plan, à l’horizon de 2027.
Comme on peut le lire dans ce document « chaque Etat-Nation fait face, de manière permanente, à l’enjeu de cerner les priorités de son peuple et de définir souverainement la trajectoire de sa croissance dans le but de réconcilier, au mieux, amélioration de la productivité agricole, modernisation des infrastructures de base, création d’emplois pour la jeunesse et préservation des écosystèmes ». D’où il a été estimé que le Burundi puisse entreprendre de vastes chantiers devant aboutir aux changements d’approches et de pratiques fondées sur la transformation mentale et structurelle des acteurs de notre économie circulaire en pleine mutation.
L’objectif à long terme de ce Plan vise à rétablir les équilibres structurels de l’économie burundaise à travers le renforcement de l’autosuffisance alimentaire et la diversification des exportations à travers la promotion des entreprises agro-industrielles, commerciales et extractives; le développement du secteur de l’énergie et du secteur de l’artisanat ; la construction et l’entretien des infrastructures d’appui à la croissance ; l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base notamment l’éducation, la santé et la protection sociale ; la poursuite des programmes de protection de l’environnement et de l’aménagement du territoire; l’amélioration de la gouvernance financière et la décentralisation ainsi que le développement du partenariat régional et international. Son objectif ultime étant de «transformer structurellement l’économie burundaise, pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social ».
Après quatre ans de mise en exécution de ce plan, il sied de se poser la question de savoir si avec cette nouvelle ère de cheminer vers le développement, les Burundais se sont résolus à changer la mentalité et bien s’organiser dans leur façon de vivre ou de travailler ? Il faut aussi chercher à savoir les efforts déjà fournis par les uns et les autres pour appuyer l’exécution effective de ce plan, mais chacun dans son domaine.
Satisfaire les besoins fondamentaux en réduisant la pauvreté
A propos de la transformation structurelle de l’économie burundaise, le document montre qu’il persiste un défi qui empêche d’atteindre cet objectif. Il parle d’un manque des capacités productives. D’où, il faut « un mécanisme à orchestrer des changements fondamentaux dans la structure de l’économie allant de la réaffectation des ressources des activités traditionnelles vers les secteurs à forte productivité afin d’améliorer de manière rapide le niveau de vie de la population ».
Etant donné que le Burundi connait de grandes mutations dans les domaines de la gouvernance administrative, et économique, le PND Burundi 2018-2027 est venu répondre aux défis qui persistent encore dans les domaines du développement économique et social du pays en s’inscrivant dans un schéma de développement axé sur une nouvelle dynamique de transformation des structures économiques, démographiques et sociales. Cela pour générer des effets multiplicateurs et durables sur l’amélioration de la croissance économique et du revenu moyen par habitant; permettant ainsi la satisfaction des besoins fondamentaux, la réduction de la pauvreté, le développement du capital humain, la viabilité environnementale et l’équité sociale.
Des plans de développement alignés au PND ont été élaborés
Sur le plan de la mise en exécution du PND, différentes institutions de l’Etat ont été invitées à s’en approprier en vue de planifier des projets de développement alignés dans l’esprit de ce plan. Ainsi, au niveau de l’administration provinciale de Bujumbura,pas mal d’activités ont été réalisése,allant dans le sens des objectifs fixés à travers le PND dans différents domaines.
A la question de savoir comment les administratifs ont encadré ou encadrent la population pour qu’elle fasse sien le PND et participe au développement du pays, le Conseiller du gouverneur chargé de développement, Ezéchiel Mpongera, souligne que la province a déjà organisé des séances de sensibilisation à l’intention de la population afin qu’elle puisse participer dans différentes activités de développement organisées par l’administration et contribuer dans l’exécution de différents projets de développement de la province et du pays. C’est entre autres la construction de différentes infrastructures, les travaux en rapport avec l’agri-élevage et de protection de l’environnement.
En matière de lutte contre la corruption, le Conseiller du gouverneur indique que la population est suffisamment sensibilisée et informée sur les méfaits de la corruption et sur l’importance de lutter contre ce fléau. Il informe que, pour matérialiser les conclusions de ces séances de sensibilisation, il y a déjà eu mise en place des comités locaux de lutte contre la corruption et les malversations économiques.
Continuer la sensibilisation de la population
S’exprimant sur la pression démographique qui est identifiée comme un véritable frein au développement dans presque tous les domaines du pays, M. Mpongera dit que pour faire face à cette situation, on continue de sensibiliser la population de la province de Bujumbura en vue d’opter pour le planning familial afin de réguler ou diminuer les naissances. Mais, il déplore le fait que même si la sensibilisation a eu lieu, les familles ayant 3 enfants sont encore à compter sur les doigts. « Nous comptons continuer la sensibilisation de la population en vue d’opter pour planning familial».
C’est la même chose pour les conflits fonciers, qui sont devenus un grand défi au Burundi en général et en province de Bujumbura en particulier. Les gens sont souvent sensibilisés pour qu’ils fassent enregistrer leurs propriétés dans les services fonciers en vue d’éradiquer ou de limiter ces conflits, comme le souligne M. Mpongera. « Ils sont également sensibilisés qu’il faut saisir la justice en cas de conflit foncier et le souhait est que les dossiers déposés au niveau des tribunaux soient traités le plus vite possible ».
Accroitre la production et éradiquer la malnutrition
Concernant l’encadrement de la population en vue d’accroitre de la production, surtout vivrière, Ezechiel Mpongera dit qu’au niveau de la province de Bujumbura, on compte regrouper et encadrer les agriculteurs, promoteurs du développement, par filières. « Les filières vivrières seront appuyées financièrement et les semences sélectionnées seront octroyées en vue d’accroitre la production ». Selon lui, cela permettra de lutter contre la malnutrition qui est identifiée comme un des fléaux qui décime la force productive surtout en milieu rural. « Nous comptons sensibiliser davantage la population en vue d’adhérer aux principes de la sécurité alimentaire et à l’alimentation équilibrée. Nous voulons aussi diminuer le taux de naissance en sensibilisant la population à mettre au monde un nombre raisonnable d’enfants et vaquer aux activités de développement agricole, y compris les jardins potagers ».
Pour ce qui est de la protection de l’environnement, Ezéchiel Mpongera souligne qu’il y a déjà eu plantation des arbres agro forestiers, fruitiers, les herbes fixatrices, etc. « Nous avons habillé les collines dénudées et nous avons aussi des pépinières pour continuer à couvrir les autres collines qui ne sont pas encore couvertes d’arbres ». Il y a également eu traçage des courbes de niveau et des canaux d’irrigation en vue de favoriser le labour estival.
La société civile ne reste pas les bras croisés
La mise en exécution du PND concerne tout le monde, y compris les membres de la société civile. Cette dernière occupe une place importante dans le développement en ce sens qu’elle rappelle aux décideurs les principales orientations principalement liées aux manquements que les autorités pourront avoir dans l’exécution de tel ou tel autre projet. Elle accompagne aussi la population dans son auto développement, du moins dans la réalisation des activités ou des projets de développement.
Faisant un commentaire sur l’état des lieux de la mise en exécution du PND, le président et représentant légal de l’association Action Burundaise pour l’Afrique (Aba), Jean Bosco Ndereyimana, s’est d’abord réjoui de ce document qui constitue, pour lui, une base sur laquelle doivent se référer les responsables de différentes institutions au moment de l’élaboration des projets à réaliser.
Quant à la mise en œuvre du contenu de ce document, il indique qu’elle incombe à tout Burundais, y compris la société civile. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, cette dernière participe à la sensibilisation et la conscientisation de la population burundaise pour qu’elle s’approprie et suive les orientations du PND. « Donc, nous essayons de montrer la population ce qu’il faut faire pour s’en approprier ».
Concentrer les efforts sur les contributions internes
La mise en exécution du PND, dans différents domaines, ne peut pas être effective sans les moyens financiers suffisants. C’est pourquoi, selon M. Ndereyimana, la société civile ne cesse de sensibiliser aussi les contribuables afin qu’ils puissent payer convenablement et à temps les impôts et taxes afin que le gouvernement trouve des fonds pour pouvoir mettre en application les missions du PND sans entrave. « En tant que membre de la société civile, nous essayons de faire comprendre à la population qu’elle doit, elle aussi, contribuer pour que le PND réussisse ses mission avec succès. Pour nous, il ne faut pas penser que les fonds pour l’exécution du PND proviendront de l’extérieur. Nous proposons qu’il y ait plutôt une mise en place de tous les mécanismes de collecte des recettes internes pour que les fonds qui doivent entrer dans les caisses de l’Etat soient convenablement collectés sans fuite ».
Parlant toujours des financements internes pour l’exécution effective du PND, le président et représentant légal de l’ABA trouve qu’il faut sérieusement lutter contre la corruption et punir quiconque qui s’adonnent à la malversation économique et à la corruption. Ainsi, a-t-il ajouté, les fonds collectés serviront dans la réalisation des projets en faveur de la population. «
Le PND va donner des fruits quand la population et les contribuables donnent leur contribution, d’une part, et quand il y a une bonne gestion des fonds de l’Etat, d’autre part ».
Le changement de mentalité s’avère indispensable
Pour M. Ndereyimana, comme pour Ezéchiel Mpongera, le changement de mentalité que prône le PND est un élément indispensable pour le développement et la réussite de ce plan. C’est pourquoi, la population burundaise doit couper court avec les anciennes habitudes d’attendre toujours les aides provenant de l’extérieur, comme le souligne M. Mpongera. Toutefois, il se réjouit que certains Burundais ont déjà compris cela et ont commencé à travailler.
« Aujourd’hui, certaines gens ont commencé à comprendre et à retrousser les manches pour travailler ».
De son côté, M. Ndereyimana trouve qu’il faut que tous les Burundais travaillent sans attendre de l’aide, sans tendre les mains à l’extérieur pour se développer.
« Les gens doivent ouvrir leurs yeux surtout que le PND a bien tracé les voies à suivre ou tous les secteurs à exploiter pour aboutir au développement. Donc, ouvrir les yeux, c’est le mot d’ordre de nos enseignements envers la population quand nous faisons des descentes sur terrain ».
En définitive, pour arriver au développement indéfectible du Burundi, la population doit s’inscrire dans l’esprit du PND en retroussant les manches et travailler sans attendre que les organisations non gouvernementales (ONG) ou le gouvernement prennent le devant pour leur sortir de la situation financière et économique que traverse leurs familles. C’est dans ce sens que Jean Bosco Ndereyimana leur invite à commencer à travailler davantage en faisant des activités génératrices de revenus. « Certes le PND donne l’image du Burundi au bout de dix ans, mais il faut qu’à leur tour les gens se donnent l’image de leurs ménages au bout de dix ans aussi. Comme ça, cela leur permettra de travailler en conséquence pour le bien être des membres de leurs familles et pour le développement de leurs ménages ».
Astère Nduwamungu
Département de la Documentation
Service de rédaction