La société Nezerwa Investment Group est une des sociétés qui œuvre dans la collecte et la transformation aux déchets en plastique. Ladite société est sur la bonne voie dans la chasse des déchets plastiques partout où ils sont. La société Nezerwa ainsi que les équipes qui travaillent avec elle, en tire aussi des profits. Néanmoins, elle est confrontée à certains défis liés au manque de moyens financiers suffisants, manque d’électricité ainsi qu’à la logistique. C’est un reportage effectué par les journalistes de l’Ajeb (Association des journalistes environnementalistes du Burundi).

Silas Bucumi, représentant de la société Nezerwa Investment Group explique que leur objectif principal est de collecter toutes les bouteilles en plastiques disséminées dans le lac Tanganyika pour le rendre propre et en tirer aussi des revenus. Il fait savoir que cette société peut collecter plus d’une tonne de déchets plastiques par jour sur le site NtahangwaTanganyika seulement.
Cette société a également créé d’autres sites tels que Kinyankonge Tanganyika et Mutimbuzi Tanganyika. Il en déduit que plus de 45 tonnes de bouteilles en plastiques ont été collectés sur seulement une période de 3 mois à partir de la date à laquelle elle a commencé ses travaux sur le lac Tanganyika. Bientôt, elle va créer le site Rusizi Tanganyika dans l’optique de rendre propre ce réservoir d’eau douce qui approvisionne en eau potable plus de 90% des habitants de la mairie de Bujumbura. La société Nezerwa investment paie 200FBu par kilogramme des plastiques.

Installer des poubelles dans tous les quartiers, parmi les souhaits
M. Bucumi ajoute qu’il compte installer des poubelles dans tous les quartiers de la municipalité de Bujumbura pour gagner le pari dans la protection du lac Tanganyika contre la pollution de ses eaux par les bouteilles en plastiques. Selon lui, ce qui est en train d’être réalisé en aval des affluents du lac Tanganyika doit se faire également en amont. La société va alors y faire passer des chariots et des camions pour collecter tous ces déchets après avoir payé ceux qui les ont collectés.
De plus, cette société compte installer des points de vente de bouteilles en plastiques à partir de la commune Nyanza-lac pour bien maîtriser la problématique de la pollution des eaux du lac Tanganyika.
Pour le moment, les gens vont les collecter et les mettre dans des endroits précis pour les vendre à notre société, rajoute-il. Elle compte même commencer lesdites activités dans tout le pays. Actuellement, des points de vente sont ouverts à Ngozi et à Gitega.
M. Bucumi indique que le marché d’écoulement de ces déchets ne pose plus de problème. «Je parviens à vendre seulement plus de 6 tonnes de ces bouteilles en plastiques par jour à la société NVP Holding au moment où elle me demande plus de 20 tonnes par jour», déplore-t-il.
Des défis malgré quelques avancées
Malgré ces avancées, M. Bucumi fait savoir que Nezerwa Investment Group est confronté à certains défis tels que le manque d’électricité. « La fois dernière, nous avons passé presqu’un mois sans énergie pour compresser nos déchets plastiques», s’inquiète-t-il. Il ajoute que la société a aussi besoin d’un bateau, des bottines et des gants pour parvenir à collecter les déchets plastiques qui sont dans les eaux de grands affluents du lac Tanganyika comme la rivière Rusizi.
M. Bucumi demande au gouvernement et à ses partenaires, de l’appuyer financièrement et matériellement pour qu’il puisse continuer à protéger le lac Tanganyika contre les déchets plastiques, car cela demande beaucoup de moyens.
Les collecteurs en tirent profit
En plus de sa contribution à la protection du lac Tanganyika contre la pollution par les déchets plastiques, le personnel de cette société se réjouit du fait qu’il parvient à contribuer à l’amélioration des conditions de vie de leurs familles grâce aux revenus qu’il bénéficie de la société Nezerwa Investment Group.
A titre illustratif, Eddy Ntimpirangeza rencontré sur le site Kinyankonge Tanganyika explique : «Le travail de la collecte des déchets plastiques destinés à la société Nezerwa Investment Group est mon quotidien. Ma famille en dépend. Pour moi, c’est une activité noble. On peut même me payer 150 000 FBu sur deux jours. Ça dépend de la situation météorologique du jour. S’il pleut, la quantité de ces déchets plastiques dans les rivières augmente et le pain gagné est conséquent»,. Il parvient, pour le moment, à envoyer ses enfants à l’école. Et il a pu acheter aussi quelques animaux domestiques.
Qu’est-ce que dit l’expert ?
Dr Pierre Ntakiyiruta, professeur à l’Université du Burundi dans le département de Chimie, encourage la société Nezerwa Investment Group à redoubler d’efforts dans la collecte des déchets plastiques partout où ils se trouvent, car ces déchets occasionnent des conséquences graves sur l’Homme, l’environnement et la couche d’ozone.
Si les poissons consomment les microplastiques et que par après l’Homme les consomme, il indique qu’il peut être attaqué par certaines maladies comme le cancer. C’est de même lorsque l’Homme consomme des cultures se trouvant là où il y a des déchets plastiques pendant une longue période.
Si on brûle ces déchets plastiques, il ajoute qu’il y a dégagement des produits organo-chlorés et phosphorés riches en gaz à effet de serre qui détruisent la couche d’ozone et entraine le réchauffement climatique.

Les déchets plastiques, un danger pour la reproduction chez les poissons
De plus, les déchets plastiques trouvés à l’embouchure du lac Tanganyika constituent une grande menace à la reproduction chez les poissons, car ces animaux pondent des œufs sur les rives dudit lac.
L’expert demande à la population de procéder à la stratégie 3R, c’est à dire la réduction, le réemploi et le recyclage de ces plastiques pour mieux les gérer. Il informe qu’on peut produire pas mal de produits à travers les déchets plastiques. Il cite les briques et les pavés.
Notons que le ministre en charge de l’environnement, Prosper Dodiko se réjouit des efforts que les sociétés de collecte et de recyclage des déchets plastiques sont en train de fournir dans la lutte contre ces déchets en les valorisant. Pour le moment, selon lui, il s’observe que ces derniers ne sont plus un défi, mais plutôt une opportunité.
Pour lutter contre la prolifération des déchets plastiques dans tout le pays, le ministre Dodiko exhorte la population à ne pas jeter des plastiques partout, mais d’utiliser les poubelles publiques là où elles sont déjà mises en place. Sinon, les récalcitrants sont pour le moment sanctionnés conformément à la loi. «Nous avons une ordonnance ministérielle conjointe numéro 750 ∕540∕ 710∕ 1510 du 12 octobre 2020 portant mise en application effective du décret numéro 100∕ 099 portant interdiction de la fabrication, de l’importation, de la commercialisation et de l’utilisation des sachets et autres emballages en plastique du 8 août 2018. Les sanctions varient de 25 à 50 millions de FBu, de 50 à 100 millions de FBu, de 12 à 25 millions de FBu et de 2 à 5000 FBu», conclut-il. Ce sont les propos du ministre de l’Environnement, de l’agriculture et l’élevage lors du lancement officiel des poubelles publiques en mairie de Bujumbura le 16 mai 2025.
Eliane Nduwimana