Le Sénat du Burundi en collaboration avec la Commission nationale des droits de l’Homme (CNIDH) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) organise, le mardi 7 septembre 2021, à Ngozi, un atelier d’échange et d’évaluation du processus de lutte contre les mariages précoces et les grossesses non désirées en milieu scolaire. Le deuxième vice-président du Sénat, Cyriaque Nshimirimana qui a ouvert cet atelier, indique que pour la seule année scolaire 2019-2020, les grossesses en milieu scolaire était un phénomène de plus en plus inquiétant. Cet atelier est une occasion d’arrêter des stratégies efficaces pour bien mener le combat contre les grossesses et les mariages précoces.
« Lors des différentes enquêtes et descentes effectuées dans les écoles au cours de l’année scolaire 2019-2020 par la Commission permanente ayant le genre dans ses attributions, son rapport a montré que le taux d’abandons scolaires pour les filles devenait de plus en plus croissant. Cet abandon trouvait principalement origine dans les mariages précoces et les grossesses non désirées en milieu scolaire », regrette M. Nshimirimana.
Au niveau des provinces, ajoute M. Nshimirimana, la province de Muyinga venait en tête avec 101 filles, soit 0.39% des cas, suivie par la province de Rutana avec 70 filles, soit 0.38% puis la province de Kayanza avec 0.36% des cas. Le secrétaire exécutif de la CNIDH, l’ambassadeur Anatole Bacanamwo dit que les cas de mariages précoces et de grossesses non désirées en milieu scolaire inquiètent plus d’un.
Le phénomène des grossesses non désirées en milieu scolaire est préoccupant
M. Bacanamwo dit qu’au-delà de l’abandon scolaire, certaines victimes se retrouvent dans la rue, d’autres se marient précocement, exercent le vieux métier du monde ou prestent en tant que travailleurs domestiques. Ce défenseur des droits de l’Homme regrette ce qu’il qualifie de faible répression des phénomènes de mariages précoces et des grossesses en milieu scolaire. Se basant sur le rapport de la commission du Sénat ayant la jeunesse dans ses attributions, M. Bacanamwo regrette qu’au cours de l’année scolaire 2019-2020, 314 auteurs présumés n’ont pas été sanctionnés, 3 cas réglés à l’amiable, 8 cas se sont soldés par des mariages précoces, 1 seul dossier judiciaire a été ouvert et 11 auteurs présumés ont été arrêtés tandis que 73 élèves auteurs ont été renvoyés de l’école et 5 autres ont pris la fuite.
Quant au représentant de l’Unicef au Burundi, John Agbor, il qualifie de tragédies les mariages précoces et les grossesses en milieu scolaire. « C’est une tragédie qui handicape l’avenir des milliers de jeunes filles qui se trouvent obligées d’abandonner l’école ».
La lutte contre les mariages précoces, une voie vers le développement
En plus d’avoir un effet démultiplicateur sur la vulnérabilité et l’exclusion sociales de beaucoup de mères adolescentes et de leurs enfants qui perdent le bénéfice de protection et de la solidarité sociale, le représentant de l’Unicef au Burundi, dit que les grossesses et les mariages précoces sont générateurs de violences et conflits sociaux.
Pour ce fait, le secrétaire exécutif de la CNIDH, Anatole Bacanamwo indique que la CNIDH est convaincue que la lutte contre les mariages précoces et les grossesses non désirées en milieu scolaires est une voie qui ouvre sur le développement familial et national.
Moïse Nkurunziza