L’artisanat au Burundi joue un rôle important dans l’augmentation de la production. Il est parmi les secteurs clés dans la mise en œuvre de la Vision du Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 car les produits artisanaux sont en grande partie fabriqués à l ‘aide des ressources naturelles produites localement .On n’a pas besoin de devises pour s’approvisionner en matières premières. Ce sont les propos du directeur général de l’artisanat au ministère des Ressources minières énergétiques, de l’industrie, du commerce et du tourisme, Pascal Barutwanayo.

M. Barutwanayo a indiqué que selon la Politique nationale de l’artisanat 2022-2032 et sa stratégie de mise en œuvre adopté par le gouvernement le 4 mai 2022, le terme « artisanat » veut dire la transformation des produits ou la mise en œuvre des services grâce à un savoir-faire particulier et hors contexte industriel de masse. Il englobe trois catégories dont l’artisanat de production, l’artisanat de services, l’artisanat de l’art. Pour l’artisanat de production, c’est une catégorie qui suppose une duplication et une standardisation et est le plus pratiqué au Burundi. L’artisanat de services est une catégorie qui est en grande partie rencontrée dans les centres urbains et l’artisanat de l’art, les activités de ce type débouchent sur la production d’objets décoratifs.
M. Barutwanayo a précisé que l’artisanat est présent sur tout le territoire burundais. Les unités de production sont dispersées, les regroupements d’artisans en association, coopérative ou autre entité apparaissent au jour le jour. « L’artisanat a déjà dépassé le stade de l’artisanat domestique de subsistance pour se transformer en artisanat utilitaire et de croissance économique. Cela se justifie par la multiplication des micros, petites et moyennes entreprises artisanales et leurs participations dans des foires et expositions internationales », a-t-il souligné.
Une place de choix dans la création d’emploi
Pour notre interlocuteur, l’artisanat au Burundi occupe une place prépondérante dans la création de l ‘emploi surtout dans le contexte d’une économie majoritaire tant rurale qu’urbaine. Il offre des opportunités accessibles sans grands capitaux ni diplôme. « Beaucoup d’artisans créent leur propre activité, d’autres s’organisent en coopératives, en sociétés tout en créant des unités de production stimulant ainsi l’emploi communautaire », a-t-il renchérit. Selon M. Barutwanayo ,avec la multiplication de ces unités de production, il y a eu la création de beaucoup d’emplois . Avec l’ONG Spark Burundi le ministère ayant en charge l’artisanat a formé 1 298 personnes dans le domaine de l’entrepreneuriat, création et gestion des entreprises, coopératives où 461 artisans formés ont émergé avec la création de 90 petites et moyennes entreprises artisanales et ensuite ont généré 412 emplois. Il a signalé que d’après la cartographie artisanale effectuée depuis 2023 jusqu’au mois de juin 2024, la direction générale de l’artisanat avait pu recenser 3 2021 artisans qui se sont faits inscrire par leur volonté sur tout le territoire national y compris 4 3 coopératives artisanales.
M. Barutwanayo affirme que les artisans burundais peuvent vivre aisément grâce à leurs métiers. Il a justifié ceci du fait que le revenu estimatif annuel moyen d’un artisan est 1 477 714 FBu d’après l’identification effectuée en 2024 et parmi les 32 021 artisans cartographiés, 27 235 artisans vivent principalement du métier dont 16 545 jeunes parmi lesquels on trouve 5 404 filles. Aussi, l’augmentation des entreprises artisanales montre que les artisans ont compris qu’ils peuvent vivre grâce à leurs métiers. Dans des villes où se trouve beaucoup d’artisans, on peut constater que l’artisanat n’est plus un métier de subsistance mais plutôt celui de croissance économique.
Les artisans sont fiers de leurs métiers
Toutefois, il a précisé qu’il est difficile de déterminer la part des artisans dans la valorisation de leur métier car une étude n’a pas encore eu lieu sur la contribution de l’artisanat dans le produit intérieur brut. Mais, ce qui est sûr est que les artisans sont fiers et ont compris l’importance de leurs métiers. L’autre indicateur est l’augmentation du nombre de participation dans des différents évènements comme les foires et les expositions tant national qu’international. Par exemple, dans la foire commerciale régionale des micros, petites et moyennes entreprises de la Communauté Est Africaine dénommée autrefois Jua kali/Nguvu kazi, on observe une augmentation significative depuis 2008 jusqu’à nos jours passant de 8 artisans en 2008 à 125 artisans en 2024. En prenant l’exemple de l’année 2024 seulement, le constat est que parmi les produits d’une valeur de 577 995 672 FBu transportés à Juba en République du Soudan du Sud, seuls les produits ayant une valeur de 105 085 152 de francs burundais ont été retournés. Les produits vendus ont une valeur de 472 910 520 de FBu ce qui montre que le produit artisanal burundais a fait la différence durant cette foire. Comme conséquence, les artisans entrepreneurs burundais ont encaissé des devises en provenance du Soudan du Sud avec des produits artisanaux transportés dans cette foire.
La population est appelée à valoriser les produits de l’artisanat
La population burundaise a un rôle à jouer dans la valorisation des produits de l’artisanat en prenant l’habitude d’utiliser les produits de l’artisanat burundais. « Consommer ces produits, c’est soutenir notre culture, notre économie et nos talents locaux car contribuer dans la mise en œuvre de la Vision du Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 », a-t-il signifié. Les produits artisanaux sont en grande partie fabriqués à l’aide des ressources naturelles. On n’a pas besoin de devises pour importer les matières premières pour s’en procurer dans la plupart des cas. Ils sont à la base de la promotion du tourisme, de la culture, du commerce et de l’industrie .Donc le secteur artisanal est pluridimensionnel et transversal se présente partout dans le pays et peut seconder l’agriculture. Les produits artisanaux peuvent remplacer certains produits manufacturés importés de Chine.
Les artisans sont fiers de leurs métiers et c’est le cas de Salomé Ndikumana qui pratique la vannerie depuis qu’elle est très jeune. Elle a souligné qu’elle a déjà formé plusieurs jeunes dans ce métier. En ce qui concerne sa participation dans les foires, Mme Ndikumana précise qu’elle a déjà participé dans plusieurs foires nationales et régionales. Toutefois, elle a souligné que les artisans ont besoin d’un soutien surtout pour les foires régionales, le transport de leurs produits est difficile.
Mme Ndikumana interpelle la population burundaise à aimer les produits fabriqués au Burundi pour contribuer dans leur visibilité. Elle souligne que les produits artisanaux sont parmi les éléments qui attirent les touristes.
Fidès Ndereyimana