Le manque de temps pour le suivi des rendez-vous de vaccination est l’une des raisons principales, selon différents parents interrogés dans la mairie de Bujumbura. Le phénomène de déménagements intempestifs de certains ménages est une autre raison. Le directeur PEV(programme élargi de vaccination), Jean Claude Bizimana interpelle toute la communauté à répondre chaque fois aux activités de vaccination afin de se prévenir contre un certain nombre de maladies pouurtant évitables.
Selon le directeur du programme élargi de vaccination, Jean Claude Bizimana, en milieu urbain, les familles sont souvent plus mobiles en raison des opportunités d’emploi et des changements de logement. Cela complique le suivi régulier des rendez-vous de vaccination dans certaines formations sanitaires car les familles étant moins stables sur le plan géographique. En plus, l’accès à l’information via les réseaux sociaux, internet et les médias est plus courant. Paradoxalement, cela peut augmenter l’exposition aux rumeurs et la désinformation sur la vaccination, ce qui peut semer le doute chez certaines familles en milieu urbain qu’en milieu rural.
Les parents devraient inclure les rendez-vous de vaccination dans leur emploi du temps
Dr Bizimana indique que les parents doivent comprendre que les maladies comme la rougeole, la rubéole, la polio peuvent entraîner de graves complications, voire la mort. La vaccination est donc le moyen le plus sûr de protéger leurs enfants contre ces risques. En plus, les parents devraient inclure les rendez-vous de vaccination dans leur emploi du temps, cela permet de ne pas oublier. « Nous invitons les parents à partager l’importance de la vaccination dans leur communauté et à montrer l’exemple. Ceux qui font vacciner leurs enfants peuvent servir modèles à d’autres familles qui hésitent » martele-t-il.
A la question de savoir si les enfants qui ont raté un des vaccins y a moyen de se rattraper, le directeur du PEV répond: « Oui bien sûr, il est tout à fait possible de rattraper les vaccins manqués pour les enfants. En principe, les formations sanitaires dispose d’un système de référence des enfants qui ont raté les rendez vous via les carnets de relance des abandons en collaboration avec les agents de santé communautaire.(ASC) « L’autre porte d’entrée est l’intégration des services où les enfants qui viennent aux centre de santé pour d’autres services doivent être soumis à la vérification de leur état vaccinal au niveau de leur carnets santé mère et profiter de leur passage pour les rattraper.
Manque des ASC engagés pour visiter les ménages
Chanceline Mugisha est une mère de quatre enfants habitant le quartier Gasenyi de Bujumbura. Son premier enfant n’a pas eu toutes ses doses de vaccins. Cadre dans une institution privée, Mme Mugisha explique qu’elle a manqué de temps pour amener son enfant à la vaccination, à cause de son travail exigeant. « Je croyais que je l’amènerais pour un rattrapage, mais je ne l’ai pas finalement fait », regrette-t-elle, sachant l’importance des vaccins pour la vie saine des enfants. Mme Mugisha informe, toutefois, qu’elle n’a jamais vu un agent de santé communautaire (ASC) frapper à sa porte pour une sensibilisation.
Dans le district sanitaire mairie Centre, le taux de la couverture vaccinale pour les vaccins anti-rougeoleux et anti-rubéoleux pour les enfants de 9 mois est à 60%. Il est de 47% sur le volet enfant complètement vacciné, selon Dr Armel Nzeyimana, médecin chef de district mairie Centre. Et ce malgré une cible visée de 80%. Quelques défis restent à relever, observe Dr Nzeyimana, pour les quartiers nouvellement créés qui n’ont pas encore d’ASC. Ceux qui s’y rendent doivent parfois faire face à l’hostilité des habitants qui ne les reconnaissent pas. Mais avec le temps, une relation de confiance s’établira, et la santé des habitants, même les plus défavorisés, ne pourra que s’améliorer.
Augmentation des centres de santé administrant les vaccins
Malgré des taux de couverture vaccinale encore peu élevés à Bujumbura, Dr Evelyne Ryumeko, médecin chef de district Bujumbura Sud, salue le pas déjà franchi actuellement dans son district. Des améliorations ont été faites grâce à un véhicule de supervision offert au district par Gavi, l’Alliance du Vaccin. Dr Ryumeko note également la multiplication des centres de santé administrant les vaccins. Trois centres de santé supplémentaires ont permis de réduire la distance parcourue auparavant par la population.
Le calendrier vaccinal non respecté suite aux engangements des parents
Diane Munezero est une aide-maçon rencontrée à Gahahe dans la commune Mutimbuzi, en province de Bujumbura. Elle révèle que son enfant de trois ans n’a pas eu tous les vaccins. « Il n’a reçu que trois premières doses, celle d’un mois et demi, deux mois et demi et trois mois et demi», explique-t-elle. Avec des moyens financiers très limités, cette femme manque de temps pour aller faire vacciner son enfant. « Si la date de vaccination de mon enfant tombe le jour où je n’ai pas d’argent, je préfère aller travailler pour trouver de quoi nourrir les enfants et ne pas y aller», confie-t-elle. Cet avis est partagé par la plupart des femmes aides-maçons, vendeuses de fruits et légumes rencontrées au même quartier. « Si nous ne travaillons pas, nous risquons de manquer de quoi nourrir nos familles. Nous n’avons pas vraiment de choix », souligne Aline Kezakintore. Toutefois, ces femmes affirment continuer à bénéficier de la sensibilisation des ASC.
Le déménagement des familles un défi
En cas de déménagement, les familles sans domicile fixe rencontrent des difficultés dans la vaccination de leurs enfants. Le retour obligatoire au centre où elles ont fait vacciner leurs enfants pour la première fois serait la cause. Ayant fait vacciner son enfant de deux mois et demi à Gihosha, Melyse Hakizimana, mère de trois enfants habitant dans une maison en construction à Gahahe, a été contrainte d’y retourner après son déménagement. « Dans une structure de santé dans la zone Kamenge, ils ont refusé de vacciner mon enfant. Ils m’ont demandé de me rendre à Gihosha », se lamente-t-elle, ajoutant que ce n’est pas chose facile d’y retourner, par manque de moyens de transport.
Signalons que la vaccination est la meilleure arme pour se protéger contre les maladies graves et certains cancers. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), entre 4 à 5 millions de vies sont sauvées chaque année grâce à cet acte simple de prévention et de protection.
Eliane Nduwimana