Le Burundi a commémoré le 21 octobre 2024 le 31e anniversaire de l’assassinat du héros de la démocratie, Melchior Ndadaye. Le quotidien d’informations, Le Renouveau du Burundi, a contacté divers interlocuteurs pour s’exprimer sur cet événement national. Qualifié d’un véritable homme d’Etat et d’un rassembleur, le rêve de Melchior Ndadaye était de militer pour l’instauration d’un Etat de droit et l’amélioration du bien-être des Burundais. Pour garder son héritage, les Burundais sont appelés à travailler assidûment surtout que la vraie démocratie s’accompagne d’un développement.
«Feu président Melchior Ndadaye prônait les idéaux qui pouvaient avancer le pays dans l’ensemble», a indiqué l’ancien président burundais, Sylvestre Ntibantunganya lors d’une conférence publique organisée dans le cadre du 31e anniversaire de la commémoration de l’assassinat de Melchior Ndadaye sous le thème «les 46 propositions de Melchior Ndadaye: Quel héritage pour le Burundi d’aujourd’hui ?». Comme le passé prépare l’avenir, cette personnalité a alors suggéré que l’héritage du héros de la démocratie soit enseigné aux jeunes afin qu’ils grandissent avec la culture de la démocratie en eux.
Un véritable homme d’Etat, un rassembleur
Dans sa présentation sur les 46 propositions de Melchior Ndadaye, Léonce Ngendakumana, ancien président du parti du héros de la démocratie, a indiqué que Melchior Ndadaye était un véritable homme d’Etat, un rassembleur qui militait pour un Etat de droit et l’amélioration du bien-être des Burundais.
Ces 46 propositions portaient sur les principaux domaines, notamment politique, socio-culturel et économique et éducatif. Pour M. Ngendakumana, ces propositions ont contribué d’une manière ou d’une autre à la vie du pays. Certains ont été mis en œuvre d’autres ne sont pas encore réalisés, a-t-il souligné. Pour ce faire, l’héritage de Melchior Ndadaye à garder soigneusement est celui de travailler pour l’édification du Burundi et faire en sorte que les conditions de vie des Burundais s’améliorent, a renchéri Léonce Ngendakumana.
Le président du parti Sahwanya Frodebu, Patrick Nkurunziza a, quant à lui, précisé que la commémoration du 31e anniversaire de l’assassinat de Melchior Ndadaye arrive au moment où le pays fait face à certains défis. A cet effet, il a appelé les partis politiques à consentir ensemble leurs efforts en s’alliant pour les prochaines élections en vue de viser ensemble l’implémentation des idéaux de Melchior Ndadaye pour faire parvenir le pays au niveau auquel rêvait le héros de la démocratie.
Une journée qui a marqué au fer rouge les cœurs des Burundais
«Le 21 Octobre 1993, restera inoubliable dans la mémoire des Burundais, pour avoir marqué au fer rouge les cœurs des survivants des massacres du président Melchior Ndadaye et ses proches collaborateurs, leurs familles, ainsi que les démocrates”, a indiqué Jean de Dieu Mutabazi, président de l’ONPGH (Observatoire national pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des autres crimes contre l’humanité »
Les générations actuelles et futures doivent garder à l’esprit que ce crime contre l’humanité a déclenché une guerre civile pendant toute une décennie, jusqu’à la signature des accords de cessez le feu en 2003. Cette guerre civile de 10 ans a été l’une des plus sanglantes d’Afrique, occasionnant des pertes énormes en vie humaines de toutes les ethnies confondues, accompagnée des destructions innommables de meubles et immeubles. «Nous espérons que la Commission vérité et réconciliation, nous en dira plus, dans les prochains jours», a poursuivi Mutabazi.
La démocratie, telle que le président Ndadaye l’avait prônée et l’avait enseignée, est un pouvoir qui met en avant le choix des dirigeants par le peuple, les valeurs de bonne gouvernance et le respect des droits humains, le bien être des familles burundaises, en ville comme à la campagne, les valeurs du développement, et le respect du verdict des urnes pour que le Burundi soit véritablement un Etat de droit, démocratique et stable.
«Force est de constater que le Burundi est sur une bonne lancée , que la tendance est bonne du fait qu’actuellement le peuple burundais est dirigé de la base au sommet par ses élus, mais que nous ne sommes pas encore une société démocratique, telle que le président Ndadaye en avait le rêve», a-t-il fait entendre.
Toutefois, tout n’est pas rose,selon M. Mutabazi, car on remarque certains Burundais qui gardent les mauvaises habitudes d’oisiveté, de paresse, de corruption, de la mauvaise gestion des biens de l’Etat, des fonctionnaires non productifs alors que la devise de Melchior Ndadaye était «démocratie-travail-équité».
Conjuguer tous les efforts pour réaliser la vision 20240-2060
Au moment où le pays est en plein processus électoral, le président de l’ONPGH appelle à l’impartialité et au professionnalisme dans l’organisation des élections afin de continuer à renforcer la démocratie dans le pays. Dans cette même logique, les partis politiques et les indépendants doivent observer le respect du verdict des urnes et saisir les organes compétents, en cas d’éventuelles contestations.
Pour M. Mutabazi, la réalisation de la vision nationale d’émergence et du développement du Burundi va sans doute signifier que les Burundais honorent davantage la mémoire du héros de la démocratie. «La démocratie ne s’arrête pas aux élections. Une bonne démocratie s’accompagne du développement. C’est pourquoi le peuple burundais, dans toutes ses diversités, doit conjuguer tous ses efforts pour réaliser la vision de faire du Burundi, un pays émergent en 2040 et pays développé en 2060», a-t-il fait remarquer.
«Sortir le Burundi d’une mauvaise gouvernance»
«La vision du héros de la démocratie, Melchior Ndadaye était de faire sortir le Burundi d’une mauvaise gouvernance qui le sévissait notamment au niveau du respect des droits de l’homme, les divisions ethniques, des tueries qui ont engendré des déplacés internes et externes, etc. Il voulait construire un Burundi où tous les Burundais se sentent à l’aise et unis pour développer le pays à travers des institutions démocratiques. Ainsi, après son élection à la présidence, Melchior Ndadaye a établi la démocratie en éveillant les Burundais à couper court avec le leadership fondé sur l’injustice et le népotisme. C’est pour cela même qu’après son assassinat, les idéologies de fonder une nation et des institutions démocratiques n’ont pas disparu bien que des malheurs ont longuement sévi le Burundi après la mort de Melchior Ndadaye», a indiqué Pierre Claver Nahimana, ancien président du parti Sahwanya Frodebu. Selon toujours lui, le fait que les Burundais ont pu mettre de côté leurs différends après plusieurs années de conflits pour reconstruire le pays, montre combien les idées de M. Ndadaye ont été fondamentales. Bien qu’il existe encore des défis à surmonter, il est visible qu’aujourd’hui le Burundi est dirigé par des institutions issues des élections à tous les niveaux de la vie nationale.
En plus de cela, M. Nahimana est revenu sur l’étape déjà franchie en ce qui est de l’état des lieux de la démocratie dans le pays. Le domaine de la société civile et celui des médias ont évolué. En ce qui est de la sécurité, M. Nahimana a souligné que les massacres ont sensiblement baissé. Néanmoins, il a indiqué que les malentendus existant dans le contexte politique actuel peuvent aboutir au décalage des tensions. Il a tout de même appelé tout un chacun à la tolérance politique pour surmonter tout cela et avancer vers le développement du pays comme le souhaitait le héros de la démocratie.
Selon Pierre Claver Nahimana, le rêve de feu président Ndadaye était de voir le pays se développer économiquement. A cet effet, il faut essayer de trouver des solutions aux défis qui se remarquent encore dans le secteur économique, car le développement économique est primordial pour un pays. Sans développement économique, les autres secteurs de la vie peuvent être perturbés surtout la démocratie et la sécurité, a fait remarquer M. Nahimana.
Elaborer des projets et programmes pour sortir la population de la pauvreté
Ainsi, asseoir la bonne gouvernance comme M. Ndadaye l’avait souhaité, a-t-il dit, il faut d’abord comprendre ce qu’est la bonne gouvernance et la manière dont tout un chacun doit se comporter. Ce dernier a indiqué qu’il est toujours primordial de mettre en place une série d’enseignements pour inculquer les valeurs patriotiques et démocratiques à tous les Burundais. Il faut aussi que cela se fasse sur tout le territoire national et dans toutes les écoles. A cela s’ajoute l’élaboration de bons projets et programmes de développement pour sortir la population de la pauvrette. M. Nahimana appelle ainsi les autorités à tout faire pour préserver la paix chèrement restaurée en renforçant la sécurité. La mise en place des mesures visant à ce que le peuple se sente responsable et non écarté de la vie du pays serait également une opportunité pour accomplir la volonté du héros de la démocratie.
Un pas satisfaisant dans le renforcement de la démocratie
Le quotidien d’informations, Le Renouveau du Burundi s’est entretenu avec certains habitants de la province de Gitega, dans le cadre de la commémoration du 31e anniversaire de l’assassinat de feu président Ndadaye. Ces derniers ont convergé dans l’ensemble sur le fait que la date du 21 octobre 1993, où le président démocratiquement élu a été sauvagement assassiné, reste une date inoubliable, une journée de malheur qui s’est abattue sur le Burundi. Cet, acte ignoble qui a emporté la vie du héros de la démocratie a provoqué une longue crise dans le pays avec beaucoup de pertes en vies humaines.
Toutefois, malgré le passé douloureux, ces habitants disent que le Burundi a déjà franchi un pas satisfaisant en matière du renforcement de la démocratie. La preuve en est qu’actuellement des partis politiques exercent leurs activités librement et certains d’entre eux sont représentés dans le gouvernement, ce qui n’était pas le cas avant l’instauration de la démocratie.
Pour Viateur Hakizimana, rencontré sur la colline Mashitsi de la zone et commune Giheta, cette date inoubliable lui rappelle également la disparition tragique du héros qui a lutté pour la démocratie en instaurant la politique d’opinion avec l’existence de plusieurs partis politiques.
De son côté, Fidèle Nyambikiye, de la zone Kariba dans la commune Giheta, se rappelle de feu président Ndadaye ses paroles constructives qui appelaient les Burundais à se réconcilier. Selon lui, feu président Ndadaye considérait tous les Burundais au même degré sans distinction aucune.
En ces moments où les élections de 2025 approchent, nos interlocuteurs conseillent les politiciens d’être conscients qu’une fois élus, ils doivent œuvrer pour l’intérêt public et non pour celui personnel ou pour une poignée de gens. Et aussi de jeter un regard rétrospectif sur ce qui est passé après l’assassinat de feu président Ndadaye pour en tirer la leçon et éviter que cela ne se reproduise plus dans le pays. «Feu président Ndadaye, quand il a remporté la victoire, il a déclaré que ce n’est pas seulement son parti Frodebu qui gagne mais tous les Burundais. C’est cet héritage qui devrait être un principe pour les politiciens d’aujourd’hui», a martelé M. Hakizimana.
Donathe Ndayisenga
Claude Hakizimana
Laurent Mpundunziza
Eric Sabumukama