Le 13 octobre 2024, le Burundi commémore le 63e anniversaire de l’assassinat du prince Louis Rwagasore. Le quotidien d’informations L e Renouveau du Burundi a approché différents interlocuteurs pour recueillir leurs avis à propos de cet événement. Ces derniers convergent sur les efforts à promouvoir entre autres, l’unité et l’amour, la cohésion sociale, la justice sociale et le patriotisme pour emboîter le pas du héros de l’indépendance, en soutenant tout ce qui est en rapport avec le développement et l’émergence d’une société démocratique.
«Je reconnais les valeurs inestimables de son altesse le prince Louis Rwagasore, qui a combattu dès son jeune âge pour aider les Burundais à retrouver l’indépendance du pays avec effectivement ses proches collaborateurs. Malgré son jeune âge, il a tout fait jusqu’à donner sa vie, puisqu’il a été assassiné à l’âge de 29 ans. Vous voyez que Rwagasore avait tout fait, il a combattu en faveur de la paix, de la justice. Il prônait l’amour, le développement de notre pays, l’unité et la justice sociale», a indiqué avec reconnaissance Olivier Nkurunziza, le président du parti Uprona, parti du héros de l’indépendance.
Assassiné à seulement 25 jours de la victoire de son parti Uprona, Rwagasore n’a pas eu la chance de mettre en application le programme politique qu’il avait promis aux Burundais électeurs, a noté M. Nkurunziza. Ce dernier éprouve un sentiment de regret pour cet assassinat qui a emporté la vie du héros de l’indépendance burundaise, mais jusqu’à maintenant, sans aucune vérité sur ce drame, sauf quelques Burundais punis. Il a déploré le fait que rien n’a été fait du côté de la Belgique qui était sous les commandes à l’époque.
A entendre le président du parti Uprona, les responsables de l’assassinat du prince Louis n’étaient pas de simples gens, mais plutôt «des grandes autorités qui étaient mandatées par la Belgique, qui étaient des colons au Burundi». Pour ce faire, « La Belgique devrait demander pardon aux Burundais mais aussi réhabiliter sa famille», a-t-il souligné, en précisant que le geste de demande de pardon par la Belgique permettrait la réconciliation totale des peuples burundais et belges.
Selon M. Nkurunziza, l’objectif ultime du prince Louis Rwagasore était de retrouver d’abord l’indépendance politique pour passer à l’étape suivante qui est la recherche de l’indépendance économique. C’est la raison pour laquelle il a eu l’idée d’organiser des coopératives. «Alors, il faut toujours rendre hommage à cette grande personnalité que le Burundi a perdue», a-t-il mentionné.
Garder à l’esprit l’héritage du héros de l’indépendance
L’unité, la paix, la cohésion sociale, bref, la volonté de voir le Burundi uni et les Burundais prospères avec une justice qui les aide à vivre en paix, tels sont l’héritage que l’on doit toujours garder de notre héros de l’indépendance, a laissé entendre M. Nkurunziza. Il a ainsi appelé la jeunesse burundaise à travailler assidûment pour effectivement aboutir à l’avenir glorieux du pays en faisant preuve du patriotisme. Le Burundi a besoin des jeunes intelligents, sages, honnêtes mais aussi décisifs, à l’instar du prince Louis Rwagasore.
A cet effet, étant à l’approche des échéances électorales, le gouvernement actuel et les hommes politiques, doivent tout faire pour que le Burundi ait l’indépendance économique. «Sans l’indépendance économique, celle politique ne vaut rien, parce que l’on est toujours dépendant d’aides externes, toujours conditionné par des aides qui ne coïncident pas avec notre culture, notre volonté», a-t-il poursuivi.
Au regard du passé tragique du Burundi où les crises cycliques ont endeuillé plusieurs familles burundaises, il est crucial que les autorités à tous les niveaux prônent l’unité, la cohésion sociale et luttent contre toute forme de divisions. Et il faut aussi veiller à ce que le Burundi ne retombe pas dans des crises comme antérieurement et privilégier le dialogue en cas de différends. «Le parti Uprona se prépare donc pour les campagnes des élections de 2025 et 2027, bien sûr nous travaillons sur la vision du pays, un pays émergent et développé 2040-2060», a martelé M. Nkurunziza.
Rwagasore, père de l’indépendance burundaise
«Prince Louis Rwagasore est le père de l’indépendance du Burundi, qui a été à la base de la création du premier parti qui a cherché l’indépendance, parti Uprona. Il voulait effectivement le développement économique du Burundi, le rayonnement international du Burundi, la bonne cohabitation sociale, la coopération, etc.», a laissé entendre Emile Mworoha, ancien professeur d’histoire à l’université du Burundi. Et de préciser que quand le Burundi est devenu indépendant, il n’y avait pas plus de cinq personnes de niveau universitaire au Burundi, c’est-à-dire, le colonisateur belge n’avait pas formé de leaders pour les faire accéder à leur indépendance. Donc, Rwagasore était parmi les rares intellectuels qui ont été formés.
On peut dire que Rwagasore était parmi les leaders africains connus. Les autres étaient Julius Nyerere de la Tanzanie, Kwamé N’krumah du Ghana, premier ministre Patrice Lumumba de la République démocratiques du Congo, etc. C’est dans ce contexte que le Burundi est devenu indépendant et que les élections législatives de 1961 gagnées par l’Uprona font en sorte que le gouverneur résident, était obligé de nommer le prince Rwagasore comme Premier ministre. Il a été un des premiers ministres du Burundi indépendant, malheureusement assassiné, en moins d’un mois après, par le pouvoir colonial, a indiqué M. Mworoha.
Pour Emile Mworoha, en vue d’atteindre la vision 2040-2060 qui est théoriquement semblable à celle prônée par le héros de l’indépendance, il faut des réformes notamment la bonne gouvernance, la bonne gestion sur les plans social, développement économique, relations internationales, coopération régionale, justice et bien d’autres. Il faut aussi soutenir les efforts visant l’émergence d’une société démocratique. Et que les prochaines élections puissent être réalisées en respectant la Constitution et les autres lois ainsi que tout ce qui est en rapport avec le développement et l’émergence d’une société démocratique.
Des avancées déjà enregistrées sur le plan politico-économique
Pour Pierre Claver Nahimana du Sahwanya Frodebu, par rapport à la vision du prince Louis Rwagasore de développer le Burundi que ce soit sur les plans politique ou économique, il indique qu’il y a eu des avancées sur certains points et d’autres points où ça a été le contraire par rapport à la vision du héro de l’indépendance. Ce dernier signale que les Burundais notamment les autorités ont compris que le pays doit maintenir son indépendance et sa souveraineté, surtout qu’aujourd’hui le Burundi est dirigé par les Burundais issus d’un processus électoral. Toutefois, il ajoute que l’idée de Rwagasore de mettre les Burundais de toutes les couches sociales dans les instances de prise de décision s’est heurtée à plusieurs obstacles après son assassinat. Il appelle ainsi à la conjugaison des efforts pour redresser la situation afin d’accomplir la vision de l’illustre disparu qui a versé son sang pour le pays.
Du domaine économique, Pierre Claver Nahimana signale que les successeurs de Rwagasore ont essayé de mettre le pays sur un bon élan bien que des difficultés persistent. Et d’ajouter que les Burundais doivent se mettre à l’œuvre et se serrer les coudes pour pouvoir permettre la vision de Rwagasore de s’accomplir. M. Nahimana fait savoir que le pays a fait face à plusieurs obstacles dont les divisions ethniques qui ont handicapé la mise en œuvre de la vision de Rwagasore. Pour aboutir à la mise en œuvre de cette vision et aussi accomplir celle que le Burundi s’est fixé d’aboutir à l’émergence en 2040 et au développement en 2060, il faut d’abord ramener les Burundais au sentiment de patriotisme. Il faut également mettre en place des institutions fortes, dirigées par des dirigeants choisis selon le mérite.
Pierre Claver Nahimana ajoute qu’il garde un bon souvenir de Rwagasore comme d’autres Burundais d’ailleurs. «Nous nous souviendrons tous du Prince Louis Rwagasore par l’esprit et l’amour patriotiques qui l’ont toujours caractérisé. Etant fils du roi, il pouvait se méfier des tâches difficiles et compliquées, mais il a préféré consacrer sa vie à sa mère patrie», a-t-il fait savoir. M. Nahimana a ainsi rappelé qu’il est primordial de tout faire pour que les Burundais rétablissent en eux le sentiment de patriotisme à l’exemple du prince Louis Rwagasore.
Que les leaders mettent en avant l’intérêt public
«Pour ce qui est de l’indépendance en matière politique, nous pouvons dire que nous avons enregistré des avancées car aujourd’hui le Burundi est dirigé par ses propres filles et fils. Mais, bien qu’il y ait encore un chemin à parcourir au niveau du renforcement de la démocratie et au niveau des élections, les Burundais démontrent toujours la responsabilité et la volonté de se choisir leurs dirigeants», a indiqué, Thérence Manirambona, chargé de la communication et porte-parole du Parti CNL (Congrès national pour la liberté). Il a interpellé, à cet effet, les leaders à mettre avant tout l’intérêt public comme le prônait le Prince Louis Rwagasore à travers son appel aux Burundais à travailler en coopératives pour développer le pays. Et d’ajouter que les Burundais manifestent progressivement l’engouement d’adhérer à ce programme du fils du roi Mwambutsa, de travailler ensemble.
Et Pour accomplir la volonté de Rwagasore ou au moins mettre en application son héritage, il est primordial de mettre en avant l’intérêt national et non celui personnel, distinguer la chose publique de la chose privée et une bonne gestion du trésor public. Il faut aussi, dit-il, combattre le népotisme, respecter les droits humains et songer toujours à emboiter le pas de ce héros de l’indépendance du Burundi pour aboutir à un développement durable du pays.
Donathe Ndayisenga
Claude Hakizimana
Laurent Mpundunziza