
M. Nkurunziza: " L'idéologie de l'Uprona n'a pas changé, nous essayons de rassembler les Badasigana
L’unité, l’amour du pays, la recherche de la liberté et du développement sont quelques valeurs que certains interlocuteurs associent à la mémoire du prince Louis Rwagasore, 61 ans après son assassinat. La sauvegarde de son héritage concerne les jeunes burundais, les hommes politiques, les gouvernants voire tous les Burundais.
« La vision du prince Louis Rwagasore était d’avoir un Burundi souverain, prospère, un pays où les Burundais sont libres, heureux. En mettant en place le parti Uprona, il s’est basé sur les idéaux de l’Unité nationale et la personnalité de ses proches collaborateurs », a souligné Olivier Nkurunziza, président du parti Uprona. Ces derniers étaient d’ethnies différentes et provenaient de différentes régions.
Idéologie d’Unité, politique des coopératives
Dans la perspective de la recherche de l’indépendance, le prince Rwagasore a essayé d’unir tous les Burundais pour les conduire à l’idéologie d’Unité. Egalement, il cherchait le développement du pays en mettant en place la politique des coopératives étant donné que l’union fait la force. Il voulait aussi que les Burundais travaillent davantage pour le développement du pays.
Les problèmes auxquels se heurtait le Burundi étant la pauvreté, le manque d’emploi, toutes ces questions restent d’actualité aujourd’hui. « Le chef de l’Etat est dans la ligne directrice du prince Louis Rwagasore en sensibilisant les Burundais à adhérer dans des coopératives. Nous l’encourageons à continuer dans la même voie ».
Réaliser sa vision
D’après M.Nkurunziza, « avec l’assassinat d’une personnalité comme Rwagasore, c’était évident qu’il y ait des problèmes ». Après la mort du prince Louis Rwagasore, le Burundi a connu pas mal de crises, de divisions qui étaient difficiles à gérer. Même au niveau du gouvernement, il y a eu des coups d’Etat. Son héritage n’a pas toujours été sauvegardé mais, aujourd’hui, il y a la paix. Ainsi, il faut profiter des dividendes de la paix pour réaliser sa vision, et surtout, sensibiliser les jeunes pour qu’ils grandissent avec un esprit d’unité et d’amour de la patrie.
Quant au parti Uprona, il a, lui aussi connu des secousses depuis sa mort, des divisions internes car il y a eu plus de sept Premier ministres. Ceci a affecté le parti Uprona car il n’a pas eu la chance de mettre en application le projet de société qu’avait promis le prince Rwagasore lors de la campagne électorale de 1961. « L’idéologie de l’Uprona n’a pas changé et en tenant compte de tous ces problèmes qu’il a connus, nous essayons de rassembler les Badasigana. C’est au parti au pouvoir de prendre le devant pour sensibiliser les Burundais à consolider l’héritage du prince Louis Rwagasore », a précisé Olivier Nkurunziza.
La Belgique doit demander pardon
Le président du parti Uprona souhaite que le gouvernement belge ait la force de demander pardon comme il l’a fait en RDC pour le cas de Patrice Lumumba. Aussi, ce gouvernement doit réhabiliter les Burundais car la Belgique a assassiné le visionnaire du Burundi. Egalement, notre pays a connu tous les maux suite à la mort du prince Louis Rwagasore.
Le prince Louis Rwagasore était un jeune de 29 ans et était le fils aîné du Roi. Le Burundi a perdu son indépendance quand le roi Mwezi Gisabo a signé le traité de Kiganda. A cet effet, le prince Rwagasore voyait comment son père régnait sans gouverner, sans pouvoir prendre des décisions politiques, administratives. Aussi, le prince Louis Rwagasore voyait comment les Burundais étaient humiliés devant leurs enfants, leurs familles. Ce qui l’a poussé à chercher l’indépendance du Burundi.
Indépendance immédiate du Burundi
Pour Emile Mworoha, professeur d’histoire à l’Université du Burundi en retraite, après ses études en Belgique, le prince Louis Rwagasore est rentré au pays et a exercé différentes fonctions dans le pays. Il a fondé le parti Uprona et surtout, le prince Rwagasore a beaucoup lutté pour l’indépendance du Burundi. Il y avait beaucoup de partis politiques qui étaient contre cette indépendance du pays. Mais, il voulait l’indépendance immédiate du Burundi.
Le prince Louis Rwagasore a libéré le Burundi du colonialisme. Il était un grand politicien et avait une vision pour le pays. A côté de la politique, il a organisé, le 25 août 1960, une conférence à la Chambre de commerce dans laquelle il a donné sa perception sur l’économie du pays.
Pour lui, le plus important était, entre autres, l’exploitation rationnelle de la terre de manière intensive ; une agriculture industrielle ; la spécialisation des cultures suivant les régions ; le climat de confiance ; la construction du chemin de fer Usumbura-Rumonge-Kigoma-Dar-es Salam.
M. Mworoha a précisé que l’héritage du prince Louis Rwagasore a été respecté dans certains secteurs. « Il faut avoir l’amour de la patrie comme Rwagasore l’a fait, développer l’économie et les mœurs du pays. Egalement, la jeunesse doit connaître la valeur de Rwagasore et travailler d’arrache-pied pour le développement du pays ».
Enseigner au peuple burundais comment se développer
Le prince Louis Rwagasore, fils du Roi Mwambutsa IV et de la reine Kanyonga fût un grand homme, a indiqué Pierre Claver Nahimana président du parti Sahwanya-Frodebu. « C’était un digne fils de la Nation, un grand homme, incontestable au niveau national. Comme on dit en kirundi, il était né avec la bonne semence d’amour pour la Nation. Quand il a terminé ses études en 1956, il a abandonné sa vie aisée de prince pour se mettre à la disposition de la Nation, il a affronté toutes les difficultés pour que le pays devienne libre. M. Nahimana a expliqué que le prince Louis Rwagasore a d’abord enseigné au peuple burundais comment se développer à travers les coopératives et comment résister aux colonisateurs en fondant le parti Uprona avec ses camarades en 1958. « C’est à travers ce parti qu’il pouvait exprimer ses vœux pour la Nation burundaise. Il a lutté très sérieusement jusqu’à ce qu’il réclame l’indépendance du Burundi publiquement à travers un congrès. A l’époque, il n’était pas facile d’affronter le colonisateur, mais lui, il l’a fait», a-t-il indiqué.
Se référer aux enseignements du prince Rwagasore
Selon lui, l’héritage du prince Louis Rwagasore est le développement du pays, l’esprit d’être libre et l’amour de la patrie. «Il nous a offert l’indépendance, c’est un bien précieux, à nous de le faire prospérer. Le Burundi garde cet héritage parce que nous avons un gouvernement que nous mettons en place par les élections ; une armée ; nous élaborons nos lois ; nous avons un drapeau national reconnu au niveau des Nations unies, nous sommes les maîtres de notre destiné et pas le colonisateur». M. Nahimana a conseillé aux Burundais de rentabiliser cet héritage. Il a souligné que, lorsqu’un pays a connu un grand homme qui a contribué à la construction de la nation, c’est un avantage et une référence. « Quand on a un référence pour continuer dans le droit chemin et construire la Nation, il faut s’y référer. Nous conseillons au peuple burundais de se référer aux enseignements que le prince Rwagasore donnait et à plus forte raison, il faut que les hommes politiques et les dirigeants s’y réfèrent pour faire avancer le pays. Il faut que la date du 13 octobre soit une occasion de méditer et de se souvenir de ce que le prince Rwagasore a fait pour le Burundi.», a-t-il dit.
Pour M. Nahimana, la mort du prince Louis Rwagasore était un assassinat politique. « On nous a dit qu’il y a ceux qui ont été appréhendés. Mais est-ce que c’était des commanditaires ? Beaucoup de Burundais pensent qu’il y a une main du colonisateur derrière cet assassinat. Il est temps qu’on le sache car, cela a fait un grand tort au Burundi», a-t-il mentionné.
Selon Venuste Muyabaga, président de l’Association pour assistance et formation juridique du citoyen (AFJC-Berintahe), le prince Louis Rwagasore était un cadeau du ciel offert au Burundi. A voir son idéologie, sa politique et son orientation politique, il était idéal pour le Burundi, a-t-il dit. «Une personne de son rang, qui avait tout ce qu’il veut mais qui a abandonné toutes ses faveurs pour souffrir, défendre l’honneur et l’indépendance du pays. L’héritage de ce prince au pays, c’est le patriotisme, l’amour et l’unité». Son patriotisme s’exprime par le fait d’abandonner ses propres honneurs pour défendre l’intérêt supérieur du pays et les droits des Burundais. Le prince a, à maintes reprises, montré qu’il était en faveur de l’Unité nationale, en témoigne son entourage, ses collaborateurs. Il considérait chaque personne à sa juste valeur. C’est pour cette raison que je peux dire qu’il nous a légué cet héritage d’unité et d’amour, a indiqué M. Muyabaga.
Sur les pas du prince Louis Rwagasore
L’héritage du prince Louis Rwagasore est sauvegardé. «Il est vrai qu’il y a des moments où cet héritage n’a pas été suivi. Nous constatons qu’après sa mort, il y a eu des chicaneries ethniques ou autres, mais petit à petit, les Burundais se sont ressaisis et maintenant nous sommes sur le chemin tracé par le prince Louis Rwagasore. L’unité est sauvegardée, et vécue, ainsi que le patriotisme. Vous savez qu’il y a même une journée nationale dédié au patriotisme. C’est pour inculquer et développer cet esprit de patriotisme à tous les Burundais», a-t-il indiqué. Il a salué le fait qu’un cours sur le patriotisme ait été mis au programme scolaire pour que les enfants grandissent avec cet esprit patriotique. Il a mentionné que, si on essaie de faire une lecture plus profonde du message du prince Rwagasore, on constate que c’est un message qui ne perdra jamais de saveur. « En ce qui est des personnes corrompues, il était vraiment engagé à lutter contre eux sans pitié. La lutte contre la corruption est actuellement engagée, toute personne soupçonnée ou appréhendée est sévèrement punie. Nous encourageons les autorités à continuer cette lutte parce que c’est une lutte qui doit être constante», a-t-il mentionné.
Militer en faveur de l’esprit patriotique
Venuste Muyabaga a appelé tous les Burundais à militer en faveur de cet esprit patriotique, de cette unité et de l’amour que le prince a montrés. « La jeunesse burundaise doit tirer attention, il doit savoir que le Burundi est la seule patrie qui leur appartient, ils doivent l’aimer, le servir partout où ils sont car ils n’auront aucune autre mère-patrie qu’il faut aimer comme on aime son parent. Il faut tout faire pour que le Burundi se développe et éviter tout ce qui pourrait le détruire pour s’atteler à sa construction», a-t-il conseillé.
En ce qui concerne le procès de l’assassinat du prince Louis Rwagasore, notre interlocuteur, dans son analyse en tant que juriste, trouve qu’en ce qui concerne les exécutants, le procès a eu lieu avec équité. « En ce qui concerne les commanditaires, les Burundais ont besoin de savoir plus. L’autorité qui représentait la puissance coloniale devait répondre car le Burundi a beaucoup perdu suite à cet assassinat. On peut même aller plus loin en considérant que les maux qu’a connus le Burundi par après résulteraient de cet assassinat, parce que le Burundi de Rwagasore était uni. On imagine mal qu’en la présence du prince, ces divisions auraient eu lieu», a dit M. Muyabaga.
Yvette Irambona
Grâce-Divine Gahimbare