L’avancée en âge peut entrainer la survenue de différentes maladies de l’œil ou des troubles de la vision chez les séniors. L’âge ne mène pas nécessairement à une mauvaise santé, mais plusieurs problèmes de santé se manifestent inévitablement lorsque nous avançons en âge, notamment les déficiences visuelles. Ceci ressort d’un entretien avec l’ophtalmologiste Jean Baptiste Kanani, le mardi 1 mars 2022.
Il n’est pas rare que le vieillissement de l’œil aboutisse parfois à des pathologies oculaires, signale l’ophtalmologiste Jean Baptiste Kanani du cabinet « Vision plus ». Il indique qu’avec le vieillissement, les pathologies oculaires augmentent de facto.
A mesure que l’on vieillit, souligne-t-il, la fonction visuelle devient une préoccupation. « Il existe, en effet, des troubles ou maladies oculaires dont la prévalence augmente nettement avec l’âge. C’est le cas de la presbytie, la cataracte, des glaucomes, de la sécheresse oculaire et de la dégénérescence maculaire liée à l’âge(DMLA). Cette dernière atteint la zone centrale de la rétine et entraine une perte de la vision centrale. Sa prévalence augmente avec l’âge, en particulier après 60 ans. Le tabagisme constitue un facteur de risque avéré », fait savoir M. Kanani.
Des maladies dégénératives du nerf optique
Notre interlocuteur poursuit que les glaucomes sont des maladies dégénératives du nerf optique qui provoquent une diminution progressive et irrémédiable du champ de vision, et dans les cas extrêmes, la cécité. Le glaucome à angle ouvert, qui entraine une hypertonie oculaire est généralement la conséquence de la dégradation du filtre d’évacuation de l’humeur aqueuse, induisant une pression intra-oculaire élevée, qui sera ensuite responsable de l’atteinte du nerf optique. Cette forme de glaucome qui ne présente aucun symptôme perceptible est la plus fréquente et apparait généralement après 50 ans. Le glaucome primitif par fermeture de l’angle, dû à une obturation de l’évacuation naturelle de l’humeur aqueuse (liquide biologique qui remplit l’intérieur de l’œil). Il se manifeste par une montée brutale et douloureuse de la tension oculaire, pourtant entrainant des dégâts importants et irrémédiables en quelques heures. Certains yeux y sont plus sujets que d’autres, en particulier les hypermétropes. Quant à la sécheresse oculaire, c’est une maladie liée, soit à une insuffisance de sécrétion des larmes, soit à une dégradation de la qualité du film lacrymal (dysfonctionnement des glandes de Meibomius, à l’intérieur des paupières).
Quant à la presbytie, l’ophtalmologiste Kanani explique qu’ il ne s’agit pas d’une pathologie, mais d’un phénomène de vieillissement normal: une perte de souplesse du cristallin, qui entraine une incapacité progressive de l’œil à accommoder de près. La presbytie survient généralement autour de 45ans. Si dans un premier temps, un bon éclairage et l’éloignement du support de lecture permettent de compenser, ce processus évolutif est toutefois inévitable et finit par nécessiter une correction. Chez les myopes, la presbytie est parfois compensée par la myopie et permet de retrouver une vision de près sans correction.
L’œil peut alerter sur d’autres risques
La cataracte est liée également à un vieillissement normal de l’œil. L’opacification progressive du cristallin finit par altérer la vision. « Mais elle ne touche pas tout le monde de la même façon: l’exposition au soleil et aux UV (ultraviolet) ainsi que le diabète, constituent des facteurs de risque avérés. Une alimentation équilibrée et le port des lunettes de soleil, dès l’enfance, contribuent à se prémunir de la cataracte » indique-t-il.
Selon l’ophtalmologiste Jean Baptiste Kanani, l’œil, qui est directement en lien avec le cerveau, peut alerter sur d’autres risques, notamment l’imminence d’un accident vasculaire visuel sur un œil, durant quelques secondes ou quelques minutes, une perte partielle du champ visuel, ou encore une vision soudainement dédoublée peuvent être autant de signes avant-coureurs d’un éventuel AVC. De même, les patients diabétiques âgés sont plus exposés que les autres à des risques de rétinopathies, signale-t-il.
Consulter les médecins immédiatement, dès le constat d’une baisse anormale de l’acuité visuelle
A mesure que l’on vieillit, des troubles ou maladies oculaires surviennent et leur prévalence augmente nettement avec l’âge, indique l’ophtalmologiste Jean Baptiste Kanani du cabinet médical Vision 2000 situé à l’immeuble dit Bata. Les maladies qui atteignent la fonction visuelle sont notamment la presbytie, la cataracte, les glaucomes, sécheresse oculaire et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Prévention et traitement
Bien que le vieillissement du mécanisme oculaire soit inéluctable, il est important de connaître les symptômes, les facteurs de risques ou de prévention et les modes de traitement des pathologies associées. L’ophtalmologiste, Jean Baptiste Kanani dit que le premier réflexe pour prévenir les pathologies liées au vieillissement doit être de consulter les médecins immédiatement, dès lors que l’on constate une baisse anormale de l’acuité visuelle. Dans tous les cas, conseille-t-il, il faut effectuer une visite systématique chez l’ophtalmologiste vers l’âge de 50ans, puis une visite de routine tous les 2 ou 3 ans, par exemple à l’occasion d’un remplacement de lunettes. Il fait remarquer qu’un simple passage chez l’opticien ne permet pas de détecter un éventuel glaucome ou facteur de risque de glaucome, une maculopathie liée à l’âge, une sécheresse oculaire, de dépister une tumeur conjonctivale ou choroïdienne, cela nécessitant de faire réaliser un examen clinique par l’ophtalmologiste.
Pour compenser ou traiter la presbytie et la cataracte
La presbytie consiste moins en une pathologie qu’en un phénomène de vieillissement normal caractérisé par une perte de souplesse du cristallin qui entraine une incapacité progressive de l’œil à accommoder de près, explique l’interlocuteur. Parmi les dispositifs de correction, il cite les lunettes de lecture, les verres progressifs, etc. Il conseille d’adopter une correction adaptée aux besoins réels et donc croissante avec l’âge. Il parle également de la chirurgie au laser et de celle du cristallin.
Concernant la cataracte, M.Kanani dit qu’il n’existe qu’un traitement curatif, par chirurgie, à savoir le remplacement du cristallin par une lentille synthétique. Souvent, cette lentille peut également corriger les troubles de la vision associés (hypermétropie, myopie, presbytie, et même astigmatie). L’amélioration de la vision est très nette, voire spectaculaire dans la plupart des cas.
Pour compenser de la sécheresse oculaire, des glaucomes et de la DMLA
Concernant la sécheresse oculaire, quelques mesures environnementales permettent de la limiter: éviter les systèmes de climatisation et ventilateurs, utiliser des humidificateurs, adopter une alimentation équilibrée et riche en oméga. En cas d’insuffisance de sécrétion, les substituts lacrymaux (larmes artificielles) permettent de compenser en partie la gêne. En cas de maladie meibomite, des soins d’hygiène des paupières éventuellement associés à un traitement antibiotique local ou général seront nécessaires.
Pour ce qui est des glaucomes, il est recommandé le traitement médicamenteux (collyres essentiellement), parfois associé à un traitement laser de l’angle irido-cornéen. Si cela ne suffit pas, la chirurgie permet d’améliorer l’évacuation de l’humeur aqueuse. Un ultime type de traitement par laser-diode est à réserver en dernière intention car, son ajustement reste délicat.
La DMLA humide se traite par injonctions intraoculaires d’anti-angiogéniques. Pour la DMLA sèche, le traitement se fait par certains compléments alimentaires qui, cependant, sont relativement coûteux.
Eliane Nduwimana