« Notre pays vit dans nos cœurs là où nous sommes. Et à travers beaucoup de projets déjà réalisés au Burundi, la diaspora intervient et investit dans pas mal de domaines de la vie nationale ». Telles sont les affirmations de Japhet Legentil Ndayishimiye, président de la Diaspora burundaise au niveau international, lors d’un entretien accordé au « Le Renouveau du Burundi », le jeudi 22 juillet 2021, dans le cadre de la préparation de la semaine dédiée à la diaspora.
La diaspora, est un ensemble des membres d’un peuple dispersés à travers le monde mais restant en relation. Après une période de six mois, leurs pays de résidence respectifs leur octroient de visas, et deviennent directement membres de la diaspora, dit M. Ndayishimiye. Ce dernier a fait savoir qu’au sein de la diaspora, il y a les organisations pays, qui regroupent les associations, les églises, les individus et acteurs de la société civile. Ces différentes organisations pays ont été mises en place dans le but de rapprocher les membres de la diaspora à leurs provinces d’origine afin qu’ils puissent participer au développement de leurs provinces respectives. Il s’agit par exemple de Bujumbura, Cibitoke diasporas Network, etc.
S’agissant de l’apport de cette organisation dans le développement du pays, M. Ndayishimiye a indiqué que lorsqu’un Burundais s’établit à l’étranger, il est toujours considéré comme un Africain, mais d’origine burundaise. « Donc, là où nous sommes, nous représentons directement notre pays, le Burundi. Et étant membres de la diaspora, l’expérience a bel et bien montré que nous vivons avec le Burundi dans nos cœurs. Nous représentons aussi la fierté burundaise là où nous sommes. Nous participons à la mobilisation des investissements pour contribuer au développement de notre pays natal. Et ce que nous faisons à travers la diaspora suscite un amour profond que nous avons envers notre chère patrie», a précisé M. Ndayishimiye.
La diaspora est impliquée dans plus de 80% du business burundais
M. Ndayishimiye a informé que beaucoup de membres de la diaspora amènent leur argent pour investir dans la construction des hôpitaux, des écoles, des hôtels, etc. Il a dit qu’ils participent également dans le développement de leur province d’origine. Actuellement, la diaspora contribue économiquement plus que l’ensemble des autres pays qui aident le Burundi. « Seulement, ce qui manque, c’est le baromètre pour mesurer cette aide par rapport aux autres bailleurs. Et cela revient à la responsabilité de l’Etat pour mettre en place les statistiques des grandes réalisations de la diaspora », a mentionné M. Ndayishimiye. En grande partie du business qui se fait au Burundi, a dit, M. Ndayishimiye, dans plus de 80%, il y a une main d’un burundais qui vit à l’étranger. « Nous voulons seulement les statistiques pour que nous puissions nous comparer aux autres ».
« En 2010, il y avait 234 millions de dollars entrés dans le pays. Douze ans après, avec le flux des réfugiés qui ont regagnés le bercail, ainsi que l’émergence commercial qui évolue au jour le jour, je suis sûr que cet argent s’est multiplié de plus de dix fois. Et nous nous attendons à ce que le gouvernement du Burundi via la BRB nous prouve exactement le poids de la diaspora dans le développement du pays, a dit M. Ndayishimiye. En plus de cet argent qui passe sur les comptes de la BRB, il a signalé qu’il existe des montants qui passent par d’autres canaux pour entrer dans le pays. Et tout cela contribue au développement.
Promouvoir la solidarité, un des défis à relever
A la question de savoir les principaux problèmes rencontrés au cours des trois ans, à la tête de la diaspora burundaise, M. Ndayishimiye est beaucoup revenu sur le problème lié à la solidarité entre les membres de cette organisation. Cela freine et handicape la réalisation des différents projets ici au Burundi. « Nous devons travailler durement pour organiser la diaspora, promouvoir la solidarité afin de faire de grands projets communs. De cette façon, le monde entier verra que la diaspora burundaise travaille en synergie pour faire avancer le Burundi et le peuple burundais. «Un autre problème est que la diaspora n’a pas encore été inscrite dans la Constitution burundaise. Et cela cause un problème institutionnel. Mais, un document est en cours d’analyse afin d’être signé pour pouvoir travailler dans la légalité et la transparence », ajoute M. Ndayishimiye.
Construire un village de la diaspora
Concernant les perspectives d’avenir au sein de la diaspora, il y a beaucoup de projets à réaliser pour participer activement au développement du pays. A court terme, le renforcement de la solidarité au sein de la diaspora pour la mise en œuvre du plan national de développement (PND) viendra en tête. « Dans ce dernier, nous allons y trouver quelques grands projets afin de pouvoir les exécuter conjointement avec le gouvernement », a-t-il souligné. Parmi ces grands projets, M. Ndayishimiye a signalé qu’on a répertorié la construction d’un village de la diaspora qui sera révélé bientôt, la construction d’un hôpital de référence qui va s’ajouter aux autres hôpitaux déjà construits. « Et nous allons enfin investir dans les projets d’agriculture et d’élevage, dans le but de contribuer à l’augmentation de la production. Mais pour y arriver, il faut que la diaspora burundaise mondiale soit unie » ajoute M.Ndayishimiye.
L’Europe nous apprend à travailler dur pour gagner la vie
« Il y’a les gens qui voient l’Europe comme un paradis. Et en y arrivant, ils trouvent le contraire. Mais, ce que l’Europe nous apprend, c’est de travailler dur pour s’autodévelopper. Au moment où les africains rêvent d’aller en Europe, les européens, veulent venir en Afrique. Il est plus que temps que les africains refusent certaines aides de la part des étrangers afin de canaliser les efforts pour le développement de leurs pays respectifs », a expliqué M. Ndayishimiye, tout en affirmant qu’actuellement, l’Afrique possède des opportunités pour devenir riche. Mais il faut les exploiter à temps avant que les Américains et Européens ne viennent nous apprendre à le faire. « Il ne faut pas aller chercher le paradis ailleurs alors que nous l’avons chez nous».
« Entre le Burundi et la diaspora, il y a une interconnexion »
« Dans notre manière de fonctionner quotidiennement, il faut que les gens comprennent que ce qui se passe dans le pays se passe également dans la diaspora. Et les problèmes qui s’observent au Burundi, on les gère ensemble car, nous avons une certaine interconnexion », a précisé le président de la diaspora burundaise. M. Ndayishimiye a rappelé que beaucoup des Burundais ont des enfants et familles à l’étranger. Ils les envoient de l’argent et autres choses. Le Burundi ne peut être déstabilisé sans que la diaspora ne soit pas dedans. Et il ne pourra pas non plus avancer plus loin dans le développement aussi longtemps que la diaspora n’est pas associée », a-t-il affirmé.
Entrer en contact avec le pays natal
Au cours de la semaine dédiée à la diaspora, qui sera lancée ce 27 juillet 2021, M. Ndayishimiye a informé que pas mal d’activités seront organisées. Il a dit que les membres prévoient amener leur famille ici au Burundi pour constater là où l’on est avec le développement et décider ensemble de ce qu’on pourra faire pour développer notre pays. «Nos familles doivent venir faire le contact direct avec le pays natal », a-t-il précisé. Il a enfin promis que les grandes organisations internationales d’investissement vont collaborer avec les membres de la diaspora pour faire bouger le monde. « C’est ce qu’on appelle la diaspora qui bouge », a-t-il enfin souligné.
Avit Ndayiragije