
Sur 16 collines, du secteur Musigati-Rugazi de la province de Bubanza, qui touche sur le parc national de la Kibira s’organisent des activités de traçage du pare-feu. Ce dernier permettant de délimiter la Kibira et les champs de la communauté riveraine. Ces activités sont exécutées par l’Office burundais pour la protection de l’environnement OBPE en collaboration avec l’association Conservation Communauté de Changement dans le programme « Dukingire ibidukikije, protegeons l’environnement » sous le financement du PNUD. L’administration, les garde-forestiers et la population environnante saluent l’initiative de l’association Conservation Communauté de Changement et le PNUD. C’est un reportage effectué par les journalistes membres de l’association des journalistes environnementalistes du Burundi (AJEB) sur l’initiative de Conservation Communauté de Changement.
Ces activités de traçage du pare-feu permettant de délimiter le Kibira et les champs de la communauté riveraine ont été débutées le 26 novembre 2024 sur les 16 collines du secteur Musigati-Rugazi qui touche sur la Kibira. Elles sont exécutées par l’OBPE et l’association Conservation Communauté de Changement sous le financement du PNUD. Ce sont les membres des associations pour la protection de l’environnement œuvrant dans cette localité qui sont en train de travailler sur ce pare-feu.

Selon Jean Baptiste Barayandema, responsable du secteur Musigati-Rugazi, c’est une bonne initiative de la part de l’OBPE et de Conservation Communauté de Changement de tracer ce pare-feu permettant de délimiter la Kibira et les champs de la communauté riveraine. « Cela permettant de réduire les conflits existants entre les éco-gardes et la population riveraine qui a tendance à dépasser leurs limites. Ça aidera aussi à éviter les feux de brousses qui s’observaient au paravent suite aux feux allumés par les riverains de la Kibira, surtout pendant la saison sèche, qui détruisaient la biodiversité dudit forêt.
Des destructeurs et protecteurs initiés
M. Barayandema explique que pour choisir les personnes qui vont travailler dans ce pare-feu, ils ont initié les deux catégories : celles qui participaient dans les activités de destruction et celles qui aidaient dans la protection de Kibira. C’était pour impliquer ces destructeurs afin qu’ils puissent aussi apprendre le bien fondé de préserver ce patrimoine. Le responsable du secteur espère qu’en les impliquant tous, le suivi sera facile s’ils ont une même vision. « En plus de protéger le Kibira, chaque travailleur de ce pare-feu reçoit une somme de 8000 FBu pour une tache de 20 m sur 3 m. Mais ils se sont convenus que chacun recevra 60% de cette somme et les 40% seront épargnés au sein de leurs associations. Les 40% épargnes permettront aux membres de contracter des petits crédits remboursables en cas de problèmes. Ces activités seront continuelles car l’entretien de ce pare-feu se fera chaque année », souligne-t-il.
Sylvestre Nduwayo de la colline Rusekabuye affirme qu’il vit au cloché de la Kibira mais qu’après avoir obtenu ce travail, il va arrêter toutes les activités anthropiques qui pourront contribuer à la destruction de la Kibira. Pour lui, le salaire qu’ils vont obtenir dans ce travail, va les aider à subvenir aux besoins de leurs familles.
Importance de préserver le parc national de la Kibira
Audace Nijimbere, le représentant du chef de zone Ruce dans la commune Rugazi fait savoir que ces activités de traçage de pare-feu délimitant la Kibira et les champs de la communauté riveraine a une grande importance. Par exemple si la Kibira n’est pas préservée, il peut y avoir des conséquences liées au changement climatique ; soit l’irrégularité ou l’intensité des pluies qui pourrait causer la mauvaise production agricole. Et d’ajouter: « Les arbres et les herbes qui sont dans la Kibira permettent de lutter contre l’érosion dans les champs de de cette localité ».
M. Nijimbere souligne que si la Kibira est bien préservée, on pourra avoir des touristes qui viendront pour y visiter, surtout que la Kibira contient des chimpanzés et d’autres écosystèmes qui pourront les intéresser. Et cela permettra au pays d’encaisser les devises.
Damien Ciza, chef de colline Gatare interpelle la communauté riveraine à préserver et protéger la Kibira pour leur bien car leur survie en dépend. « S’il n’y a pas de pluies, il n’y a pas de production d’où il n’y a pas de vie. Il invite les riverains à redoubler d’efforts pour protéger ce patrimoine commun.
Des menaces ne manquent
La communauté riveraine vive surtout de la vente des bambous. Ils coupent illégalement les bambous qu’ils vendent aux constructeurs des maisons pour avoir de quoi mettre sous la dent. Dorothée Manirakiza habitante de la colline rusekabuye affirme que sa famille survie grâce à la Kibira. « Nous nous introduisons à la Kibira pour couper les bambous et le bois de chauffage afin de les vendre. Un fagot de bois coute 5 000 FBu. Quand on y entre avec mon mari et mon fils, on peut vendre plus de fagot de bois et on encaisse plus de 15 000 FBu ».
Le prénommé Lazar, un autochtone riverain de la Kibira affirme qu’ils ne peuvent pas vivre sans la Kibira car meme leurs grands pères et pères vivaient grace à ce parc. « Nous utilisons les bambous pour la construction et la couverture de nos maisons. Nous sommes pauvres. Nous n’avons pas de travail. Comment peut-on faire pour construire nos maisons sans utiliser le bambou. Nous devons aussi chercher du bois de chauffage pour la cuisson».
Les gardes forestiers plaident pour l’augmentation du personnel
Innocent Girukwishaka, le garde-forestier du secteur 6 à Musigati indique que la surveillance de la Kibira est compliquée car la Kibira fait face au manque du personnel insuffisant. « L’insuffisance du personnel est remarqué à Kibira. Ce dernier s’étend sur une superficie de 15 424 ha. Pourtant seuls les huit garde-forestiers la surveillent quotidiennes. Dernièrement, on a engagé deux autres garde-forestiers qui s’ajoutent aux huit», dit-il.
Les gardes forestiers font face a un manque de moyens de communication pour mieux partager les informations avec les autres gardes forestiers qui se trouvent dans l’autre bout de la forêt.
Les garde-forestiers indiquent qu’ils connaissent un manque de matériels de travail notamment les bottines, les imperméables, les outils de protection, etc.
Eliane Nduwimana