L’inaccessibilité aux soins de santé, la cherté des médicaments, le chômage, le manque de personnels qualifiés et de cabinets médicaux en santé mentale, sont parmi les défis majeurs auxquels les personnes vivant avec les perturbations mentales font face. Cela ressort des témoignages recueillis auprès des malades mentaux actuellement en état de rétablissement.
« Le problème d’accessibilité aux médicaments psychotropes, entraine leur cherté. Les médicaments psychotropes sont très coûteux et quelques médicaments ne sont pas trouvables dans les pharmacies de la mutuelle de la Fonction publique pour les adhérents. L’inaccessibilité aux psychotropes handicape la standardisation du traitement, ce qui est à l’origine des rechutes chez les patients », témoigne Fabrice Ndayirukiye, un malade qui souffre du trouble bipolaire. Il fait savoir qu’il est déjà tombé dans des rechutes plus de vingt fois suite souvent au manque de médicaments. Il affirme qu’il dépense 80 000 FBu par mois pour les médicaments alors qu’il est en chômage. Pour lui, ce n’est pas facile de trouver une telle somme chaque mois. Il plaide pour la gratuité des soins de santé pour les malades mentaux.
Gratuité des soins pour les malades mentaux
Chantal Niyondiko fait savoir qu’au paravant, le ministère de la Solidarité nationale payait les médicaments pour les indigents, mais que depuis le mois de novembre 2020, ce n’est plus le cas. « Certains malades ont rechuté depuis cette période, car la plupart d’entre eux sont des indigents qui n’ont pas de moyens de se procurer ces médicaments. Le manque de soins mentaux entraîne l’arrêt du traitement qui devait être continuel, cela a pour conséquence des rechutes répétitives. Il y a d’autres qui font recours aux chambres de prière »,témoigne Mme Niyondiko. Cette dernière demande également la suspension de la caution exigée pour être admis au Centre neuro-psychiatrique de Kamenge. Selon elle, la prise en charge des malades mentaux devrait être gratuite comme pour d’autres maladies chroniques telles que le Sida, le diabète et l’hypertension.
Le manque de personnes qualifiées est une entrave. Avec quatre psychiatres alors que les statistiques des malades mentaux augmentent continuellement, ce nombre est insuffisant. La balle est dans le camp du gouvernement qui doit augmenter le nombre de psychiatres et infirmiers spécialisés via les bourses d’études.
Toutes les personnes souffrant de troubles mentaux n’ont pas besoin d’être soignés par un centre psychiatrique. Les cabinets de psychologues sont en nombre insuffisant. Mme Niyondiko déplore l’inexistence d’un centre public de ce genre.
Eliane Nduwimana