Les conflits familiaux ont des conséquences profondes sur la réussite des étudiants. Ils impactent non seulement leur bien-être émotionnel, mais aussi leur capacité à se concentrer et exceller dans leurs études. Cela ressort d’un entretien accordé au journal « Le Renouveau du Burundi » par Noël Kwizera, maître chercheur en sciences psychologiques et Ferdinand Nzosaba, professeur à l’université du Burundi, le vendredi 22 août 2025.

M. Nzosaba souligne que les conflits familiaux ont des répercussions négatives sur la réussite des étudiants. La famille est le premier environnement d’éducation et de socialisation de l’enfant, fournissant un soutien affectif, moral et matériel pour un développement harmonieux. Toutefois, lorsque des tensions persistent au sein du foyer, elles perturbent l’équilibre psychologique et social des enfants, en particulier des étudiants, qui ont besoin d’un cadre stable pour réussir académiquement. Ainsi, les conflits familiaux peuvent entraîner des conséquences néfastes sur la réussite scolaire, psychologique et sociale des étudiants.
Il indique que tout d’abord, ces conflits affectent gravement l’équilibre psychologique de l’étudiant. Les disputes fréquentes entre parents ou membres de la famille créent un climat de stress et d’anxiété, perturbant la concentration. L’étudiant peut se sentir rejeté, incompris, ou même responsable des tensions, entraînant une baisse de l’estime de soi et une démotivation croissante. Dans certains cas, cette instabilité émotionnelle peut conduire à la dépression ou l’isolement social. Ensuite, sur le plan académique, les répercussions sont manifestes. Un étudiant vivant dans un environnement familial conflictuel a du mal à se concentrer sur ses études et maintenir un travail régulier. Son rendement peut diminuer, entraînant une dégradation de ses résultats, retards accumulés, voire l’abandon de ses études. De plus, le manque de soutien parental et moral prive l’étudiant de la motivation nécessaire pour surmonter ses difficultés académiques.
Enfin, les conflits familiaux engendrent également des conséquences sociales et matérielles. L’étudiant peut éprouver des difficultés relationnelles, devenant soit renfermé, soit agressif envers ses camarades. Dans certains cas, il cherche à compenser ce manque d’affection par de mauvaises fréquentations, aggravant ainsi son échec scolaire. Par ailleurs, les tensions familiales peuvent s’accompagner de problèmes financiers ou d’instabilité résidentielle, privant l’étudiant des conditions matérielles nécessaires à sa réussite.
Manque de présence aux cours, un des signes
M. Nzosaba souligne qu’un étudiant confronté à des conflits familiaux peut présenter plusieurs signes visibles qui témoignent de son état de détresse. Parmi ces manifestations, on observe souvent une baisse significative de la concentration et du rendement scolaire. L’étudiant peut également faire preuve d’absentéisme, évitant de se rendre en cours et manquant des occasions cruciales d’apprentissage. Ce manque de présence est souvent accompagné d’une diminution de motivation, rendant l’étudiante indifférente étude et à ses responsabilités académiques.
Il ajoute que sur le plan social, l’étudiant peut se retrouver dans un état d’isolement, trouvant difficile de nouer ou maintenir des relations avec ses camarades. Ce retrait social peut accroître les difficultés relationnelles, le rendant plus vulnérable aux interactions négatives. Emotionnellement, les conséquences peuvent être tout aussi préoccupantes. L’étudiant peut manifester de l’anxiété, une tristesse persistante, de l’irritabilité, ainsi que des sautes d’humeur fréquentes, illustrant une instabilité émotionnelle qui complique davantage son quotidien. De plus, ces tensions familiales ne se limitent pas uniquement à des manifestations émotionnelles. Elles peuvent également se traduire par des troubles physiques tels que la fatigue excessive et des maux de tête, qui sont des symptômes courants de stress prolongé. Dans certains cas, la situation peut même pousser l’étudiant à adopter des comportements à risque, cherchant des moyens d’échapper à la pression et aux conflits qui l’entourent.
Prendre soin de soi
M. Nzosaba souligne qu’il est crucial, même en période de conflits familiaux, pour un étudiant de garder à l’esprit que ses études représentent son avenir et sa force. Il ne doit pas permettre que les tensions familiales l’éloignent de ses objectifs académiques. Il est essentiel de trouver un environnement calme où il peut se concentrer sur ses travaux scolaires, tout en organisant son temps de manière efficace et en avançant étape par étape. Si la pression devient trop intense, il est recommandé de parler à une personne de confiance, un ami, d’un enseignant ou un conseiller. Prendre soin de soi est tout aussi important : gérer le stress à travers des activités comme le sport, la lecture ou la méditation peut être bénéfique. Il souligne également qu’il est crucial d’éviter les mauvaises habitudes qui peuvent nuire sa santé et son bien-être. « Il est important de se rappeler que les difficultés familiales ne sont que temporaires. En revanche, les résultats scolaires et les efforts fournis ouvriront la voie à une indépendance future et à une vie meilleure. Chaque étudiant a en lui la capacité de réussir, malgré les obstacles rencontrés », ajoute-t-il.
Noel Kwizera indique que les différents types de conflits familiaux impactent la réussite des étudiants. En effet, des tensions au sein de la famille peuvent donner lieu à des situations difficiles, comme la séparation des parents, ce qui impacte profondément le bien-être émotionnel des enfants. Ces bouleversements peuvent générer un sentiment d’insécurité et de tristesse, rendant les étudiants plus vulnérables. De plus, les rivalités entre frères et sœurs peuvent engendrer des sentiments de jalousie et de compétition, créant un environnement familial tendu qui nuit à l’harmonie. Cette atmosphère conflictuelle peut affecter la capacité des étudiants à se concentrer sur leurs études.
Par ailleurs, les attentes élevées placées sur les enfants peuvent générer une pression énorme. Cette exigence de réussir tant sur le plan académique que social peut entraîner un stress considérable, réduisant la motivation et la capacité de concentration des étudiants. Les conflits liés aux valeurs et croyances familiales ajoutent une dimension supplémentaire, en particulier lorsque les jeunes tentent de forger leur propre identité tout en naviguant dans les attentes de leur famille.
M. Kwizera souligne que le stress émotionnel a un impact significatif sur la concentration des étudiants. Lorsqu’un étudiant est confronté aux conflits familiaux, ce stress peut perturber sa capacité à se concentrer sur ses études. Il se manifeste souvent par des pensées envahissantes, préoccupations constantes et une incapacité à se focaliser sur les tâches académiques. De plus, les effets du stress ne se limitent pas uniquement à la concentration. Ils peuvent également entraîner une diminution notable de la performance académique.
Une communication ouverte et honnête
M. Kwizera souligne qu’il est essentiel de mettre en avant les stratégies que les étudiants peuvent adopter pour gérer le stress lié aux conflits familiaux. Parmi ces solutions, il est conseillé de communiquer avec des psychologues scolaires, lorsqu’ils sont disponibles, afin d’obtenir un soutien professionnel adapté à leurs besoins spécifiques techniques pour mieux gérer le stress émotionnel. Aussi, chercher un enseignant de confiance peut également s’avérer bénéfique.
De plus l’activité physique joue un rôle crucial dans la gestion du stress. S’engager dans des exercices réguliers ou pratiquer un sport peut aider à libérer les tensions accumulées et améliorer l’humeur.
Il est crucial de fournir des conseils aux parents pour réduire l’impact des conflits familiaux sur leurs enfants. Tout d’abord, il est essentiel que les parents établissent une communication ouverte et honnête avec leurs enfants. Cette transparence crée un climat de confiance et aide à atténuer les inquiétudes des enfants face aux tensions familiales. De plus, il est important de maintenir une relation aussi stable que possible, même en période de conflit. Les parents doivent veiller à ce que leurs enfants se sentent en sécurité et soutenus, malgré les disputes.
Ange Isaline Duhezagire