Les violences sexuelles basées sur le genre constituent un fléau pour l’humanité. L’Association des femmes journalistes (AFJO) qui a pour mission de promouvoir et de défendre les droits des femmes en général et des femmes journalistes en particulier par des actions de communication, a mis un focus sur le harcèlement sexuel en milieu professionnel. Ce phénomène figure parmi les défis à la participation des femmes dans les médias, identifiés dans la Charte des médias sensibles au genre et aux jeunes. Cela ressort de la présentation de la présidente de l’Association des femmes journalistes lors de l’atelier organisé par la CNIDH dans la province de Gitega, du 13 au 14 juillet 2023.
D’après la présidente de l’AFJO, Francine Ndihokubwayo, le harcèlement sexuel reste un sujet tabou. Les témoignages sont rares et timides.
Les comportements pouvant constituer le harcèlement sexuel sont notamment, fixer quelqu’un du regard de façon inappropriée, raconter des blagues à caractère sexuel, provoquer des contacts physiques injustifiés; incluant des attouchements non désirés; propager des rumeurs de nature sexuelle (y compris en ligne); menacer de congédier ou de réprimander une personne si elle refuse des avances sexuelles etc.
Plus de 57% des personnes enquêtées ont eu des avances sexuelles
La présentation a montré que, d’après l’enquête de l’AFJO auprès des journalistes en novembre 2022, environ 57,2% des enquêtés ont eu ou ont un ami qui a eu des avances sexuelles, 17,5%, ont eu des avances sexuelles et 39,7% ont un ou une collègue qui a reçu des avances sexuelles. En ce qui concerne les comportements traduisant un harcèlement sexuel, cette enquête a relevé des cas d’exigence des caresses, des rencontres et des faveurs sexuelles (selon 52,4% des enquêtés), les menaces de chasser ou de réprimander une personne si elle refuse les avances sexuelles (pour 42,9%) et les contacts physiques ou attouchements corporels (pour 41,3%); l’envoi sur téléphone ou email des messages qui contiennent des images sexuelles non sollicitées (pour 50%); cadeaux tendancieux (pour 27,8%) et fixation du regard aux parties intimes (21,4%),etc.
Mme Ndihokubwayo a mentionné que les conséquences sont l’abandon du travail, le dégoût du métier, le relâchement dans le traitement de certains sujets, la peur de rencontrer certaines sources d’information, etc. Elle soutient qu’il faut sensibiliser l’opinion en général et les journalistes en particulier sur le harcèlement sexuel et ses conséquences sur les travailleurs et le travail. Il faut aussi plaider pour le respect des lois qui existent en matière de violences basées sur le genre et pour l’amélioration de celles qui présentent des lacunes.
Gratiella Irakoze