Depuis un certains temps, des prêcheurs religieux enseignent la parole de Dieu, surtout en mairie de Bujumbura dans les marchés, les lieux publics, dans les parkings et même dans les bus de transports en commun. D’après le recensement national de 2008 (le plus récent), 62 % des habitants sont catholiques, 21,6 % protestants et 2,3 % adventistes. Pour le reste de la population, 6,1 % n’ont pas d’affiliation religieuse, 3,7 % appartiennent à des groupes religieux autochtones et 2,5 % s’identifient comme musulmans. Cela pour dire qu’un grand pourcentage de Burundais va à l’église chaque semaine pour partager et méditer sur les saintes écritures. Ces prêcheurs religieux sont-t-ils alors à la recherche des âmes de ces 6,1% qui n’ont pas d’affiliation religieuse ?
Ce lundi 1er avril 2024, au petit marché de Gikungu, en zone Gihosha de la commune urbaine de Ntahangwa, au milieu des stands, sous un rythme de chansons gospels et battement du tambour, ceux qui y travaillent ont passé pas moins de 6 heures autour d’un serviteur de Dieu. C’était exactement, le lendemain de la célébration de la fête de Pâques, et la commémoration de la semaine sainte, que ce« serviteur de Dieu » est venu prier pour les préoccupations et les fardeaux de ceux qui l’ont écouté. Selon des témoignages récoltés sur place, d’autres prêcheurs religieux fréquentent souvent ce lieu. « Il y a même ceux qui demandent des offrandes après les prières», témoignent une commerçante des légumes.
Des prédicateurs ambulants, s’observent beaucoup plus dans plusieurs autres coins et recoins de la municipalité de Bujumbura et dans certains chefs-lieux des provinces. Ce qui est inquiétant, ces soient disants « envoyés de Dieu » se multiplient du jour au lendemain.
Une vocation divine ?
Peut-être oui. Toutefois, des questions sans réponses demeurent. Ces prêcheurs religieux sont-t-ils légaux ? Ont-t-ils vraiment les connaissances requises pour pouvoir expliquer aux gens les saintes écritures ? Pour quelles fins ces prédicateurs s’activent ?
C’est vrai, la Constitution du Burundi, en son article 31, garantit la liberté d’expression. Cet article stipule également que l’Etat respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion. Toutefois, la sainte Bible prône qu’il y ait de l’ordre dans toute chose. Il y a quelques jours, une vidéo a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Son auteur disait que les Africains, bref l’Homme noir, aiment danser au moment où les autres s’attèlent aux travaux visant à booster l’économie. Prier n’est pas mauvais, mais prier sans travailler est un péché car, même les Saintes écritures disent que quiconque ne travaille, qu’il ne mange pas non plus. L’ecclésiaste insiste que chaque chose à son temps : le temps de prier et le temps de travailler. Dieu lui-même, lors de la création, a travaillé pendant six jours et s’est reposé un seul jour. La distraction pendant les heures de travail ne permettra pas d’atteindre la vision du Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060.
Moïse Nkurunziza